En finir avec les contes de fées sur Erasmus
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Chloé ThibauxD'après le dernier rapport de la Commission européenne, Erasmus aurait une grande influence sur la vie des jeunes européens. Le programme protègerait du chômage, de la solitude et de la pauvreté. Vérité ou stratégie de communication ? Peut-on réussir sa vie si l'on n'a jamais bénéficié d'un programme d'échange ? Nous avons demandé à de jeunes européens s'ils croyaient toujours aux contes de fées.
David n'a pas de travail, parce qu'il n'est pas parti en échange Erasmus.
Cela fait quatre ans que David est à la recherche d'un travail. Sans succès. Au départ, il ne comprenait pas l'origine de son échec. Pourtant, la réponse est simple : David n'a jamais participé à un programme d'échange comme Erasmus, alors que, comme le montre le rapport de la Commission européenne, c'est la première chose que regardent les employeurs lorsqu'ils examinent une candidature. Toujours d'après le document, une expérience comme Erasmus permettrait à un jeune d'acquérir les six traits de caractère determinants à l'embauche : la tolérance, la curiosité, la confiance en soi, la gestion du stress, la capacité de décision et l'aptitude à résoudre des problèmes.
« L'échange Erasmus est "la première chose qu'ils regardent" ?! Je trouve ça un peu exagéré... Qu'est-ce qu'ils font de l'expérience personnelle ? Beaucoup d'étudiants diplômés oublient que la vie professionnelle commence quand on s'investit en travaillant bénévolement afin d'acquérir des savoir-faires et des compétences au cours de nos études, augmentant ainsi nos chances lorsque l'on se trouve en compétition avec d'autres candidats. De plus, la liste des qualités recherchées est propre à chaque employeur : que font-ils de qualités plus communes comme la fiabilité, l'efficacité, la capacité à s'adapter, à apprendre rapidement etc ? », pense Mana, en Belgique.
Sheila n'a pas de copain, mais elle en aurait un si elle avait fait Erasmus
Sheila vit dans la solitude et pleure à chaudes larmes tous les soirs parce qu'elle n'a pas de petit copain. Pire, elle n'a pas de petit copain originaire d'un pays étranger. Comme nous le savons tous, une fille célibataire ne peut pas être heureuse, et si ce petit copain inexistant n'est en plus pas un étranger, c'est d'autant plus triste. Cependant, elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même, puisqu'elle en aurait un si elle avait participé au programme Erasmus. Comme le montre l'étude, si vous êtes Européen, vous ne pouvez avoir une vie amoureuse épanouie que si vous avez bénéficié du programme Erasmus. De plus, on doit à ce programme d'échange la naissance d'une ribambelle de bébés qui n'auraient pas vu le jour sans son aide...
Chloé, en France, éructe : « Je suppose que Sheila n'a pas besoin de chercher un boulot, ou un appartement. Si elle a assez de temps pour se soucier de problèmes pareils, tant mieux pour elle. Mais il est évident qu'elle est déconnectée de la réalité. Considérer son copain comme un attribut social, une "preuve" de son ouverture d'esprit, c'est n'importe quoi. Je me demande si le programme Erasmus aurait amélioré sa vie ... »
Petra n'aurait jamais imaginé vivre à l'étranger si elle n'était pas partie dans le cadre du programme Erasmus
Avant de partir en Erasmus, Petra n'avait jamais considéré le fait de s'établir à l'étranger. Elle n'avait d'ailleurs jamais réalisé qu'on pouvait vivre en dehors de son pays d'origine. Avoir des amis dans des pays différents était pour elle aussi inimaginable que l'idée de Pamela Anderson au naturel. Seul le programme Erasmus peut vous éclairer dans ce domaine.
« Je n'ai pas lu l'étude en entier, avoue Caroline de Suède. Mais pour réagir à l'interprétation que vous en faites, je dirais qu'à mon avis quelqu'un qui ne voyage pas à l'étranger autrement, devrait le faire dans le cadre du programme Erasmus étant donné que c'est une manière relativement sûre de s'aventurer dans un autre pays. Mais évidemment, je pense qu'il est exagéré de dire que sans Erasmus il ne serait pas venu à l'esprit de quelqu'un qu'il est possible de vivre à l'étranger. Les gens voyagent à l'étranger pour des raisons professionnelles depuis longtemps. Je veux dire que des millions d'Européens ont émigré aux États-Unis il y a 150 ans - sans bourses ! Et les gens se sont déplacés au sein de pays européens depuis bien plus longtemps encore. » Elle poursuit : « Cela dit, je crois que le programme Erasmus permet de sauter le pas plus facilement, et quelqu'un qui autrement n'aurait peut-être pas osé postuler à un poste à l'étranger, pourrait quand même être prêt à partir quelques mois en Erasmus avec le confort que cela suppose : pas de préoccupations administratives, une charge de travail habituellement peu importante et des tas d'amis, venant parfois du même pays, participant aux mêmes événements organisés etc. Je ne suis jamais partie avec le programme Erasmus, donc j'imagine que les étudiants qui le font sont plutôt gâtés. Ils n'ont pas à gérer les problèmes que l'on rencontre habituellement lorsque l'on part à l'étranger, ils n'ont qu'à aller faire la fête sans se soucier de rien. Mais peut être que c'est un mythe aussi, ou que je suis simplement jalouse. »
Pour aller plus loin : le rapport de la Commission européenne (en anglais).
Translated from Does Erasmus really mean happily ever after?