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élections européennes : de quoi avons-nous peur ?

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Camille Spriet

ViennePolitiqueDossier spécial Européennes

L’idée d’une Europe unifiée a toujours été critiquée, et ce depuis le début du projet européen. Dans le contexte de crise actuel, elle attise désormais l’euroscepticisme. Les élections à venir sont cruciales pour le futur de l’UE puisque, cette fois-ci, c’est sa légitimité qui est en jeu. 

Le chômage, la frustration causée par une situation économique tendue et le sentiment d'avoir à payer pour le comportement des autres, voici en gros les éléements qui nourrissent l'euroscepticisme actuel. Etroitement liée à la crise financière, c’est aussi une crise de légitimité que l'UE est en train de traverser. Mais comment aborder le problème du déficit démocratique ?

Le traité de Lisbonne a tenté de résoudre ce problème en renforçant les pouvoirs du Parlement européen (PE), étant entendu qu'elle demeure la seule institution pour laquelle les citoyens votent. Le Parlement a désormais plus de poids dans le processus législatif et l'élection du président de la Commission. Les prochaines élections ont lieu en mai 2014 mais la campagne d'information a déjà commencé.

L’information  : une clef pour la démocratie

Beaucoup sont les citoyens qui pensent que leur voix n’aura aucun impact sur ce qui se passe à Bruxelles. Les prochaines élections européennes sont un défi pour la légitimité de l'UE, puisqu’un très faible niveau de participation est prévu, ce auquel s’ajoute un pourcentage élevé de votes pour les partis eurosceptiques.

« Le faible niveau de participation des électeurs est principalementla cause d'un manque d'information sur les activités et le rôle du Parlement européen », explique Othmar Karas, vice-président du PE. Selon lui, l'augmentation de l'information est cruciale pour l'avenir de l'Union européenne.

« Partis et candidats au niveau national doivent être convaincus qu’il est important d’informer les citoyens et de les aider à comprendre autant les politiques européennes que nationales, et surtout il ne faut pas se monter les uns contre les autres. On parle beaucoup plus des erreurs de l’UE, mais pas assez souvent de la responsabilité de chaque Etat », rappelle Karas.

Les politiques de l'UE servent souvent de boucs émissaires au profit (calculé) des politiciens nationaux. Informer sur l’UE, ce n’est pas seulement expliquer les institutions – que les citoyens ont du mal à comprendre - mais c’est aussi s’investir dans chacune des régions de l’UE.

Une organisation décentralisée : le secret de la nouvelle stratégie de communication

« Agir. Réagir. Accomplir. » ,voilà le nouveau slogan de la campagne d'information pour les élections à venir. La vidéo, lancée mi-septembre, a déjà été vu plus de 8 millions de fois selon Lieven Cosijn, attaché de presse du bureau d'information du Parlement belge de l'UE. « La vidéo est conçue pour capter l’émotion des gens. C’est également censé être un peu controversé pour les titiller et les amener à s'intéresser au Parlement européen. »

C’est en jouant avec des situations du quotidien des européens, que la vidéo veut montrer que les citoyens ont le choix et que le Parlement est conscient de leurs besoins.

Finalement, ce qu'il y a d'innovant dans cette campagne de comm', c'est son organisation : « décentralisée ». Autrement dit, ce sont désormais les bureaux d’informations, dans les différents Etats membres, qui créent leurs propres campagnes. « L’opinion publique européenne n'existe pas ! C'est une illusion. Les circonstances dans chaque pays sont différentes », rappelle Cosijn. Comprendre : les campagnes d’informations doivent être menées tout en prenant en compte les spécificités nationales. 

« On doit éviter de parler politique »

Un autre élément important de la campagne électorale cette annéé est la forte implication de la société civile dans la campagne d'information. « Avec l'aide des différentes associations on peut réellement arriver à quelque chose », rappelle Cosijn. Les gens qui ne font pas partie d'associations, qui n'utilisent pas les réseaux sociaux ou qui ne lisent pas les journaux ont peu de chance de recevoir directement des informations sur le Parlement européen.

Pour attirer le maximum de personnes, les bureaux de Bruxelles veulent utiliser des moyens ludiques pour informer les gens. « On doit éviter de parler de politique. On ne doit vraiment pas s’attacher à les informer sur les processus décisionnelles ou institutions, ça n’intéresse personne », continue Cosijn. Un témoignage, un jeu de rôle, ou une simulation de la prise de décision sont des moyens beaucoup plus efficaces.

A quand le nouveau Lisbonne ?

Avec le traité de Lisbonne, le Parlement européen a obtenu plus de pouvoirs - en coopération avec la Commission, dans la préparation des politiques. La devise « Cette fois, c'est différent » décrit bien cette ère de changements.

Mais est-ce vraiment différent ? Difficile d'affirmer que l'adoption du texte a résolu le problème du déficit démocratique. « L'Europe doit travailler de manière plus démocratique. Une transformation radicale des institutions est nécessaire », explique Niccolo Milanese, co-président de European Alternatives, une organisation qui a pour slogan « La démocratie, l'égalité et la culture au-delà de l'Etat-nation ».

De la même manière, Karas pense qu’il est nécessaire de modifier les institutions de l'UE : « Il doit y avoir un nouveau Lisbonne. Nous devons encore travailler sur une politique étrangère commune et une politique budgétaire commune. Nous avons besoin d'un couvent sur ​​l'avenir de l'Europe avec un vaste débat public auquel tous les citoyens européens participeraient ». 

Translated from May 2014 = More Democracy for Europe?