Élections au Royaume-Uni : sacrée soirée
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Elodie RedLes Conservateurs ont remporté une large majortié avec 331 sièges au parlement britannique et 37% de votes. Le Parti travailliste a lui essuyé une lourde défaite avec seulement 232 sièges et 30,4% des votes. Quant au SNP, il a pris la place des Libéraux-démocrates dans le top 3, en gagnant 56 des 59 sièges en Écosse. Chronique d'une élection qui va tout changer.
Les Libéraux-démocrates, qui étaient en coalition avec les Conservateurs depuis 5 ans, ont connu de lourdes pertes face au parti travailliste et leurs anciens alliés. Après avoir perdu 49 sièges, il ne leur en reste que 8.
Une défaite et un chapeau
Leurs erreurs, notamment la suggestion d'une hausse des droits d'inscription à l'université, ont amené à la diminution de leur base de soutien et « la plus grosse défaite depuis la création du parti », selon le leader du parti et le vice premier-ministre de la coalition, Nick Clegg. Un autre figure des LibDem, Vince Cable, est apparu découragé lors d'un discours après avoir perdu son propre siège. Simon Hughes, Lynne Featherstone, Danny Alexander et l'ancien leader des LibDem Charles Kennedy ont tous perdu leur siège.
Clegg a réussi à conserver le sien de peu grâce à quelques milliers de votes, alors que des rumeurs disaient au cours de la soirée qu'il le perdrait. Mais l'impact des résultats désastreux de son parti s'entendait clairement dans son discours de victoire, qui mêlait joie et amertume. Nick Clegg a rendu son costume de leader ce matin, mais il n'a pas été le seul. Quant à la défaite des LibDem, ce n'était pas la chose la plus choquante de la soirée.
Le premier choc est venu des sondages à la sortie des urnes. Les sondages d'opinion donnaient le Parti travailliste et les Conservateurs à quelques points les uns des autres. À la sortie des urnes pourtant, les chiffres donnaient les Conservateurs gagnants avec beaucoup plus de siège que prévu et proches de la majorité, alors que le parti travailliste perdait 19 sièges. On prédisait aux LibDems la perte de 47 sièges, ce qui avait amené le stratège Paddy Ashdown à affirmer qu'il mangerait son chapeau en direct si les prédictions s'avéraient vraies. Un geste qu'il a regretté lorsque le présentateur de la BBC Andrew Neil lui a tendu un chapeau en direct de l'émission.
Les Rois d'Écosse
Le SNP (Parti national écossais, ndlr) a été la source du deuxième choc de la soirée, non pas parce que leur succès était inattendu, mais parce que leurs résulats sont grandioses. Après que 45% des Écossais a voté en faveur de l'indépendance en septembre dernier, les adhésions au parti avaient bondi. Ce nouveau soutien a permis au parti de détruire l'opposition, surtout travailliste, avec une marge de 35%. Avec 56 sièges à leur actif, ils n'étaient qu'à 3 sièges d'obtenir la totalité de ceux disponibles en Écosse. L'un de leurs candidats, Mhairi Black, une étudiante de 20 ans, a battu le chef de campagne du parti travailliste, Douglas Alexander, devenant ainsi la plus jeune membre du parlement en 300 ans.
Au fur et à mesure que la nuit avançait, les derniers sondages se sont avérés de plus en plus exacts. Les premiers résultats ont ainsi montré que le parti travailliste n'était pas en aussi bonne posture qu'on le pensait dans les circonscriptions clés. La déception suintait du discours prononcé par le leader travailliste, Ed Miliband, à Doncaster, où il a conservé le siège qu'il avait gagné en 2005. Personne ne pouvait y croire au sein du parti, dont on pensait qu'il avait mené une bonne campagne et avait de bonnes chances de former un gouvernement. Des grands pontes du cabinet fantôme ont perdu leur siège, dont Douglas Alexander, le chef de campagne du parti et Ed Balls, le Chancelier de l'échiquier du cabinet fantôme.
Les commentateurs se sont demandés ce qui avait bien pu se passer le jour du scrutin, tant les sondages se sont plantés. Selon les sondeurs d'IPSOS MORI, les électeurs auraient changé d'avis à la dernière minute attirés par la soit disant sécurité qu'offraient les Conservateurs, face à la « menace » du SNP (en coallition avec les travaillistes) et au manque de crédibilité d'Ed Miliband, ce malgré les lourds efforts déployés pendant la campagne pour améliorer son image.
Plus tard dans la nuit, alors que l'extraordinaire succès des Conservateurs, bien au-delà de ce que les sondages à la sortie des urnes pouvaient laisser prédire, a étonné tout le monde, provoquant la jubilation dans les rangs des Tories. David Cameron en particulier est ressorti grand vainqueur de ces élections, en arrachant, contre toute attente, une nette majorité pour son parti. La ténacité dont on fait preuve les Conservateurs dans tout le pays leur ont permis d'ajouter des sièges par rapport au suffrage de 2010. À un moment, certains pensaient que les Tories devraient mener un gouvernement minoritaire. Cameron serait ainsi devenu le seul leader Conservateur à perdre une élection, cette victoire est donc aussi une énorme victoire personnelle pour lui. Il doit maintenant faire face aux problèmes que poseront les autres députés, dont ses rivaux potentiels, Boris Johnson (actuel maire de Londres, ndlr) et Theresa May.
Suite à la défaite de son partie, Ed Miliband a ensuite renoncé à la tête du parti, expliquant qu'il était « vraiment désolé de ne pas avoir réussi ». Au final, le manque de soutien dans de grandes régions d'Angleterre, qui a été perdue au profit des conservateurs malgré quelques succès à Londres et les pertes en Écosse, amèneront à l'élection d'un nouveau leader pour remplacer Miliband. La direction que prendra ce nouveau leader aura de lourdes conséquences pour le parti.
Vers un Royaume désuni ?
Ailleurs, Nigel Farage a lui aussi dû démissionner de son poste de leader d'UKIP après avoir promis de le faire s'il ne gagnait pas à South Thanet (circonscription britannique, ndlr), ce qui est arrivé. UKIP a eu de bons résultats en termes de votes, avec 13% des suffrages dans le pays, il arrive en 2e position dans de nombreuses circonscriptions, mais ses résultats en termes de sièges sont lamentables avec seulement 1 remporté. Une réforme électorale pourrait bien être envisagée à la suite de ces élections générales tant l'attribution des sièges est parfois incohérente. UKIP a remporté 4 millions de votes pour un seul siège, alors que le SNP a réuni la moitié de ces votes mais remporté 56 sièges.
Le succès du SNP amène de nombreuses questions quant à ce qu'ils vont faire de leur nouvelle influence. Il sera intéressant de voir comment les Conservateurs, avec leur majorité, gèreront la situation, mais David Cameron a déjà annoncé qu'il ferait du gouvernement écossais « le plus puissant des gouvernements décentralisés ». Nicola Sturgeon, la chef du SNP, a répété à maintes reprises qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour garder les Conservateurs hors du gouvernement. Bien qu'elle ait confié attendre des politiques plus progressistes de la part de Westminster, l'élan de soutien pour le SNP pourrait relancer le débat sur l'indépendance.
David Davis a évoqué au petit matin que des changements au niveau de la structure seraient importants pour qu'un accord puisse avoir lieu entre les Tories et le SNP. De son côté, le maire de Londres, Boris Johnson, qui a réussi à obtenir son siège au parlement, a parlé d'un mouvement vers « une structure fédérale ».
Le grand perdant est donc le Parti travailliste, suivi des Libéraux-démocrates. Le SNP a lui sans doute été le grand gagnant, puisqu'il a remporté presque tous les sièges de l'Écosse avec la moitié des votes en sa faveur. Les Conservateurs eux ont été les gagnants surprises, en remportant la majorité pour la première fois depuis 1992. Un choc que seul les informations taïwanaises peuvent retranscrire :
Élections au Royaume-Uni en 2015 : les Conservateurs remportent la majorité à Westminster, Cameron retrouve son mojo - TomoNews
Translated from UK Elections: Drama plays out as Tories win majority