Elections au coude à coude en Finlande
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florence cartignyLes conservateurs pourraient-ils reprendre le pouvoir à Helsinski, lorsque les électeurs choisiront leurs députés le 18 mars ? Certains affirment que rien ne va changer.
Olli Kivinen est un journaliste finlandais, chroniqueur pour le quotidien Helsingin Sanomat. Selon lui, la coalition de centre-gauche actuellement au pouvoir, composée du Parti du Centre, des sociaux-démocrates et du Parti Populaire Suédois, devrait remporter à nouveau la majorité des 200 sièges que compte l’Eduskunta [le Parlement finlandais]. Un sondage réalisé par Gallup et publié dans le Helsingin Sanomat confirme cette intuition : 43% des électeurs soutiendraient la coalition gouvernementale actuelle tandis que 24% affichent leur préférence pour le parti centre-conservateur et 16% sont favorables à l'équipe formée par conservateurs et sociaux démocrates. Avec de telles prévisions, Matti Vanhanen, le Premier ministre depuis 2003, pourrait bien conserver son rôle de chef du gouvernement.
Les indicateurs de développement affichent affichent une santé insolente de la Finlande : économie compétitive ou excellent système d’éducation. D’après la Carte mondiale du bonheur, le pays serait même la sixième nation la plus heureuse du monde. Les électeurs finlandais n’ont-ils aucun problème ?
Même si le chômage est en diminution depuis la chute de la tutelle communiste au début des années 1990, un peu moins de 10% de la population n’a toujours pas d’emploi. La technologie a ainsi remplacé la main d’œuvre dans de nombreux secteurs traditionnels, dans l’abattage du bois ou la fabrication de papier par exemple. Certaines entreprises situées de l’Est au Nord du pays ont des difficultés à recruter des employés dans leur région, désertées par ses habitants qui partent trouver du travail sur la côte de la Baltique : on pourrait presque affirmer que ce sont les loups et les ours qui sont en train de reconquérir ces zones.
Le rôle de la mondialisation a particulièrement pesé sur le regroupement des entreprises de télécommunications dans le monde. La plupart des composants de ‘Nokia’ sont désormais fabriqués en Asie, en Amérique Latine, aux Etats-Unis, la main d’oeuvre finlandaise s’avérant trop coûteuse.
En matière monétaire, l’euro [la Finlande étant le seul pays d’Europe du Nord à avoir adopté la monnaie européenne] a permis la stabilisation de l’économie. La grande majorité des Finlandais semblent satisfaits : pour la première fois de leur histoire, les classes moyennes ont de l’argent à dépenser, possèdent une maison, parfois une résidence secondaire et une voiture.
La Finlande a occupé la tête de la Présidence tournante de l’Union durant la seconde moitié de l’année 2006. Le pays a beaucoup été critiqué pour son inaction durant cette période, en comparaison avec le travail réalisé durant son premier mandat en 1999. Est-ce que le débat sur l’UE anime les débats la campagne ?
La question européenne est peu présente dans la campagne sur les élections parlementaires. Cette situation est dûe en grande partie au caractère des Finlandais. Ceux-ci ont laissé derrière eux beaucoup de problèmes lorsqu’ils ont décidé de devenir membres de l’UE. Le thème n’est donc plus vraiment abordé dans les discussions quotidiennes. En outre, la Finlande ne connait pas de partis organisés de manière à lutter contre l’UE. Il y a certes quelques des intellectuels contestatires et une petite formation franchement opposée à l’UE, le Parti Populiste. Mais toutes les autres coalitions connaissent un net consensus concernant la question européenne.
Toutefois, malgré le fait que l’euro est largement soutenu ici, nous restons tout de même l’un des pays les plus critiques à l’égard de l’Union européenne. Les habitants ne soutiennent pas ouvertement l’UE et certains vont critiquer certains problèmes comme la bureaucratie ou la technocratie bruxelloise. Ici, nous arrivons à tout gérer facilement et à conclure des accord au téléphone, sans processus bureaucratique compliqué. Le contraste avec la prise de décision au niveau communautaire irrite donc pronfondèment les Finlandais.
La participation moyenne des Finlandais lors des élections parlementaires avoisine en général les 70%. Peut-on dire que les 5,2 millions de Finlandais sont les citoyens les plus actifs en Europe ?
Voter est considéré comme un devoir et fait partie de l’éducation distillée à la maison comme à l’école. Cela reflète d’ailleurs l’aspect profondément consensuel de la société finlandaise. Si nous n’avons pas de disputes internes majeures, cette culture du consensus rend les campagnes électorales généralement particulièrement ennuyeuses. Aujourd’hui, nous assistons à un véritable divertissement. L’opposition conservatrice cherche à avoir « un dialogue sympathique » avec les partis du centre-gauche, actuellement au gouvernement. Toutefois les citoyens pourraient en Finlande voter pour n’importe quel parti politique sans qu’il y ait de différence considérable dans les faits.
La seule coalition qui présente un programme un peu différent s’appelle ‘Les Vrais Finlandais’ [Perussuomalaiset], un petit parti populiste qui rassemble environ 2% des électeurs. Le reste de la classe politique finlandaise, si l’on prend en compte la traditionnelle division droite-gauche, se concentre au centre. Mais la majorité des sujets qui agitent les habitants sont consensuels au sein des partis.
Translated from Finns vote in an almost neck and neck tie