Droits de l’Homme : des mots aux faits
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fabienne moszynskiL’UE peut bien se présenter comme la première défenderesse des Droits de l’Homme, Human Rights Watch ne partage guère cet avis. Il faut transposer le discours dans les politiques menées au quotidien par l’Europe.
L’Union européenne est « fondée sur les principes de la liberté, de la démocratie, du respect des Droits de l'Homme et des libertés fondamentales, ainsi que de l'État de droit, principes qui sont communs aux États membres ». De plus, pour devenir membre de l’Union européenne, un Etat doit non seulement signer la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), mais également montrer qu’il adhère aux valeurs qu’elle véhicule. Cependant, l’organisation américaine de défense des ces Droits, Human Rights Watch (HRW), montre, dans son rapport annuel présenté la semaine dernière, qu’il y a une différence entre la théorie et la pratique quant-à leur respect. Elle ajoute que bon nombre de pays feraient bien de reconnaître cet écart. D’après ce bilan, tant la politique d’immigration de l’Union européenne que sa législation anti-terroriste sont critiquables.
L’avenir des grands discours
Ce rapport n’est pas le seul à critiquer le non-respect des Droits de l’Homme : au cours de ces dernières années, pléthore d’éminents avocats, d’universitaires et d’Organisations Non Gouvernementales ont attaqué les gouvernements européens à ce sujet. Au cours de ces trois dernières années, les Etats ont eu, grâce au climat de peur qui règne depuis les attentats du 11 septembre 2001, carte blanche pour déroger aux libertés et aux valeurs démocratiques les plus fondamentales. La détention indéterminée de ressortissants étrangers soupçonnés de terrorisme en Grande-Bretagne et l’isolement cellulaire pratiqué en Espagne ne sont que deux exemples flagrants de violation des Droits de l’Homme. Ce ne sont malheureusement pas les seuls. Ne parlons pas ici de la « guerre contre la terreur ». Certains Etats ont répondu de façon réactionnaire à l’immigration, invariablement influencés par les médias populaires. Nous avons vu, pour ne citer que ces deux cas, l’Italie expulser des immigrants libyens sans même considérer de façon adéquate leurs requêtes et les Pays-Bas restreindre de façon démesurée leur lois sur l’immigration. Les chefs d’Etats doivent se rendre compte que lorsqu’ils jouent la carte de la politique en matière de Droits et de démocratie, leurs actions pèsent plus que les mots. À force, ils risqueraient de donner l’impression que les grands discours sont vains.
Il reste à espérer que le fait d’inclure la Charte des Droits Fondamentaux dans la Constitution Européenne (si celle-ci est adoptée) introduira une « culture » des droits humains palpable dans toute l’Union européenne. Ceci semble cependant de plus en plus improbable. Depuis son adoption à Nice, la Charte des droits fondamentaux n’a pas reçu de statut légal précis et si l’on considère qu’elle se verra opposer des réserve et des dérogations, on peut craindre que les normes du respect des Droits de l’Homme s’étiolent avec le temps. Nous devons garantir que ces Droits ne sont ni une illusion politique, ni seulement l’affaire de l’élite intellectuelle gauchisante. Si les objectifs de l’Union européenne, proposés par les organismes européens adéquats, doivent vraiment être atteints un jour, une réelle culture des Droits de l’Homme doit être développée et conservée en dehors de toute manipulation politique.
Translated from Human rights must be real, not illusory