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Discrimination positive pour les femmes en entreprise : le débat

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IMD Insight

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jenga

Selon Jean Louis Barsoux, « la discrimination positive est la mauvaise solution à un faux problème », même si pour sa collègue, le professeur Ginka Toegel, cette solution reste la dernière qui ait effectivement porté ses fruits.

L'événement « Women in leadership » (« les femmes au pouvoir ») organisé par l’école de commerce IMD et le réseau WIN (Women’s International Network) a marqué le centième anniversaire de la journée internationale de la femme.

Le manque de femme dans les conseils d’administration est dû à un problème de fond, celui de la sous-représentation généralisée des femmes à des postes de direction. Dans le monde de l’entreprise, la proportion des femmes au travail est considérablement faible lorsque l'on atteint la catégorie des cadres, catégorie dont sont issus les membres des conseils d'administration. Selon les recherches menées par le recruteur Egon Zehner, la Norvège, Etat pionnier en matière de discrimination positive pour les femmes depuis l’instauration d’un quota minimum de 40 % en 2003, n’a enregistré aucune augmentation du nombre de femmes pour les postes de direction à haute responsabilité. Cette loi aurait même dissuadé certaines femmes de se tourner vers de tels postes, les reléguant parfois vers des postes inférieurs. Ces femmes se retrouvent à la fois confrontées à la peur de prendre de mauvaises décisions et à l’envie de prouver leurs compétences. Selon l’étude menée par Egon Zehner, certaines femmes norvégiennes seraient membres de plus de vingt-cinq directions ; la moyenne nationale s’élève à quatre, deux fois plus que la moyenne européenne. Si leurs point de vue ne sont pas pris en considération ou sont au contraire critiqués, c'est une question d'interprétation pour savoir si l'avis est légitime ou s'il masque une part de jalousie, voire de discrimination. Les cabinets d’avocat se frottent les mains.

A quel point les quotas sont une idée vintage ?

Quand David Cameron a proposer d'instaurer des quotas dans son « shadow cabinet », ce sont les femmes qui n'ont pas été réjouies, peu inspirées par l'idée d'être là pour faire parler les chiffres. Les quotas sont une technique barbare aux dommages collatéraux trop nombreux. Cette technique détourne l’attention des mesures différentes qui seraient nécessaires pour répondre au vrai problème, à savoir maintenir et promouvoir les femmes à des postes d'influence. Les mesures nécessaires impliquent le vote de lois qui octroient aux femmes la possibilité de partager temps de travail et vie familiale, ou qui mettent en place des programmes ciblés (tels que des séances de coaching) et des formations spécialisées destinées aux femmes cadre. Les contraintes et les quotas ne sont pas une solution à long terme. Au contraire, ils tendent à mettre les entreprises sur la touche.

Par Jean-Louis Barsoux

« La crise a mis en lumière les excès de testostérone commis par certains conseils d'administration égo-centrés, bien retranscrits à travers la célèbre maxime : "Rien de tout cela ne serait arrivé si le groupe Lehman Brothers s'était appelé Lehman Sisters". Aujourd'hui la situation des femmes s'est à peine améliorée, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni où seul 12,5 % des directeurs d’entreprise du FTSE100 (les cent premières entreprises de la City londonienne, ndlr) sont des femmes, soit légèrement plus qu’en 2009 où cette part atteignait les 12,2 % (contre 11,7 % en 2008). En réalité, les femmes compétentes ne manquent pas, il en revient donc aux recruteurs de chercher au-delà de leur cercle de mâles dominants. Les conseils d’administration, quant à eux, décident toujours de leur propre chef.

Le dernier débat a lieu en Grande-Bretagne

Plus d’un cinquième des entreprises du FTSE 100 ne compte aucune femme à des postes de direction. Pour le FTSE 250, cette part descend à moins d'une entreprise sur deux. Dans certains conseils d'administration, cette absence est flagrante étant donné que 80 % des décisions de l’entreprise y sont prises. L’image selon laquelle les femmes travaillerait davantage dans des secteurs d’activités marginaux est une autre idée reçue compte tenu de la présence de femmes à la tête de sociétés telles qu'Areva (énergie nucléaire), AngloAmerican (exploitation minière), Archer Daniels Midland (agroalimentaire), DuPont (industrie pharmaceutique), Sunoco (industrie pétrolière) ou encore Xerox (secteur des technologies) – des organismes dont la direction n'est pas de tout repos. Bien que cette solution ne soit pas parfaite, elle est en tout cas efficace. À ses débuts, l’introduction d'un quota à 40 % en Norvège a soulevé un mouvement de protestation à l’encontre de cette discrimination positive et de l'abandon du mérite en tant que critère d’attribution des postes. Selon des hypothèses alarmistes, cette pratique mettrait en péril la compétitivité de l’économie sur des bases infondées. Selon le World Competitiveness Yearbook (WCY) 2010, la Norvège serait placée au 7ème rang mondial, soit 4 de plus depuis l’instauration des quotas. La proportion des femmes présentes dans les conseils d’administration s’élève en réalité à 44 %, soit 4 % de plus de que le seuil légal.

Certains pays comme la France ou l'Espagne suivront. Si aucune amélioration ne voit le jour, l'Union européenne envisage d'introduire également des quotas. La polémique même associée à la question des quotas permet de faire changer les choses. Tous les problèmes liés aux quotas peuvent être facilement résolus. Par exemple, bien que certaines femmes n’étaient initialement pas prête à entrer dans un conseil d'administration, au bout de deux ou trois ans, ce problème n’en était plus un. Pourquoi ne pas essayer la recette norvégienne qui semble avoir surpris tout le monde par sa simplicité et son efficacité ? »

Par Ginka Toegel

L’événement « Women in Leadership » a lieu les 10 et 11 mars 2011 à Lausanne, Suisse.

Photo : Une : (cc) luc_the_matchlock; opérateur téléphone : (cc) IronRodArt - Royce Bair/tssphoto.com/roycebair/index.html; boardroom (cc) The_Warfield; all via Flickr

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Translated from 40% for Norway’s ‘golden skirt’ board members: do companies need quotas for women?