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Des vieilles pierres entre deux gorgées de bière

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Default profile picture agnès leroux

Politique

Prague attire Anglais et Allemands pour des week-ends beuveries car la bière, c'est bien connu, y est bonne et bon marché. Et l’industrie du houblon ne s’en porte pas plus mal. Reportage sur le zinc.

« Les châteaux et la bière », mentionne un jeune couple d'une vingtaine d'années, tout deux interrogés sur leur présence à Prague. En compagnie de groupes de touristes britanniques et scandinaves, ils font un court trajet en tramway du centre-ville en direction de la brasserie Staropramen, dont les bières les plus connues sont la blonde traditionnelle Ležák et la brune, plus proche du malte Granát. « C'est une très belle ville, et comme c'est moins cher que la plupart des destinations d'Europe occidentale, on peut se permettre de se faire vraiment plaisir », poursuivent les jeunes. Le volume de production de la brasserie est réellement stupéfiant : elle produit 500 000 bouteilles par jour, ce qui représente une production journalière de 850 hectolitres ! C’est vrai, les prix augmentent dans les lieux touristiques, mais le prix moyen d'une pint de bière est de 35 ou 45 couronnes tchèques, soit 1,40 ou 1,80 euros, ce qui est moins de la moitié du prix moyen au Royaume-Uni.

(Photo: ©Boris Svartzman)

Tout le monde sait que les tchèques adorent la bière. La consommation par tête est supérieure à celle de n'importe quel autre pays avec 156,9 litres par an. La qualité des marques tchèques, comme Plzeský Prazdroj (Pilsner Urquell), Budweiser Budvar ou Staropramen, qui sont aujourd'hui mondialement connues, est attribuée aux bonnes conditions agricoles de la région, parfaites pour la culture du houblon. Le plus vieux brassage de bière tchèque remonte à 859 après Jésus-Christ, avec les premières exportations en 903. En République tchèque, la majorité des entreprises productrices (il en existe plus de 50) exportent leurs produits à l'étranger. En 2005, Jan Vesely, le Président de l'Association des brasseries tchèques, estimait que la demande pour l'exportation augmentait de 125 % par an. Et avec l'élargissement de l'Union européenne, de nouveaux marchés s’ouvrent...

Dans le cyclone médiatique, la bière tchèque s’est d’ailleurs battue en avril dernier, pour faire valoir son droit d’utiliser le nom Budweiser. Une dispute vieille de cent ans avec les Etats-Unis, enfin résolue par la Cours de justice des communautés européennes. En janvier 2008, les amateurs de Ceské Pivo (bière tchèque) ont pu noter l'entrée en application du statut européen « appellation d'origine contrôlée » qui protège les produits associés à une zone géographique. Les tchèques en ont d'abord fait la demande en mai 2004, suivant les traces de dix autres bières protégées par l'UE. En Allemagne, par exemple, la bière bavaroise a obtenu la reconnaissance communautaire en juillet 2001.

(Photo: ©Boris Svartzman)

Prague, la nouvelle Amsterdam ?

Depuis plus de dix ans, on sait bien que Prague attire ses touristes grâce à l’attrait des boissons bon marché. Ainsi, la compagnie anglaise « Prague Piss up Tours » fait la promotion de la ville pour venir y fêter des enterrements de vie de garçon. Vols low-cost pour un long week-end de folie : le tour est joué. « On les voit déambuler en groupe dans la vieille ville. Ils se comportent comme des idiots, complètement bourrés, déclare un couple de barmen, mais on les accueille toujours parce qu'ils dépensent beaucoup d'argent. »

La bière tchèque à l'export(Photo: ©Boris Svartzman)

Après les Allemands, ce sont les Britanniques, avec environ un million et demi de visiteurs par an, qui se rendent le plus en République tchèque. Pourtant, Prague est progressivement devenue une destination plus onéreuse, plus chère par exemple que les Etats baltes et la Lituanie. « Cela demeure une destination populaire », estime pourtant le porte-parole de l'Ambassade britannique. Selon un rapport de 2007 du Ministère anglais des Affaires Etrangères et du Commonwealth (FCO), les touristes anglais ont besoin, à Prague, d'une aide consulaire « disproportionnée ». La cause à l’alcool ? « Il semble qu'il y ait moins d'incidents à présent. Mais ce serait intéressant de voir si la composition de ce flux touristique évolue. La tendance aux fêtes d'enterrement de vie de garçon est peut-être passée. Ou alors, les gens se comportent mieux. » Le FCO a été très actif et a encouragé les touristes amateurs de bière à adopter un comportement responsable. Une campagne menée avec des affiches scotchées dans les bars les plus connus qui « semble avoir marché ».

Toujours bon marché

Tôt le vendredi après-midi, les bars du centre touristique se remplissent principalement de jeunes hommes qui sont venus faire la fête. Beaucoup ont encore leurs bagages : ils se sont arrêtés pour une ou deux bières avant d'aller à l'hôtel. « La bière, c’est super », dit un participant à un enterrement de vie de garçon, arrivé de Birmingham pour le week-end. C'est son quatrième séjour à Prague et il ne manque pas d'en faire l'éloge. « C'est un peu plus cher que lorsque nous sommes venus pour la première fois il y a cinq ans, mais c'est malgré tout environ moitié moins cher qu'au Royaume-Uni », explique-t-il. Une pint de Premium Lager coûterait par exemple à peu près quatre euros outre-manche. « Les Tchèques sont vraiment sympathiques et accueillants aussi », ajoute un copain, concluant : « C'est vrai qu'il peut y avoir quelques gars bruyants, mais je pense que c'est loin d'être comparable à un centre-ville le vendredi ou samedi soir, en Grande-Bretagne. »

Prague by night (Photo: ©Boris Svartzman)

Il est déjà quatre heures du matin dans la vieille ville de Prague et les festivités de la nuit touchent à leur fin. De nombreux bars sont encore ouverts et l'ambiance est détendue. Des groupes d'Anglais, d'Américains et d'Allemands traversent le Pont Charles en chancelant avant de regagner leur hôtel. D’autres attendent un taxi. Fatigués mais contents, ils repartiront dimanche matin pour l'aéroport. Après un agréable week-end en Bohème.

Merci à Vítek Nejedlo pour son aide

Translated from Drinking trademark Budweiser beer in Bohemia