Des exceptions qui confirment la règle ?
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martin simardSi la majorité des gouvernements de l’UE sont actuellement de droite, quelques-uns résistent à la tendance. Résisteront-ils à l’épreuve du temps ?
Après la victoire de Bush, plusieurs médias européens ont tenté de comprendre comment la droite avait réussi à connaître un tel succès. Le tabloïd britannique The Daily Mirror demandait carrément : « Comment 59 054 087 personnes peuvent-elles être aussi stupide ? » Mais même si les Européen peuvent diminuer et se moquer des événements politiques se déroulant de l’autre côté de l’Atlantique, ils doivent aussi regarder se qui se passe dans leur propre cour, alors que la droite (quoique dans une forme plus diluée) fait de plus en plus sentir sa présence dans l’Europe d’aujourd’hui.
Les beaux jours de la social-démocratie… c’était hier
Vers la fin des années 90, la « social-démocratie » était le mot le plus à la mode de la politique européenne. La victoire de Schroeder en 1998, accompagnée entre autre par celle de Persson en Suède, marquait la fin de seize années de démocratie-chrétienne ; l’année précédente, les Britanniques avaient élu un gouvernement travailliste pour la première fois en dix-huit ans, avec, qui plus est, la plus large majorité de son histoire depuis la deuxième guerre mondiale. Bien sur, certains de ces chefs et leurs partis sont encore au pouvoir aujourd’hui et ont vu leurs rangs croîtrent en mars dernier avec la victoire en Espagne de Zapatero et de son parti socialiste contre le Parti Populaire, de centre-droit, de José Maria Aznar.
Ceci dit, ces exemples semblent être l’exception à la règle. Même si, comme l’affaire Buttiglione l’a démontré, les différents partis libéraux et de centre gauche à Bruxelles - ALDE (libéraux/centristes), PSE (socialistes), EUL (extrême-gauche) et EFA (verts et régionalistes) – peuvent faire contrepoids quand ils s’unissent, le plus grand groupe au sein regroupement de parti est le PPE-DE (centre-droit), et il pourrait avoir une sérieuse influence sur la façon les sujets à l’ordre du jour à la fois au plan national et européen, seront traités au cours du prochain mandat.
Pourquoi l’Europe a-t-elle virée sa cuti ?
Il y a plusieurs explications à l’avènement des politiques et des sentiments de centre-droit en Europe. Premièrement, la droite a su utiliser les préoccupations des citoyens sur l’asile, l’immigration, le terrorisme et le crime pour gagner des soutiens. Deuxièmement, la politique fonctionne par cycle et il fallait s’attendre à un retour de balancier contre la social-démocratie en faveur de sa contrepartie modérée (centre-droit). La droite du spectre politique se fait aussi la promotrice de l’accomplissement individuel et d’une plus grande richesse personnelle, des idées attirantes pour plusieurs citoyens. Pour de nombreuses personnes, voter pour la droite, c’est voter pour soi plutôt que pour la société dans son ensemble ; c’est un vote qui fait appel à la part d’avarice de la nature humaine.
Ce principe individualiste se manifeste aussi à l’échelle du continent : les partis de droite de chaque état membre appliquent à l’envie l’oxymore selon lequel toute coopération européenne devrait être assujettie aux intérêts nationaux. Poursuivant la même analogie, on peut dire que ces partis agissent pour leurs propres bénéfices plutôt que dans l’intérêt collectif de l’UE. Cette forme de Gaullisme touche une corde sensible chez une large portion de l’électorat, car elle réaffirme les notions d’identités nationales et de supériorité. Alors que ce type de « nationalisme » est plus tempéré chez les parties de centre-droit que chez certains groupes extrémistes, comme le United Kingdom Independence Party (Parti de l’indépendance du Royaume-Uni - (UKIP), il s’agit d’une idéologie qui traverse les débats politiques dans chaque état membre et qui explique une partie de la résurgence de la droite.
Même si des partis de gauche sont toujours au pouvoir dans plusieurs pays de l’UE, incluant l’Allemagne, la Suède et l’Espagne, il reste à voir si ces administrations vont passer le test du temps. Prenant en considération le climat politique actuel et les événements externes qui ont contribués à la victoire de Zapatero et de Schroeder (respectivement l’attentat de Madrid et la guerre en Irak), ces partis sont susceptibles d’être défaits par d’autres qui tendent davantage vers le centre-droit et l’« euro-pessimisme ». Cette tendance a déjà été observée avec l’échec de Jospin dans la course présidentielle française et par le vote suédois sur l’Euro à l’automne dernier.
« Blairer » la division politique
Parmi tous les partis sociaux-démocrates mentionnés ci-dessus, le plus susceptible de passer le test du temps est le Parti travailliste du Royaume-Uni, qui remportera probablement une troisième élection législative consécutive l’an prochain ; qui plus est, la Grande-Bretagne a toujours été le pays le plus eurosceptique. Comment expliquer qu’un « parti de gauche » se maintienne au pouvoir alors que l’Europe vire à droite? Il y parvient en tentant d’en appeler à la fois au centre-droit et au centre-gauche, soit en juxtaposant la conscience sociale dès seconds avec l’alter-ego des premiers. Par exemple, les travaillistes promettent d’être « forts face au crime, fort face aux causes du crime » ; le premier terme en appelle aux électeurs de droite, alors que le second s’adresse aux électeurs de gauche. En s’emparant du centre de l’échiquier politique, ils ratissent large et obtiennent la majorité des votes. De la même façon en politique européenne, l’Angleterre s’est impliquée le mois dernier dans des pourparlers visant à créer un système commun d’asile dans l’UE – mais seulement si le Royaume-Uni pouvait se retirer quand bon lui semblerait. Cela peut paraître idéologiquement corrompu, mais permet à ce parti de gauche de consolider une large majorité dans son pays et, ainsi, de résister à la tempête alors que l’Europe s’élance vers la droite.
Translated from Exceptions to the rule?