Participate Translate Blank profile picture
Image for Comment faire sa B.A. à la caisse du super.

Comment faire sa B.A. à la caisse du super.

Published on

Story by

piola

Translation by:

piola

Piola

Dans les supermarchés chiliens, la caissière (oui, c'est généralement une femme) propose toujours à son client de faire un don à une oeuvre de charité. Par exemple, si elle me doit 817 pesos de monnaie, je peux faire don de 7 pesos et récupérer les 810 restants. Comme la grande majorité des clients, je dis oui.

Tout le monde est content : d'une, ça me permet d'éviter d'accumuler de la toute petite monnaie dans mes poches ; de deux, ça booste l'image solidaire du super ; et puis en bout de chaîne, j'espère qu'un enfant affamé mangera une soupe chaude financée par ma générosité hebdomadaire.

L'opération est loin d'être transparente ; on affirme que les chaînes de supermarchés bénéficient de généreuses déductions d'impôts grâce aux dons de LEURS CLIENTS, et empochent de jolis intérêts entre le moment où on leur donne les 7 pesos, et la fin du mois quand ils signent le chèque à ladite bonne oeuvre. Pour ma part, je ne connais rien au système fiscal chilien, mais je vois bien avec mes yeux ignorants que nous autres, les gentils donateurs, ne recevons guère d'information quant au devenir de notre petite monnaie.

Aussi, je ne suis pas franchement ravie de faire don à une organisation catholique. Evidemment, le site web du Hogar de Cristo m'assure que mes pesos sont "entre de bonnes mains", mais je préférerais les offrir à de bonnes mains laïques. Seulement, j'avoue, je suis bien trop paresseuse pour ça. C'est d'ailleurs là toute la force de ce système de "solidarité" passive : à chaque passage en caisse, il fait de flemmards comme moi des citoyens généreux. Je suis surprise que le mécanisme n'ait pas trouvé preneur dans d'autres pays ou le charity business est solidement implanté, comme le Royaume-Uni.

Au final, les oeuvres de charité chiliennes sont largement respectées et représentent un complément nécessaire à un système de sécurité sociale insuffisant et bancal. Donc, peu de voix s'élèvent pour remettre en cause les détails de cette juteuse opération. Moi, j'ai beau râler un coup ici, je continuerai à donner mes 7 pesos... Je me demande juste comment se débrouillent les autres ONGs, celles qui ne croulent pas sous les gros sous des chaînes de supermarché. Je leur souhaite longue vie et plein de courage.

Story by

Translated from How to be good at the Chilean till.