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Cherie Blair, tricoteuse légale

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Default profile picture Delphine Leang

Cherie Blair, 52 ans, avocate et épouse du Premier ministre britannique, a une opinion bien tranchée sur le droit, le tricot et les Beatles.

La Première Dame de Grande-Bretagne n’est jamais à court de conseils. Avant même le début de l’interview, j’ai droit à un petit laïus aux accents maternels. «Vous êtes en deuxième année ? », m’interroge Cherie Blair. « Alors vous allez devoir travailler dur. Car si vous voulez passer l'examen du barreau, il vous faut au minimum une mention bien ! »

Du tricot au port du djelbab

Cette recommandation témoigne de la détermination et de l’amour du travail bien fait qui caractérisent la « meilleure moitié » de Tony Blair depuis des décennies. Ces dernières années, Cherie Blair, qui exerce professionnellement sous le nom de Cherie Booth, avocate de la Couronne, a essuyé nombre de critiques, souvent liées à ces traits de caractère.

Plusieurs voix ont notamment dénoncé ses prises de position dans des procès controversés, comme en 2004 où elle défendait Shebiba Begum, une jeune musulmane exclue de son école pour port du « djelbab » [ce voile qui recouvre le visage et tout le corps]. Les experts politiques s’accordent sur son « impolitesse » et les tabloïds n’hésitent pas à l’attaquer à propos des sommes exorbitantes qu’elle dépense chez le coiffeur.

Au fil des mandats de Tony Blair, le cercle de ses partisans semble se réduire comme peau de chagrin. Même les plus fervents de ses supporters ont été fâchés par ses propos à propos de Gordon Brown, le principal allié de son mari, qu’elle aurait traité de « menteur » lors de la dernière conférence du labour [parti travailliste au pouvoir]. Des allégations qui ont immédiatement fait les choux gras de la presse outre-Manche. La Hillary Clinton britannique semble avoir tout le monde sur le dos. Ne peut-on donc rien écrire de positif sur elle ?

Loin de là. Cherie Blair a obtenu son diplôme de droit avec une mention ‘Très bien’ à la London School of Economics (LSE), prestigieuse école britannique. Si elle reconnaît avoir excellé dans l’art de faire plusieurs choses à la fois –comme manger en lisant ses cours-, mon interlocutrice m’avoue, non sans ironie, que son arme secrète de l’époque était le tricot : « Je me rappelle avoir réussi mes partiels grâce à une série très compliquée de pull-overs que je tricotais. J’ai passé tellement de temps à reproduire ces modèles qu’à la fin, je n’ai plus jamais porté de pulls. Je n’en supportais même plus la vue. »

Amusé, je l’informe alors de l’existence d’un club de tricot dans les couloirs de la LSE. »Je suis enchantée de l’apprendre », me répond-elle. « Le tricot a un côté extrêmement thérapeutique mais je doute qu’on veuille étrenner les vêtements ainsi tricotés pendant les périodes d’examens.»

Cherie, éternelle idéaliste

Fille du célèbre acteur Anthony Booth, Cherie Booth rencontre Tony Blair pendant ses études de droit. Elle envisage brièvement une carrière politique et en 2005, l’ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton, l’encourage même à se présenter comme députée au Parlement anglais, allant jusqu’à lui offrir son soutien personnel dans la campagne. La réponse de Booth fut « non ». Un refus inébranlable. « Je me suis présentée comme députée au Parlement en 1983, en outre, j’ai longtemps été la femme d’un parlemantaire [Tony Blair a été élu dans la circonscription de Sedgefield au début des années 80]. Et cela m’a suffi », conclut-elle.

Refusant de prendre position, elle cultive une vision bien claire de l’homme politique idéal. « Avant d’entrer au Parlement, celui-ci doit avoir travaillé sérieusement pour avoir une expérience de la vie. Comme Tony, je n’apprécie pas les personnalités carriéristes. »

Justice et insécurité

Je provoque alors Blair sur sa célèbre « addiction au travail ». Du tac au tac, elle rétorque que chacun doit trouver un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée. « Je pense que vous devez travailler dur et vous amuser au moins autant», insiste-t-elle. « L’essentiel est de mener une vie équilibrée : quelqu’un qui travaille 24 heures sur 24 est une personne infiniment triste à mes yeux. L’un des grands avantages d’être avocate indépendante est de pouvoir organiser mon temps de façon flexible. »

Le principal inconvénient de sa carrière, selon Blair, reste l’insécurité de l’emploi. « Quand vous êtes à votre compte, si vous ne travaillez pas, vous n’êtes pas payé. Vous n’avez pas d’arrêt maladie, pas de congé maternité. Comme vous êtes votre propre patron, vous avez tendance à travailler davantage qu’il ne faudrait. Je connais beaucoup d’avocats qui ne prennent jamais de vacances. »

Néanmoins, l’épouse de Tony Blair continue de se dire passionnée par son travail. Croyant en la possibilité de « changer la société », Booth aime plaider dans des affaires sans précédent. « Si je connais les dessous cachés du monde politique britannique, j’espère être restée une idéaliste. Evidemment, tous les avocats sont censés être fidèles aux notions de justice et d’égalité devant la loi », soutient-elle.

Les Beatles

Outre son travail et son animal politique de mari, Cherie Booth entretient soigneusement ses amitiés avec des personnalités plus rock’n roll du royaume. Elle est ainsi une intime de Mary McCartney, fille de l’ancien Beatles, Sir Paul McCartney. « Etant originaire de Liverpool, j’aimais plus les Beatles que les Rolling Stones. J’étais une grande fan de McCartney. Quand j’ai fait sa connaissance, je lui ai même dit que je dormais avec une photo de lui sous mon oreiller. Mais plus tard, durant mes études à la London School of Economics dans les années 70, je dansais tout le temps sur la musique du groupe de Mick Jagger. »

Aujourd’hui, la first lady britannique sort moins qu’avant. « Il est vrai que quand j’étais étudiante, je fréquentais énormément les discothèques où l’on buvait et dansait. Maintenant, je ne m’adonne plus vraiment à ces activités. Comme je dois déjà beaucoup sortir en public, je préfère rester en famille même si j’aime le théâtre, l’opéra et les ballets. »

Cependant, son époux Tony Blair reste inséparable du monde de la pop. Et Cherie Booth de commencer à narrer la rencontre entre le Premier ministre britannique et le chanteur des Rolling Stones. « Mon mari était très impatient de rencontrer Mick Jagger et voulait absolument parler musique avec lui. Mais il s’est vite aperçu que Jagger lui, ne voulait en fait parler que d’une chose : de la politique de Tony ». Las...

Translated from Cherie Blair, a legal knitter