Participate Translate Blank profile picture

Casseurs de blocs

Published on

Translation by:

Default profile picture patrick gellion

L’élargissement de l’UE a envenimé le débat sur l’immigration. Il est temps de remettre en cause nos vieux stéréotypes sur les nouveaux venus de l’après communisme.

L’UKIP (United Kingdom Independence Party) faisait la une des journaux avant les élections. Le parti nationaliste, dirigé par le rusé -ex-présentateur de télévision- Robert Kilroy-Silk, a battu le rappel de ses supporters en jouant sur les peurs d’immigration de masse et la « dilution » de l’identité britannique, dont la raison tiendrait apparemment à l’appartenance à l’UE du Royaume. Un racisme qui à coup sûr va offenser la génération Erasmus qui a beaucoup voyagé et à l’esprit large. Mais peut-être, comme l’Europe tente de se réajuster après le plus grand élargissement qu’elle ait connu, devons-nous tous réviser nos préconçus sur les états post-communistes.

Dracula, encore et toujours

Bien sûr, se référer au départ à ces Etats en tant que post-communistes n’aide pas. C’est une étiquette difficile à décoller, et à sa suite traîne des images de corruption, de pauvreté, et de « différence ». La peur relative à l’immigration en provenance des nouveaux états membres prend racine dans ce stéréotype. C’est la menace orientale. Dracula encore et toujours. Oui, la Hongrie, la République Tchèque, la Pologne et les autres sont plus pauvres que la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne. Mais nous devrions réellement essayer de ne pas être aussi simplistes, en craignant comme nous le faisons que les pays plus faibles nous tirent vers le bas. Au contraire, nous devrions vouloir les aider pour notre bénéfice à tous. Après tout, ce n’est pas comme si les pays les plus riches étaient des terres homogènes aux rues pavées d’or. Le nord de l’Angleterre est plus pauvre que le sud-est. L’est de l’Allemagne est plus pauvre que sa partie occidentale. La Wallonie belge est moins prospère que le nord flamand.

La réponse consiste donc à avoir une attitude positive envers la reconstruction de l’Europe centrale. Ou plutôt de continuer à la reconstruire. La Hongrie, par exemple, dispose d’une infrastructure plutôt faible, selon les standards européens. Mais ses efforts pour intégrer l’UE n’ont pas commencé le 1er mai. Ils ont commencé il y a des années et les investissements étrangers ont atteint des sommets dès les années 1990. Andrew Higginson, directeur financier du géant des supermarchés Tesco, fortement implanté en Europe centrale depuis le milieu des années 90, le souligne : « [l’adhésion à l’UE] est une bonne chance pour les pays d’Europe centrale de se développer ». La Hongrie possède un main d’œuvre qualifiée et l’un des meilleurs taux de croissance du PIB de tous les nouveaux membres. Mais elle doit s’assurer que les fonds européens soient investis à bon escient et continuer à se moderniser. Ce ne sont donc pas seulement les stéréotypes extérieurs de type « Bloc de l’Est » qui sont difficiles à changer : les Hongrois ont leur propre héritage communiste. La création d’un état moderne, « à l’occidentale » n’est pas chose facile.

Budapest reçoit le forum européen du tourisme en octobre cette année. La Hongrie s’y prête : le tourisme représente directement ou indirectement 12% du PNB, et plusieurs estimations indiquent une hausse de 20% des réservations hôtelières pour l’été en dépit du ralentissement de l’économie mondiale. C’est donc une destination de choix. Mais si les Magyars sont réputés pour leur hospitalité, ce n’est pas suffisant pour impressionner les touristes. Comme par exemple, on leur dit qu’ils ne peuvent pas avoir de dessert parce que le chef est rentré chez lui. Pour attirer encore plus de touristes, les restaurateurs et hôteliers hongrois doivent « occidentaliser –c’est à dire développer leur esprit commercial- leur approche de l'accueil des touristes ».

Voyager ouvre l’esprit

Si voyager ouvre l’esprit, alors pourrait on suggérer à Kilroy et Cie de visiter les nouveaux états membres pour voir ce qui s’y passe réellement. Tout n’y est pas parfait et il reste encore beaucoup à faire, bien sûr. Mais dans le secteur des Technologies de l’information et de la communication (TIC), l’Europe centrale et orientale est décrite par les investisseurs comme « explosive » et leurs économies décollent, bénéficiant de la modernisation provoquée par l’adhésion à l’UE. Quand avez vous entendu le mot « explosif » au sujet de l’Europe de l’Ouest pour la dernière fois ?

Translated from Bloc-Busters