Ça entre par une oreille et ça ressort par l’autre
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Charlotte Connan de VriesLes expressions idiomatiques semblent être assez unanimes lorsqu'il s'agit de décrire la sensation que l’on a quand quelqu’un n’écoute pas nos conseils ou ne nous prête pas attention. C'est sans compter le jet-de-petits-pois polonais et le pissage-en-violon de l’argot français.
Au commencement, il y eut la multitude des surdités. Les mots commencèrent par « tomber dans des oreilles sourdes » (« fall on deaf ears ») dans les références bibliques, et l’expression est devenue une des formules les plus utilisées en Grande-Bretagne depuis le XIXè siècle. Les Espagnols (« hacer oídos sordos », « faire les oreilles sourdes ») et les Allemands (« vor tauben Ohren predigen », « prêcher devant des oreilles sourdes ») utilisent exactement la même expression. En argot français moderne, cependant, on dit « pisser dans un violon », ce qui exprime profondément l’inutilité de l’acte.
Puis, vint la prophétie. Dans toutes les langues européennes, on remarque un consensus sur cet idiome qui déplore la façon dont nos conseils peuvent entrer par une oreille et sortir par l’autre. C’est comme cela que les « indignés » espagnols perçoivent leur gouvernement (« le entró por un oído y le salió por el otro »), et c'est également ainsi que les Italiens et les Français, fanas de manifs, ont répondu à la même occasion (« ça rentre dans une oreille et ça ressort par l'autre », « entra da un orecchio ed esce dall'altro »). En Pologne, l’expression subit une très légère variation : les choses « tombent » dans l’oreille de quelqu’un, et pourtant « ressortent » par l’autre (« jednym uchem wpada, a drugim wypada »).
Enfin, vint le mur, qui peut être appliqué au projet européen dans son ensemble, d’un point de vue fédéraliste. C’est comme « parler à un mur » que d’essayer de convaincre le Premier ministre eurosceptique David Cameron & Cie des vertus d’une Europe plus large, ou encore comme lorsque l’ancien président Nicolas Sarkozy a perdu le contrôle de son sentiment européen dans les derniers jours de sa présidence (« parler à un mur »). En Pologne, il existe une interprétation intéressante du dicton : « jeter des petits pois contre un mur » (« gadać/ mówić jak do ściany ») ; ou plutôt, dans ce contexte,« jeter des zlotys à l’Europe ».
Translated from In one ear and out the other