Bombay Bicycle Club : ça sent la rose...
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Elodie RedLe groupe londonien est aux anges depuis que leur 4ème album So long, see you tomorrow est arrivé en tête des charts britanniques. cafébabel a rencontré le chanteur et compositeur heureux du groupe, Jack Steadman, pour parler du nouvel album, de Bollywood, d'influences orientales et de chambres minuscules à Tokyo.
Lorsque on arrive au Trabendo pour notre rendez-vous avec Bombay Bicycle Club, on aperçoit Jack Steadman au loin. Le sourire aux lèvres et sa guitare autour du cou, il s'avance vers nous. Le chanteur-compositeur nous invite à bord du bus du groupe et nous propose des bières, vestiges de la soirée de la veille à Hambourg. Sans se séparer de son sourire, il admet qu'il n'aurait pas pu trouver pire point de chute que le parking situé à l'arrière du Trabendo. Impossible de le contredire. L'endroit est jonché de tas de boues et de pièces d'échafaudage. Pendant la tournée, ce bus sert de chambre et de lieu de vie à l'un des groupes les plus en vogue d'Angleterre. Bien que tous ses membres aient moins de 25 ans, Bombay Bicycle Club tourne depuis bientôt 10 ans.
cafébabel : Comment se passe la tournée ?
Jack Steadman : Il y a toujours des hauts et des bas. On a démarré la tournée à Bruxelles puis on est partis à Amsterdam, à Copenhague et nous voici à Paris. Les shows scandinaves étaient géniaux, c'était la première fois qu'on jouait là-bas et les gens étaient vraiment très contents de nous voir. Hier soir à Hambourg, c'était un peu bizarre. J'ai l'impression que nos fans allemands préfèrent nos anciennes chansons, des morceaux plus profonds et agressifs avec plus de guitares. Quand on a joué les nouveaux qui sont influencés par les musiques orientales ou d'autres aux sonorités plus dance, ils avaient l'air un peu perdus.
cafébabel : Quand vous retournez jouer dans des villes, est-ce toujours différent de la première fois ?
JS : Quand on revient dans une ville avec le groupe, on se rend compte combien les choses changent. C'est pareil d'une ville à l'autre mais il y a un an les tournées étaient vraiment différentes. On ne les prenait pas autant au sérieux et on faisait la fête tout le temps, parfois nos concerts étaient horribles et ponctués d’une grande gueule de bois. On a passé deux ans à produire le disque nous-mêmes et on y a mis beaucoup de passion. On part en tournée et on veut que le concert soit vraiment bon maintenant, c'est vraiment différent du temps où les tournées n'étaient juste qu'une excuse pour faire la fête et s'éclater.
cafébabel : Penses-tu que c'est productif de lire ce que l’on dit sur vous ?
JS : C'est une très mauvaise idée, mais je l'ai quand même fait. J'en suis aujourd'hui à un point où je suis heureux, où je n'en ai rien à faire. Tant que quelques personnes aiment ce qu'on fait et que l'on peut faire des concerts, tout va bien.
cafébabel : Je vous ai vus jouer une fois à Cambridge et j'ai perdu le contrôle de mes bras et de mes jambes, ils sont devenus fous. Quelle est la réaction que vous aimez provoquer chez votre public ?
JS : Je veux juste qu'ils sourient tout le temps.
cafébabel : Quel est le message de votre musique ?
JS : Je ne pense pas que notre musique ait un message, mais en tant que groupe on veut juste être le genre de groupe que le public a envie de rejoindre sur scène. On est des garçons comme les autres, il n'y a rien de mystérieux à notre sujet. Sur scène on a l'air de geeks maladroits et j'aime ça parce qu’on est sans prétention. Si vous ajoutez à ça le fait qu'on a réalisé cet album avec peu d'argent et qu'il est arrivé numéro 1 des ventes au Royaume-Uni cela transmet un message fort aux gens : que l'on n'a pas besoin de porter des fringues de marque ou de se la raconter comme le font les rockstars. Et qu'on n'a pas forcèment besoin de payer cher pour un producteur. Qu'il suffit d'aimer la bonne musique.
cafébabel : Est-ce que tu t'intéresses à la politique ?
JS : C'est tout le contraire.
cafébabel : Qu'est-ce que cela veut dire ?
JS : Je n'en ai strictement rien à faire. Je n'y prête aucune attention.
cafébabel : Est-ce qu'à un moment donné, tu as perçu la politique comme une source d'inspiration ?
JS : À aucun moment. (Silence). Il n'y a que la musique qui m'influence, pas les évènements qui se passent autour de moi.
cafébabel : Quelles étaient les influences clés qui t'ont accompagné quand tu as commencé à faire de la musique ?
JS : Tout a commencé avec Flea et John Frusciante. J'avais 13 ans et je commençais la basse. Il était en constante évolution et j'ai beaucoup accroché à ça.
cafébabel : Avais-tu un plan B quand tu étais à l'école ? Y a-t-il quelque chose que tu te verrais faire demain si tout cela s'arrêtait ?
JS : Après le lycée je devais aller à l'université pour étudier le français. J'avais été pris à Manchester. Mais je savais, dès que j'ai commencé à faire de la musique, que c'était ce que je voulais faire. Je ne me suis jamais imaginé faire autre chose. J'ai toujours cru depuis mon plus jeune âge que je réussirais dans cette voie. La musique est la seule chose en laquelle je crois.
cafébabel : Qu'est ce que tu te verrais faire dans quelques années, une fois libéré de toutes obligations ?
JS : J'ai deux plans. Le premier est d'ouvrir un café jazz, je ne sais pas où encore mais je ne pense pas que ce sera à Londres. L'idée m'est venue de ceux que j'ai vus à Tokyo. Je vais là-bas chaque année juste pour acheter des disques. Les magasins là-bas ont la taille d'une chambre (environ 10m2). Il y a quelqu'un derrière le comptoir, 10 000 disques dans la salle et deux haut-parleurs dans un coin. Personne ne parle dans la pièce parce que tout le monde écoute la musique. C'est comme une bibliothèque et je suis tombé amoureux de ce concept. Je n'avais jamais rien vu de tel en dehors de Tokyo et je voudrais bien ouvrir le mien. Après ça, j'aimerais bien devenir chauffeur de train. Ce serait un super boulot. Mon esprit serait libre. Mais je ne pense pas que ce sera possible, je ne sais même pas conduire une voiture.
cafébabel : D'où vient cette musique de Bollywood qu'on entend sur l'album ?
JS : C'est la musique du film Nagin, sur un charmeur de serpents. J'ai passé un mois à Bombay. J'ai écouté pas mal d'albums et je passais pas mal de temps dans des magasins de disques. La musique vient directement du film, c'est juste un sample.
Écouter : So long, see you tomorrow (ISland Records)
Bombay Bicycle Club joueront à l'occasion du Main Square Festival à Arras, le 4 juille prochain.
Translated from Bombay Bicycle Club: An Interview