Bientôt une Malte du Nord?
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audrey duquenneAlors que la crise des réfugiés irakiens atteint son paroxysme, seulement 4% d'entre eux ont trouvé refuge en Europe, notamment en Suède, terre d'accueil historique. Ce pays a néanmoins récemment demandé de l'aide à l'UE et durci ses règles en matière d'asile, craignant et refusant de supporter à elle seule le poids d'une possible crise de l'immigration à l'échelle de la Méditerranée.
Pourquoi ces petites répartitions de l'Europe posent-elles un si grave problème ?
Pour la première fois en cinq ans, le nombre de réfugiés dans le monde a augmenté. Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies en charge des réfugiés et ancien président portugais, l'a rappelé dans un rapport paru le 20 juin 2007 pour la Journée Mondiale des Réfugiés. Les experts estiment que le nombre de demandeurs d'asile en Europe passera à 40 000 en 2007. C'est le double des chiffres actuels. La guerre en Irak, qui a commencé en 2003, est la principale responsable de cette augmentation spectaculaire. L'invasion orchestrée par les Etats-Unis et le conflit interne qui a suivi ont forcé, selon les estimations, quelques 4 millions d'irakiens à fuir leur pays. 1,8 millions seraient encore contraints d'errer à l'intérieur de leur pays, alors que la transformation progressive en guerre civile menace de faire encore plus de victimes. 1,2 millions se sont établis en Jordanie et en Syrie, à la frontière ouest de l'Irak.
D'un Irak déchirée par la guerre à la paisible Suède
La troisième population réfugiée la plus importante du monde constitue également la plus importante en Europe depuis 2005-2006, période où le continent a vu son nombre de demandeurs d'asile irakiens augmenter de 50%. La Commission européenne a à nouveau ouvert la boîte de Pandore en se demandant quel système d'asile les 27 pourraient construire ensemble. Le timing est loin d'être idéal pour ceux qui espèrent voir se développer une protection en Europe. Des pays comme Malte, situé le long des frontières maritimes du sud, refusent d'admettre un flot de pateras, bateaux de pêche à fond plat, remplis aussi bien d'immigrants que de demandeurs d'asile. Les organisations humanitaires condamnent ces politiques, considérant qu'elles ne feront que conduire à de nouvelles tragiques noyades. Des vols réguliers en provenance de la ville d'Erbil au nord de l'Irak ont permis aux irakiens fuyant la guerre de trouver refuge en Suède depuis décembre 2005. Le pays est devenu la destination favorite des populations persécutés sous le régime de Saddam Hussein de 1997 à 2003. La plupart d'entre eux ont bénéficié des politiques de réfugiés et d'intégration particulièrement généreuses. D'autres ont rejoint leur famille pour trouver du réconfort dans la grande communauté irakienne. Celle-ci est surtout établie à Södertälje, au sud de la capitale, ou à Malmö, une ville portuaire du sud-ouest. Après les Finlandais, les Irakiens constituent le second groupe d'étrangers en provenance de différentes religions et groupes éthniques.
Un fardeau à répartir
Pour la presse européenne, c'est un problème qui concerne le Sud de l'Europe. Le Nord, en temps normal si pacifique et généreux, se sent frustré. Stockholm craint en effet que le nombre croissant de réfugiés irakiens – plus de 18 000 irakiens ont demandé l'asile à la Suède depuis 2006, un record en Europe. C'est le signe d'une crise à venir. « Nous ne voulons pas devenir un Malte nordique », plaisante André Nilen, responsable du Bureau Suédois de l'Immigration. En février 2007, Astrid Thors, le ministre finno-suédois de l'Immigration et des Affaires Européennes, a demandé aux autres pays de l'UE de soulager la Suède d'une partie de son fardeau. Le pays a rencontré le même succès que Malte après que la Commissaire Européen en charge de la Justice Franco Frattini s'est exprimé, le 6 juin 2007.
Mais pour le moment, la solution reste d'officialiser le statut du plus petit nombre de réfugiés possible. Le 6 juillet 2007, le gouvernement suédois a décidé de mettre en place cette solution, copiée sur les pays du Sud. Le Bureau de l'Immigration a annoncé que seules les personnes faisant face à des menaces de violence spécifiquement dirigées contre elle pourront obtenir le droit d'asile. Néanmoins, l'avenir de cette proposition est plus qu'incertain étant données les salves de protestations de la part des défenseurs des immigrés et des immigrants irakiens.
Trouver des solutions innovantes
« Nous n'avons pas connu de guerre depuis 200 ans », remarque Nilen. « Notre seul rapport avec la guerre s'est fait indirectement, à travers l'accueil de ceux qui cherchaient un refuge ». Fidèle à son caractère, la Suède espère donc qu'une petite innovation l'aidera à trouver de nouvelles solutions pour continuer à accueillir les réfugiés irakiens. « Se plaindre simplement de la situation des réfugiés auprès de Bruxelles n'est ni efficace, ni créatif. La Suède entend soulever le problème aussi souvent que possible, mais aussi prendre l'initiative des changements ».
Trouver des solutions innovantes pour s'occuper des réfugiés s'installer amoindrirait le ressentiment de la population. L'augmentation du nombre de familles irakiennes à Sodertalje ou Malmö conduit au surpeuplement et au chômage. Ces deux éléments sont les principales raisons évoquées en cas de diminution du nombre de réfugiés ou du nombre de bénéficiaires des aides. Alors que certains défendent becs et ongles l'idée qui veut que la loi devrait limiter les endroits où les réfugiés peuvent s'installer, ils devraient plutôt recevoir plus d'avantages : « Des études montrent que les réfugiés des guerres des Balkans qui se sont installés dans des villes plus petites comme Malmö avaient plus de chances de trouver un travail et de pouvoir mettre leurs enfants à l'école », explique Nilen.
Translated from 'Not another Nordic Malta - yet'