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Biélorussie : l'opposition en difficulté

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Default profile picture Fernando Garcia

Le 27 avril dernier, Alexandr Milinkevich, le leader du principal parti d'opposition biélorusse, a été arrêté par les autorités. Sa détention ne présage rien de bon pour l'avenir du pays.

Alexandr Milinkevich, ainsi que trois autres activistes de l'opposition, ont été arrêtés et condamnés à quinze jours d'emprisonnement pour avoir organisé et participé à une manifestation commémorative non autorisée à l'occasion du vingtième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Pour l'opposition biélorusse, ce meeting était une suite logique à la vague de protestations qui avait suivi l'annonce des résultats des élections présidentielles du 19 mars. Le scrutin, jugé irrégulier, avait permis la réélection du président sortant Alexander Loukachenko, à la tête du pays depuis 12 ans, avec 83 % des suffrages. La stratégie de l'opposition vise à mobiliser la population dans le cadre de mouvements de contestation et d'actions de désobéissance civile ponctuelles, semblables à ceux observés lors de la Révolution Orange en Ukraine. Milinkevitch souhaite éviter de provoquer les forces de sécurité du président Loukachenko en descendant dans les rues plusieurs jours durant.

Jusqu'à présent, l’Union européenne s’est montrée discrète. Malgré une condamnation quasi-unanime de l'incarcération arbitraire de militants de l'opposition et de leurs dirigeants, les gouvernements des 25 n'avaient encore annoncé aucune sanction concrète à l'encontre de Loukachenko. C'est désormais chose faite : le 10 avril dernier, Bruxelles a adopté des interdictions de visa, refusant de ce fait l'accès à son territoire à 31 hauts fonctionnaires biélorusses, parmi lesquels le Président lui-même.Toutefois, cette mesure n'a pas eu l'effet escompté et depuis, Loukachenko a procédé à de nouvelles arrestations. Certains chefs d'Etat européens ont avancé l'idée d'assouplir la condamnation en échange de la libération des quatre leaders de l'opposition.

Des temps troublés

L'emprisonnement de Milinkevich et des trois autres militants rend pour le moins incertain l'avenir de la démocratie en Biélorussie. Le 1er mai, un rassemblement de l'opposition aurait dû prendre place pour dénoncer la législation sur le travail en vigueur dans le pays, particulièrement rigide. La pérennité et l'impact des actions à venir de Milinkevich et de ses partisans commencent aujourd'hui à être remis en cause dans la mesure où seule une des figures emblématiques de l'opposition a échappé à la « rafle ». Il est d'ailleurs hautement improbable que les personnalités restantes de l’opposition soient en mesure de faire de cette vague d'arrestations la nouvelle priorité du mouvement.

A long terme, il n'est pas certain que Milinkevich soit relâché au bout des quinze jours de détention dont il a écopé. Le KGB, la police secrète du président Loukachenko, fera certainement tout ce qui est en son pouvoir pour retarder sa sortie. Son objectif est double : priver l'opposition biélorusse de son leader et ainsi placer le mouvement dans une impasse dont il lui sera particulièrement difficile de sortir, surtout si l'on considère que les candidats envisageables au poste de remplaçant de Loukachenko ne sont pas légion. Car les personnalités qui n'ont pas compromis leur intégrité en collaborant avec le régime au pouvoir se font rares…

L'opposition a néanmoins décidé de rester mobilisée. Elle doit à présent impérativement définir une nouvelle stratégie en deux temps : d'abord faire pression sur la Russie pour la forcer à reconnaître l'autoritarisme grandissant qui paralyse le pays puis négocier avec l'Union européenne pour que le cas de la Biélorussie soit discutée au prochain sommet du G8 qui se tiendra à Saint-Pétersbourg en juillet prochain. Dans le cas contraire, la campagne contre Loukachenko risque fort de ne jamais aboutir.

Translated from Crisis of the opposition in Belarus