Barack Obama vole le portefeuille du capital sympathie à l’Europe
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Fernando Navarro SordoIl est six heures moins cinq du soir et Barack Obama est sur le point de prononcer les paroles qui le couronneront comme le premier président noir des États Unis. “Beaucoup prétendent que nous sommes trop ambitieux”, glissera-t-il dans quelques minutes pendant son discours dirigé à la nation mondiale de parias et d’incrédules le nez collé aux écrans des télés ou des ordinateurs.
Dans la capitale de l’Union européenne, les démocrates ont assuré. Des centaines de Nordaméricains et d’Européens –représentants socialistes et libéraux inclus- partagent un peu de vin, des bières et des petits fours pendant qu’ils assistent au spectacle protocolaire avec lequel les Nordaméricains habillent leur catharsis collective tous les quatre ans.
De capitale à capitale. De Washington à Bruxelles. Hotel Hilton est l’emplacement choisi pour la célébration organisée par Democrats Abroad pour assister à l’investiture de Barack Obama. La mise en scène et l’attention des deux côtés des écrans sont dignes d’un épisode lacrymogène à la sauce Evita Perón.
On chante des slogans, on rigole ensemble et on commente le plus petit geste du candidat-président. Mais surtout parce qu’il y a de la tension dans l’air. Ce sont surtout les femmes et les blancs ceux qui serrent les lèvres et les mâchoires le plus pour laminer leur attaque de légitime sentimentalisme. L’instant où Obama prononce les derniers mots de son serment c’est quand les chewing gums sont le plus torturés par l’assistance à cette communion mi- civile mi-religieuse. Finalement, l’euphorie éclate et, désormais sans complèxe, les larmes sont déversées. Ça fait six mois qu’on s’hyperventile au parfum d’Obama, et c’est normal que les bulles montent un peu à la tête.Une ampliation de capital qui laisse l’Europe hors jeu
Surtout en Europe, d’où on observe avec une certaine jalousie poivrée et un espoir diffus l’emballement des Nordaméricains. Ce n’est pas par hasard que les Européens auraient voté pour Obama à 6 contre 1, selon un sondage élaboré par la BBC. Voudrait-on un Obama pour nous ? « je ne pensé pas que la figure d’Obama soit extrapolable à l’Europe », affirme la citoyenne américaine Julia Alisson, résidente à Bruxelles depuis des années et convaincue que son nouveau leader les sortira de la crise « pendant ce mandat ou le suivant, puisqu’il sera sûrement réélu en 2012 ». Si le charisme consiste à faire en sorte qu’on nous dise “Oui” lorsque nous n’avons pas encore formulé la demande, le nouveau Président des USA possède alors une quantité inédite. Dans le salon du Hilton tout le monde est plus ou mons d’accord que la priorité doit être d’améliorer les relations avec le reste du monde. Mais le monde est déjà à ses pieds ! « Je ne crois pas qu’on puisse avoir un leader aussi beau et élégant”, avoue entre rires la française Kalypso Nikolaïdis, membre du Groupe de Sages pour le rapport sur l’avenir de l’Europe présidé par Felipe González, pendant une rencontre avec des stagiaires à Bruxelles le lendemain. Julia Alisson, 16 heures avant aurait répliqué avec une touche de volontarisme typiquement américaine: “¿Et pourquoi pas tôt ou tard un leader comme Obama pour l’Europe?”, mai quand on lui demande si elle considère qu’après les élections européennes de juin 2009 l’UE devrait changer de leader à la tête de la Commission, elle avoue ignorer la tendance politique du conservateur Durão Barroso.
L ‘Europe sait qu’elle ne será pas à la hauteur
C’est ce qui fait mal d’être Européen aujourd’hui. En Europe nous connaissons ce que c’est que l’émotion provoquée par un changement d’ère politique incarnée par un nouveau leader. Il suffit de penser à la victoire de Yuschenko en Ukraine en 2004, ou celles de Mitterrand et Sarkozy en France en 1981 et 2007 respectivement, celle de Tony Blair en 1997 ou celles de Felipe González et Zapatero en Espagne en 1982 et 2004. C’est justement parce qu’elle sait ce que c’est que l’enthousiasme pour un futur meilleur et l’espoir d’un changement politique d’envergure que l’Europe observe résignée et troublée les épisodes vécus ces derniers mois aux États Unis.
L’Europe, ces jours-ci, se sent justement repoussée à l’arrière-plan. Qui plus est, elle réalise comme jamais son absence en remarquant combien c’est facile pour les nord-américains de leur voler le portefeuille de la sympathie globale. Ignasi Guardans, eurodéputé libéral présent aussi durant la célébration dans l’Hotel Hilton à Bruxelles, utilise des termes semblables : « dans la planète on vient de faire une grande ampliation de capital et ce sont les États Unis qui ont pris toutes les parts ». L’Europe se mords les lèvres parce qu’elle sait ne pas pouvoir être à la hauteur de l’impulsion transformatrice qui accompagne l’élection d’Obama comme Président des États Unis. Les européens se penchent une nouvelle fois vers l’Atlantique et ils se prennent une bouffée inattendue de marinière épuisante, cette nostalgie du non vécu mais déjà rêvé.
saudade
>Translated from Barack Obama le roba la cartera de la simpatía global a Europa