Attentats de Copenhague : un pays en question
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Emilie PardonDepuis samedi dernier, le monde pose un regard nouveau sur cette nation jusqu'alors considérée comme la plus heureuse au monde. Une fusillade a éclaté dans l’est de la ville de Copenhague lors d’un débat sur la liberté d’expression auquel participait le dessinateur suédois Lars Vilks. Bilan : deux morts et beaucoup de matière à réfléchir.
L’auteur de la fusillade qui a fait deux morts est un citoyen danois de 22 ans d’origine palestinienne. Il était déjà connu des services de police pour une série d’activités criminelles. L’évènement n'est pas sans rappeler les attentats commis à Paris en janvier dernier.
On ne s’attendait sans doute pas à ce que cela se produise dans une société scandinave utopique avec un tel degré de solidarité. Une société où la liberté de jouir de nombreux droits humains est connue de tous. Ce scénario « impossible » a amorcé une série de débats sur la liberté d’expression, la sécurité et l’intégration des minorités.
Voici quelques-unes des questions qu’il faudra aborder dans un futur proche :
Liberté d'expression totale ?
L’attitude des politiciens et des citoyens après les fusillades était on ne peut plus claire et intransigeante. Tous les citoyens doivent être libres d’exprimer librement leurs opinions personnelles dans les médias, même si ces opinions ne font pas l’unanimité ou si elles sont sujettes à débat. Mais, un problème survient lorsque le droit de s’exprimer librement entre en conflit avec le droit d’exprimer sa religion.
Ainsi plusieurs types d’interprétations, suivies par le lot d’abus sont possibles. En ce qui concerne l’opinion publique locale, la question de savoir si Vilks aurait dû ou non dessiner des caricatures du Prophète Mahomet fait débat. Choisir de répondre à ces caricatures par les armes pour exprimer sa révolte n'est, en revanche, pas justifiable.
Nous n'avons pas peur !
Ces dernières semaines, les médias danois ont unanimement relayé un message à l’adresse de la population, l'appelant à se sentir en sécurité et à ne pas avoir pas peur d’une quelconque attaque à l’encontre des principes et valeurs de la démocratie. De même, le gouvernement, la police, les représentants de tous les partis politiques et des minorités du pays ont fait preuve d’une solide disposition à répondre à toutes formes de violence exercée à l’encontre des citoyens ordinaires et des structures d’état.
Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place, non seulement pendant la surveillance massive le jour de la fusillade, mais aussi les jours qui ont suivi. Il est particulièrement remarquable qu’aucun homme politique ne soit entré dans le jeu des accusations. Il n’y a pas eu, non plus, de discours faisant l’amalgame entre les actes d’une personne dérangée et le mode de vie d’une communauté religieuse.
L’atmosphère générale a été caractérisée par les marques de soutien, de solidarité et une forte détermination à rester unis dans ce pays qui lutte continuellement pour préserver l’égalité sociale. C’est aussi le sentiment qui prévalait lors de la journée de commémoration lundi dernier.
Une meilleure intégration des minorités pour réduire les risques de radicalisation?
Le problème le plus étonnant, et qui n’a pas beaucoup attiré l’attention, c’est la question de l’intégration des minorités au Danemark, bien que si l’on tient compte des jeunes on constate quelques réussites sur ce point. À l’origine, la question de l’intégration a fait surface après que le Danemark a été classé parmi les cinq pays ayant le plus de ressortissants parmi les jeunes djihadistes partis rejoindre l’État islamique (DAESH). Compte tenu de la probabilité élevée selon laquelle l’auteur des fusillades de Copenhague ait été lié à ce mouvement et au vu de ses motivations, la question de l’intégration est plus d’actualité que jamais. La question de savoir si ces jeunes sont victimes ou coupables est ambigüe.
Il est difficile de comprendre pourquoi un jeune homme né dans une société pacifique et progressiste choisirait une idéologie qui l’empêcherait de profiter des nombreuses possibilités que cette société lui offre. Le journal danois Berlingske nous donne quelques éclairages sur cette question, en suggérant que « ce sont des gars qui n’ont rien à perdre ».
Ce qui lie toutes ces personnes est leur manque d’appartenance : ils viennent tous d’un endroit « entre deux mondes », entre deux religions et deux cultures. Plutôt que de se sentir privilégiés, ils se sentent maudits par cette double identité.
Des travailleurs sociaux danois fournissent constamment une aide psychologique et sociale aux jeunes, et les enfants et les jeunes issus de l'immigration sont intégrés de manière égale, dans le but d’expérimenter cela que signifie d'être un citoyen danois à part entière. Il faudrait peut-être construire une nouvelle approche pour réussir à reconnaître et réintégrer de potentiels criminels. Berlingske arrive à la conclusion qu’il faudrait peut-être être plus tolérants sur les questions qui mêlent religions, cultures et nationalités. Mais, il va falloir que ces mondes se fassent à cette idée.
Pour le moment, nous pouvons conclure que cette attaque isolée ne peut pas réellement remettre en cause la dimension cosmopolite de la société danoise. On ne répondra pas à l’agressivité par l’agressivité.
Translated from More democracy, better integration: the Danish reaction to the Copenhagen shootings