Allemagne : maître de l'éolien et du solaire en Europe
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Jessica Devergnies-WastraeteTransports publics de masse, voitures économiques et des milliers de kilomètres de pistes cyclables et de passages pour piétons s’entrecroisent sur le continent. Tour d’Europe des efforts réalisés en termes d’économie d’énergie.
A l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, mes yeux se rivent sur ces escalators qui s’arrêtent automatiquement lorsque personne ne se trouve sur les marches. C’est un modèle de l’efficacité et du design énergétique, tout comme (j’ai pu le découvrir au cours de mes voyages) les toilettes équipées de chasses d’eau à faible débit, à deux ou trois boutons poussoirs, et l’éclairage des couloirs sensible aux mouvements que l’on peut retrouver dans la plupart des hôtels, des musées et des foyers européens. Les ampoules économiques sont la nouvelle innovation à faible consommation d’énergie qui émettent la même luminosité en consommant seulement un cinquième d’énergie, contrairement aux gourmandes « boules de feu » de 100 watts encore utilisées dans la majorité des salles de séjour et des bureaux américains.
Alors que le Président Bush et d’autres dirigeants ont opposé les innovations en matière d’environnement et d’énergie à l’économie et à la perte d’emplois, l’Europe a découvert qu’une plus grande efficacité énergétique était en réalité bénéfique pour son économie et ses entreprises. Leurs efforts ont mené à l’essor de nouvelles technologies, d’industries, et a créé des dizaines de milliers d’emplois. Des entreprises ont fait quelques investissements initiaux afin d’améliorer leurs installations, mais sont devenues plus compétitives étant donné que le prix de l’énergie est monté en flèche. Selon le magazine hebdomadaire américain BusinessWeek, l’Europe est mieux placée que les Etats-Unis pour la période de pic pétrolier à venir, puisque le Vieux continent peut fournir le même standard de vie tout en émettant moins de gaz à effet de serre, même s’il consomme bien moins d’énergie et de ressources.
Le vent souffle de l’Allemagne à l’Espagne
L’Europe est à la tête, dans le monde, en termes de production éolienne, et l’Allemagne est première sur le continent. Les 20 000 éoliennes qui bordent le paysage produisent 8 % de l’électricité allemande et fournissent 10 millions de foyers, épargnant ainsi l’émission d’environ 42 millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Les 2 600 turbines à vent du Land de Schleswig-Holstein, dans le nord du pays, répondent à un tiers de ses besoins en électricité en utilisant seulement 1 % de sa masse continentale. Dans tout le pays, ce sont plus de 84 000 personnes qui ont trouvé un emploi au sein de l’industrie éolienne. Par ailleurs, l’Allemagne prévoit de construire 30 fermes éoliennes côtières supplémentaires, avec quelque 2 000 éoliennes à la mer du Nord et à la mer Baltique.
Au nord-est, plusieurs compagnies énergétiques européennes sont en train de construire la plus grande ferme éolienne au monde, à environ 20 kilomètres de la côte britannique, près de l’endroit où la Tamise se jette dans la Mer du nord. L’ambitieux projet de 2,7 milliards de dollars consiste en 341 turbines qui occuperont un espace de 235 km². Combiné au rendement d’une autre ferme éolienne construite en bord de mer, les 440 turbines alimenteront en énergie un tiers des trois millions de foyers londoniens. Et il n’est question que d’énergie renouvelable, ce qui a pour conséquence de réduire de plus de deux millions de tonnes les émissions de dioxyde de carbone chaque année.
Hausse de l’activité économique
Plus au sud, c’est l’Espagne qui est le producteur d’énergie éolienne avec la croissance la plus rapide au monde. En mars 2008, ce type d’énergie a produit en moyenne 28 % de toute l’électricité consommée au niveau national, et environ 40 % pendant les pics de consommation. Le Portugal installe actuellement des turbines à vent pour un budget de 1,3 milliards de dollars sur tout le territoire, assez que pour fournir de l’énergie à 750 000 foyers. En ce moment, la compagnie énergétique suédoise Vattenhall construit le plus grand parc éolien d’Europe du nord dans la Mer Baltique, entre la Suède et l’Allemagne. Quant au Danemark, il puise déjà 20 % de son énergie totale dans l’énergie éolienne, avec la plus grande installation d’énergie éolienne existante au monde, située à Nysted. Ici, 72 turbines produisent assez d’énergie que pour alimenter 110 000 foyers.
60 % des 74 000 mégawatts d’énergie éolienne mondiale sont générés en Europe. Pendant ce temps, les Etats-Unis sont à la traîne et affichent seulement un tiers du rendement énergétique éolien produit sur le continent européen. Le pays de l’Oncle Sam possède un réseau énergétique vétuste qui a été construit il y a un siècle dans le but de distribuer l’énergie à travers de petites régions, et non à un niveau national. Il est difficile de déplacer de grandes quantités d’énergie le long de grandes distances, comme depuis les plaines faiblement peuplées jusqu’aux côtes, où la population est plus importante.
Le soleil brille aussi sur le Portugal
En 2004, au cœur de la Bavière traditionaliste, une infrastructure solaire de 12 hectares est devenue le plus grand parc à énergie solaire au monde. Avec deux autres parcs avoisinants, ces installations génèrent assez d’énergie pour alimenter plus de 9 000 foyers allemands. En 2005, l’Allemagne s’est convertie en leader mondial des installations solaires, dépassant le Japon avec 57 % du marché mondial (les Etats-Unis représentaient à peine 7 % du marché, l’Europe quant à elle, 60 %). D’ici 2012, l’Allemagne produira 12 000 mégawatts, suffisamment pour approvisionner environ 6 millions de foyers en énergie, le même rendement que l’industrie énergétique nucléaire britannique tout entière.
Au Portugal, la plus grande centrale électrique solaire photovoltaïque au monde produit assez d’électricité pour éclairer et chauffer 8 000 foyers, économisant de cette manière plus de 30 000 tonnes d’émissions de CO2 par an. Par ailleurs, cela donne de l’emploi à la région d’Alentejo, à 200 kilomètres au sud-est de la capitale, une région traditionnellement pauvre. Paradoxalement, leurs partenaires sont des sociétés américaines, PowerLight Corporation et GE Energy Financial Services, qui font plus d’affaires en Europe qu’aux Etats-Unis. Des panneaux solaires passifs chauffent l’eau des canalisations pour alimenter les douches, les lave vaisselles et les machines à laver, réduisant la facture d’eau chaude de 75 %.
En Europe, 13 % de la production d’eau chaude est assurée par l’énergie thermo-solaire, contre 2 % à peine aux États-Unis. En 2005, l’Autriche a installé 40 fois plus d’installations que la Californie, bien que sa population ne représente qu’un quart de celle de l’état américain et reçoive bien moins de soleil.
Steven Hill est à la tête programme de réforme politique de la New America Foundation et auteur d’un livre à paraître, ouvrage qui compare les méthodes européennes aux méthodes américaines.
Translated from Germany leads Europe's wind and solar energy revolution