When young citizens turn into reporters
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Dans la peau d'un demandeur d'asile
Six étudiants mènent l'enquête sur la situation des demandeurs d'asile en Belgique. Agissant dans un rôle de citoyen-reporter, ils s'intéressent à des questions de société qui font débat dans la vie politique et citoyenne. Parmi ces questions, la problématique des demandeurs d'asile.
Le projet Citizen Reporter a été lancé en Belgique par l’asbl Mediel avec le soutien du Parlement européen. Ce projet se veut fédérateur, au-delà des clivages; il est pour tous et appartient à tous. Il s’adresse aux jeunes en Flandre, à Bruxelles, en Wallonie ; il travaille en partenariat avec les fédérations d’organisations de jeunesse, avec des écoles et des universités et bénéficie de l’appui des médias télévisés nationaux qui donnent aux jeunes l’accès à l’antenne radio et TV.
«Le projet donne la chance à des jeunes Belges d’éveiller, voire de renforcer, leur sentiment de citoyenneté », confie André Bossuroy, l’initiateur du projet. « Partant de leurs préjugés sur les problématiques, parfois influencés par des discours politiques ou par les médias, les jeunes se mettent en recherche, s’informent sur le terrain, partent à la découverte d'une réalité qui se révèle souvent différente de leurs a priori; ils se forgent ainsi une opinion personnelle et l’expriment à travers leur reportage. »
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Pouvais-je leur dire: «Ca va aller ? Qu’en savions-nous?»
Pour Citizen Reporter, Kristien, Leni et Merijn rendent visite à l’Office des Etrangers, à Bruxelles : « À notre arrivée, une longue file de personnes attendait sur le trottoir dans l’espoir de papiers régularisant leur situation. Leurs yeux étaient remplis de questions sans réponse, presque suppliants, et mon côté idéaliste me faisait honte parce que je ne pouvais leur offrir aucune solution toute faite. Pouvais-je leur dire: Ca va aller ? Qu’en savions-nous?», raconte Kristien : « Nous avons découvert que les personnes, même si elles étaient arrivées illégalement dans notre pays, avaient des droits comme l'aide médicale d'urgence, le service tracing de regroupement familial, l'aide au retour volontaire".
Se mettre dans la peau d'un demandeur d'asile
Dans le second reportage, Janne, étudiante en communication à la KULeuven, nous fait entrer au Parlement européen des Jeunes, à Bruxelles, une initiative où, pendant deux jours, dans l’enceinte du Parlement européen, une centaine de jeunes vont endosser le rôle de parlementaires, proposer des résolutions, voter des lois. Dans ce jeu de rôle, les jeunes expérimentent le fonctionnement de nos institutions et de la démocratie. Parmi les thèmes abordés, ils ont choisi l'asile et les migrations en Europe.
Objectif ? Lever les clichés
Une autre équipe de Citizen Reporter se rend à Louvain-la-Neuve, au kot à projet « Droits de l’Homme » (UCL) qui propose un jeu de rôle intitulé ‘Le parcours du réfugié’. Odile, présidente du kot, nous explique ce qui motive une dizaine d’étudiants à organiser cet atelier chaque année: «L’objectif est de lever les clichés que les citoyens peuvent avoir sur l’immigration en Belgique. Le ‘parcours du réfugié’ est un périple de 45 minutes durant lequel nous pouvons nous plonger dans la peau d’un immigré clandestin arrivant en Belgique avec tout ce qu'il peut connaître : accueil à l’Office des Etrangers, examen de son dossier, propositions de travail au noir, comparution devant un juge…».
Certains migrants paient 20.000 dollars pour entrer en Europe
Mathieu, Evoléna et Perrine interviewent Julie Vanstallen, du service Communication Asile et Migration de Caritas International. «Pour arriver chez nous, certains de ces migrants ont payé jusque 20.000 dollars à des passeurs et trafiquants pour traverser des déserts et des mers dans des conditions extrêmement périlleuses», nous explique Julie qui poursuit : «Certains ont réellement besoin d’une protection suite à des situations de guerre, comme en Syrie, ou de danger pour leur vie. Il faut se rappeler que la convention de Genève qui octroie le statut de réfugié a été rédigée en 1951 pour nous, Européens, qui après le désastre de la Seconde Guerre mondiale, avons cherché refuge aux Etats-Unis et avions besoin de protection.»
Les trois reporters rencontrent des femmes et des enfants qui sont hébergés par Caritas aux logis de Louvranges, à Wavre, dans l’attente d’une décision sur leur statut de réfugié. « Regarder une femme dans les yeux quand elle nous raconte son voyage et les dangers qu’elle a traversés, c’est avec cela que je repars, cette émotion qui me permettra de me faire une opinion quand je devrai parler de ce sujet », conclut Mathieu.