Vox-Pop : l'EuroMaïdan de Paris
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Monika MalbeauxLes manifestations en faveur de l’Euromaïdan rassemblent régulièrement plus de 300 personnes à Paris. La communauté ukrainienne et ses sympathisants se sont réunis pour la dix-huitième fois depuis le rejet de l’accord d’association avec l’Union européenne afin d’entonner des chants patriotiques et faire entendre leurs slogans révolutionnaires.
Jusqu’à présent, les revendications des manifestants se sont heurtées à l’indifférence des autorités françaises et européennes et rien ne laisse présager que cette situation va changer prochainement. Les demandes d’imposer des sanctions économiques aux oligarques ukrainiens ont pour l'instant été rejetées par les gouvernements européens le 27 janvier dernier. Pourtant, le lendemain, les représentants de l'UE ont débattu de la situation ukrainienne à Bruxelles avec... Poutine lui-même. Le carnaval de la Révolution Orange et les visites des ministres européens à Kiev sont loin derrière nous.
Dix ans après, elle nous rappelle plutôt la gueule de bois post-carnavalesque et les nombreux scandales perpétrés par le duo Iouchtchenko-Tymochenko, qui explique peut-être d'où vient cette apathie européenne. Mais alors, qu'est-ce qui incite donc les manifestants à participer au défilé organisé en soutien à l'Euromaïdan tous les dimanches à Paris ?
l'EUroMaïdan et les revendications de l'opposition
Michał, ingénieur polonais, en France depuis 9 ans, a contribué à l’organisation de la manifestation :
« Les Polonais sont très proches des Ukrainiens : nous partageons non seulement les mêmes frontières mais aussi la même culture. Les Ukrainiens empruntent le même chemin que les Polonais il y a 20, 30 ans et ont besoin de notre soutien. De plus, je vois que peu de personnes s’y intéressent en France - je crois que c’est surtout dû à l’ignorance et à une certaine indifférence sociale. Je ne peux pas aller en Ukraine alors je m’engage dans l’organisation de la manifestation à Paris. »
Matthieu, cinéaste français :
« J’ai beaucoup d’amis ukrainiens. Je suis de près tout ce qui se passe en Ukraine et je voulais leur montrer ma solidarité et mon soutien par ma présence à la manifestation. »
Bogdan, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, français d’origine ukrainienne :
« Je soutiens les revendications de l’opposition de tout mon coeur. J’espère qu’un jour l’Ukraine sera un pays sûr et démocratique. À long terme, le futur de l’Ukraine est au sein de l’UE et ces manifestations constituent un pas vers l’Europe. »
Mme Dorosh, psychologue retraitée, traductrice de poésie ukrainienne, Ukrainienne née en France :
« Je prie pour que Poutine et Ianoukovitch disparaissent de ce monde. L’influence russe ainsi que la domination de cette langue en Ukraine m’insupportent. Franchement, je n’ai plus la force de supporter les scandales et les manipulations des hommes politiques, je n’attends qu’une chose : que les membres du gouvernement crèvent. Tous. »
Roman, Ukrainien, en France depuis 13 ans :
« Nous avons le droit de demander la révocation des lois adoptées en janvier puisqu'elles ont été imposées à la société ukrainienne. Pourtant, la violence n’a jamais mené à rien de bon. Malgré tout, le gouvernement en place a été élu par les citoyens. Pour cette raison, nous ne pouvons pas contester son mandat, ce que nous devrions faire plutôt c’est chercher des solutions pacifiques pour mettre fin à ce conflit. Des élections anticipées ? Pourquoi pas, mais, même dans un pays européen, il serait difficile d’écarter du pouvoir un gouvernement élu démocratiquement. Je suis de tout coeur avec les manifestations à Kiev, mais je m’oppose férocement à l’utilisation de la violence - c’est mettre de l’huile sur le feu pour ceux qui présentent ces manifestations comme une provocation politique. Les agents de police sont aussi des citoyens ukrainiens et ils font leur travail. »
l'opposition et ianoukovitch
Michał :
« Je suis contre l'idée d'un gouvernement commun de l'opposition parce que la situation en Ukraine ne ressemble pas à celle en Pologne. Les Ukrainiens font couler le sang avec préméditation. J’ai l’impression que les fondements moraux du gouvernement de Ianoukovitch ont disparu. En tant que Polonais, je n’ai pas le droit de dire aux Ukrainiens ce qu’ils doivent faire, mais si j’étais à leur place, je serais contre cette mesure. »
Daniel, Français, professeur de mathématiques :
« Ce gouvernement commun, c'est un piège ! L’opposition ne devrait surtout pas accepter cette solution sans disposer de la majorité au Parlement. Ianoukovitch fera tout pour garder le pouvoir de son côté. »
Teodor, ébéniste retraité, Ukrainien, membre de l’Organisation des nationalistes ukrainiens, en France depuis 50 ans :
« Ianoukovitch en a déjà fait assez, il est temps pour lui de quitter la politique. Il faut regarder attentivement quelles ont été réellement ses actions, confisquer ses biens et le mettre en prison pour quelques années. Non, j’ai mieux ! Il faut le faire balayer les trottoirs devant le palais présidentiel ! »
Klitschko comme leader de l'opposition
Michał :
« Il a l’étoffe d’un dirigeant. On ne demande pas à un dirigeant d’être un génie, on lui demande de diriger. Il fait de la politique parce qu’il le veut : il a gagné assez d’argent pour vivre dans le confort et ne pas avoir à s’engager dans la politique. »
Bogdan :
« Klitschko ferait un très bon président car il sait unir la société ukrainienne de l’est et de l’ouest. Le manque d’expérience en politique joue en sa faveur et démontre son honnêteté et ses bonnes intentions. »
Mme Dorosh :
« Il est OK, mais il doit apprendre l’ukrainien au plus vite (en réalité il le parle, ndlr) ! C’est scandaleux qu’il ne parle que le russe. »
Teodor :
« C’est Klitschko qui est le meilleur candidat parce qu’il a gagné de l’argent à la force de ses bras. Le reste des manifestants c’est la même bande d’escrocs et de bandits que Ianoukovitch. Klitschko c’est le seul homme honnête là-bas. »
Translated from Vox-Pop: Paryski EuroMajdan