Vincent Lacoste, l'acteur qui n'a rien demandé
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Après avoir campé un ado à pustules dans Les Beaux Gosses, Vincent Lacoste enfile cette fois la burka pour le nouveau film de Riad Satouff, Jacky au Royaume des Filles. Doté d’un fort potentiel comique, le comédien de 20 ans a très vite imposé son naturel dans le monde du cinéma français qui le lui rend bien. Portrait d’un type finalement « comme les autres ».
Comme souvent, la soirée d'ouverture des 36émes Rencontres Henri Langlois se prolonge sur un verre. Dans un coin du bar, Vincent Lacoste régale l’auditoire, détendu et accessible. « C'est toujours bien de rencontrer le public, ça permet de prendre la température, voir si le film plaît ou non », explique t-il. Une tignasse de cheveux bouclés en bataille, une veste beige sur les épaules, il sourit : « ce soir, je l'ai bien senti, les gens ont rigolé ».
Tout commence à la cantine
Il avoue être tombé dans le cinéma par hasard. Il mangeait à la cantine quand des papiers d'inscriptions à un casting ont circulé. « Le directeur adjoint du collège faisait de la figuration et était un grand fan de cinéma. Des personnes sont venues dans le collège et ont distribué des papiers à tout le monde. » Il avoue lui-même ne pas s'intéresser tout de suite à ce casting, il perd même la fiche d'inscription. Mais lorsqu'un de ces amis est sélectionné pour une seconde audition, « je me suis dit que si lui avait été appelé c'est que c'était aussi possible pour moi. J'ai redemandé le numéro, j'y suis allé et j'ai été pris ! Je ne savais même pas quel rôle c'était », raconte-t-il, un sourire aux lèvres.
Vincent Lacoste a 15 ans quand il se retrouve à l'affiche des Beaux Gosses, le premier film de Riad Sattouf. « Mon tout premier plan, c'est une scène dans le bus où je dois me marrer. J'étais dans un état second, pas du tout nerveux, juste gêné par le look que j'avais. C'est là que j'ai réalisé que j'allais tourner un film », dit-il en s'ébouriffant les cheveux. Dans ce premier film, il campe Hervé, un ado boutonneux adepte de la masturbation et mal à l'aise dans un corps qui change. « C'est toujours difficile de se rendre moche pour un film qui va être vu par les gens qu'on connait. A 15 ans on n’est pas vraiment beau, c'est un âge ingrat. Ce n’était pas facile au début mais l'important pour moi c'était de faire le film. C'est sûr que j'aurais préféré jouer un jeune collégien ambitieux », affirme t-il en rigolant.
Consécutivement au succès du film, le comédien plonge d’entrée dans tout ce qui brille. Nominé aux Césars (meilleur espoir masculin en 2010, ndlr), présenté à un agent qui lui propose beaucoup d'autres rôles, Vincent Lacoste avoue qu'il n'a « pas eu besoin de galérer pour faire du cinéma. A 16 ans personne ne sait ce qu'il veut faire. Moi, on m'a donné l'occasion de ne pas avoir à choisir. J'avais juste à me laisser porter. C'est quand même un métier génial ! ». Depuis 2009, il a déjà tourné dix films et joué dans la dernière pièce de théâtre d'Édouard Baer, À la française. Parmi les réalisateurs et les acteurs avec qui il a travaillé, on retrouve surtout des femmes qui lui sont chères : Julie Delpy (Le Skylab) ou encore Noémie Lvovsky (Camille Redouble).
Le grand frère Riad Sattouf
Vincent ne tarit pas d'éloges sur celui qui a lancé sa carrière, Riad Sattouf, qu'il considère comme son mentor. « On est amis, on habite à coté, on se voit tout le temps. Il veille sur moi. » Il suffit de les voir tous les deux pour comprendre. Très proche l'un de l'autre, le réalisateur et l’acteur se poilent en permanence, rappelant ces relations qu’entretiennent les artistes avec leurs muses. Pour autant, Vincent fait la part des choses : « Riad est très exigeant. Il n'hésite pas à dire quand c'est nul. Il faut être concentré. Ce n’est pas vraiment la grosse rigolade sur le plateau. Mais il sait où il va, ce qu'il veut. » Le réalisateur a directement pensé à lui pour le rôle de Jacky au royaume des filles mais Vincent n’aurait jamais été admis sur le tournage s’il n’avait pas eu son bac (d’économie, nda). Pour le reste, notre jeune se pose peu de questions quand il s’agit de son pote. « Je ne me suis jamais demandé si le scénario était bien ou pas. Je lui fais une confiance absolue. »
Jacky est un jeune célibataire vivant chez sa mère et qui n'a qu'un rêve : épouser la colonel, fille de la dictatrice de Bubunne (Charlotte Gainsbourg, ndlr), un pays imaginaire où les femmes ont le pouvoir sur les hommes, soumis et voilés. Naïf et simplet, Jacky cherche à tout prix à rencontrer la femme de sa vie, au détriment d'événements qui le dépassent. Vincent avoue avoir beaucoup travaillé son personnage, avec l’aide de Sattouf et d’un coach. « Je devais jouer un personnage soumis et obéissant. Je ne suis pas très viril mais j'ai une grosse voix. J'ai dû la travailler sans tomber dans le stéréotype », raconte-t-il en déformant sa voix.
Le serment d'hippocrate et gta 5
Sur sa vie privée, Vincent reste flou. Il considère vivre normalement, « glander à l'appartement (il a quitté le domicile familial au début de l'année, nda), sortir, prendre le métro, boire des coups et jouer à GTA 5 ». Il ne cherche pas vraiment à être reconnu. D'ailleurs, ça n'arrive que rarement et il préfère que ça reste comme ça. Quand on l’interroge à propos de ses projets, l’artiste répond en déconnant qu’il va « profiter des Rencontres Henri Langlois, aller manger et faire la fête avec les festivaliers déjà présents ! » avant d’ajouter – sérieusement - qu' « être réalisateur c'est le meilleur métier de la terre et avoir un festival qui montre des films d'études c'est génial ! Acteur c'est bien, mais être réalisateur permet de raconter tes propres histoires. » Pour l'instant, il préfère faire l’acteur et ne pas trop se projeter. Dans l’absolu, Vincent Lacoste vient de finir de tourner Hippocrate de Thomas Lilti (sortie prévue en début d'année 2014, nda), où il interprète un médecin. « C'est mon premier rôle qui sort de la comédie, précise-t-il ravi. Mais j'ai quand même réussi à caler 2-3 blagues ». On ne se refait pas.
Bande-annonce de Jacky au royaume des filles (en salles le 29 janvier 2014 )
Tous propos receuillis par Flavien Hugault.