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Vetusta Morla : « Nous faisons du rock espagnol, sans composante ethnique»

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Story by

Marta Arias

Translation by:

Alice DC

CultureSociété

Tantôt aimé, tantôt détesté, le groupe espagnol Vetusta Morla déchaîne les passions sur son passage. Fuyant les étiquettes, le groupe, né dans les années 90 dans les salles de classe d'un lycée madrilène, a progressivement conquis un public de plus en plus hétérogène.

En 2008, l'album Un día en el mundoUn jour dans le monde ») a été un immense succès et a fait de Vetusta Morla l'un des groupes forts du paysage musical espagnol. Leur chanson Copenhague a été élue comme l'un des trois meilleurs morceaux indie espagnols de ces trente dernières années. Voici Puncho (chant), Guillermo Galván (guitare), Jorge González (percussions), David García « El Indio » (« L'Indien ») (batterie), Álvaro B. Baglietto (basse) et Juanma Latorre (guitare) qui sont actuellement en tournée au Mexique, espérant ainsi augmenter leur visibilité à l'international.

cafebabel.com : Vous avez sillonné les routes d'Espagne, d'Argentine et du Mexique... À quand une tournée européenne ?

Juanma : "Nous espérons qu'il y en aura d'autres. On nous parle de scènes très intéressantes en Allemagne et en France, mais nous avons un léger handicap, qui est la langue."Juanma : En mars, nous irons à Londres et, bien que nous ayons fait quelques dates en Italie, ce sera notre première vraie incursion en Europe. Nous espérons qu'il y en aura d'autres. On nous parle de scènes très intéressantes en Allemagne et en France, mais nous avons un léger handicap, qui est la langue. Nous chantons en espagnol, or, c'est difficile de toucher un public qui ne partage pas notre langue. On nous a tout de même beaucoup encouragés à y aller, en nous disant que les gens ont envie d'écouter de la musique en castillan... Le deuxième inconvénient, c'est que nous faisons du rock espagnol, sans composante ethnique. Si nous faisions du flamenco, par exemple, nous pourrions être mieux accueillis...

cafebabel.com : Avez-vous déjà songé à chanter dans une autre langue que le castillan ?

Guille : Pour dire la vérité, non. Quand nous avons commencé, nous avons tenté l'expérience : nous avons ainsi fait une chanson en anglais et une autre dans laquelle nous baragouinions dans plusieurs langues. Mais nous nous sommes vite rendu compte qu'il était nécessaire de maîtriser le texte, tout comme il l'était de maîtriser au mieux nos instruments pour être précis dans ce que nous faisions. Si nous voulions transmettre avec justesse ce que nous avions dans la tête, ça ne pouvait se faire qu'en castillan.

cafebabel.com : Vous avez monté votre propre maison de disques. Comment est-ce arrivé ?

Pucho : Un peu par nécessité. Au début, nous avons fait une pré-maquette de l'album que nous avons envoyée à toutes les maisons de disques, en vain. Nous sommes donc passés au plan B, qui consistait à enregistrer l'album sans l'aide d'une maison de disques dans un premier temps, et à essayer d'en trouver une dans un deuxième temps. Ça n'a pas marché non plus, alors nous sommes passés au plan C : nous avons monté notre propre maison de production. Pour l'album MapasLes cartes »), nous avons décidé de continuer sur notre lancée, car nous avions imaginé ce support pour produire notre premier album et ça avait bien fonctionné.

cafebabel.com : Le succès n'a pas été immédiat. À quel moment vous êtes-vous dit «on ne contrôle plus rien» ?

Pucho : "Nous sommes passés au plan C : nous avons monté notre propre maison de production. Pour l'album Mapas (« Les cartes »), nous avons décidé de continuer sur notre lancée".Juanma : Avec l'explosion médiatique de 2009, on pourrait croire que nous sommes sortis de nulle part. Mais ça faisait longtemps que nous travaillions et tout s'est déroulé tellement progressivement que nous avons eu le temps de tout intégrer. Mais il y a bien eu des moments particuliers, comme lorsqu'on a chanté Qué es lo que está pasandoQu'est-ce qu'il se passe ») de Deluxe.

Guille : Il y a eu un épisode marquant, même si on n'en parle peu. C'était lors de notre premier concert à La Riviera, à Madrid. Vous vous en souvenez ? Il y avait plusieurs groupes et nous, nous n'étions qu'un de plus. On pensait que le concert était terminé, mais le public a entonné « oh hé, oh hé, oh hé » en cœur. On était scotchés, on se disait « Mon Dieu »...

Jorge : Pour moi, c'est aussi ce moment-là qui a tout changé, car j'ai dû fermer mon bar. Je me suis rendu compte qu'il me serait impossible de concilier les deux et que le groupe allait exiger un engagement à plein temps.

cafebabel.com: Quelle musique passez-vous dans la camionnette et qui décide ?

« Avec l'explosion médiatique de 2009, on pourrait croire que nous sommes sortis de nulle part. Mais ça faisait longtemps que nous travaillions (...) »

Guille : C'est le copilote, qui est le plus près des commandes, et donc bien souvent, c'est Juanma, même si ceux assis derrière exercent parfois des pressions sur lui. Mais, normalement, les trajets en camionnette sont consacrés au repos, et nous essayons de ne pas mettre de musique.

Juanma : Je fais des compils... Je les prépare à l'avance et je me fâche quand les autres les arrêtent. Je n'ai pas encore reçu de menaces, mais ils m'ont déjà jeté une bouteille en plastique.

cafebabel.com : Vous vous sentez plus à l'aise lors des petits concerts acoustiques ou des grands concerts électriques ?

Jorge : Les concerts acoustiques sont si peu fréquents qu'ils me rendent encore plus nerveux, car, outre ce caractère exceptionnel, c'est souvent très aléatoire. Nous sommes plus habitués aux concerts électriques, mais les acoustiques représentent quelque chose de rare que nous faisons de temps en temps. Lesquels je préfère ? Je ne peux pas me résoudre à choisir.

cafebabel.com : Après tant de concerts et de chemin parcouru, y a-t-il quelque chose auquel vous ne vous habituez pas ?

Guille : Je dirais le moment avant un concert. C'est horrible !

Juanma : Oui, l'attente juste avant le concert. Nous sommes toujours très nerveux. Avant le concert que nous avons donné à Tres Cantos (ville située au nord-ouest de Madrid) pour l'anniversaire d'Amnesty International, on tremblait comme des feuilles... C'était très spécial, parce que nos familles et tous nos amis étaient là. Et nous avons fait quelque chose que nous n'avions jamais fait auparavant : c'était la première fois que nous jouions les morceaux de Mapas en acoustique. Tout était nouveau. Je crois que, de toute la tournée, c'est ce concert qui m'a rendu le plus nerveux...

Vetusta Morla sera en tournée au Mexique jusqu'au 18 novembre 2011.

Photos : Une © Marta Arias ; pochette de l'album Sonorama 2008, página oficial de facebook de Vetusta Morla; vidéo: vetustamorla/youtube.

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Translated from Vetusta Morla: “Hay interés por escuchar música en castellano fuera de España”