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Vélos multicolores contre tôle grise

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Default profile picture chris

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Default profile picture isabelle foucrier

Société

Politisés ou non, les manifestants à vélo militent pour les droits du cycliste contre les engins à moteurs. Ces activistes rêvent d’une ville plus écolo où leurs montures occuperaient une place prépondérante.

Ils réclament une réappropriation collective de la rue et organisent des défilés multicolores de cyclistes tonitruants et enrubannés de drapeaux. Ensemble, contre la tristesse d’une déferlante métallique, dans une ambiance de pots d’échappement… L’idée est née outre-Atlantique et est illustrée dans le film Return of the Scorcher, un documentaire écologique signé en 1992 par le réalisateur américain Ted White. Au début, le spectateur ne voit que des cyclistes isolés et hésitants qui attendent. Ils sont de plus en plus nombreux, et forment finalement ce qu’on appelle une « critical mass ». Ils viennent sans pancartes, attendent que suffisamment de cyclistes les aient rejoints pour s’opposer ouvertement aux automobilistes et aux conducteurs de camions.

L'évolution vélorutionnaire (Beyond20khz/flickr)

Sans que cela ne dégénère en altercation ni en accident, les cyclistes infiltrés dans la circulation, finissent par avoir l’avantage numérique. Cette scène évoque un renversement du rapport de force habituel et est à l’origine d’un mouvement mondial. Né à San Francisco aux Etats-Unis, ce type de rencontre à deux roues s’est propagé dans d’autres grandes villes du monde, puis s’est régularisé peu à peu, pour se transformer en manifs revendicatives et festives.

« Nous sommes la circulation ! »

En Europe, le mouvement s’est popularisé et a trouvé des adeptes dans toutes les grandes villes. Les participants déboulent souvent sans être chapeautés par la moindre association. Ces descentes ont lieu quand un appel a fait affluer suffisamment de participants. Mais la réussite d’un rendez-vous est aussi le fruit d’une distribution de tracts, d’un bouche-à-oreille, et d’annonces diffusées sur Internet.

Cependant, la « critical mass » ne doit pas être considérée comme une manifestation publique, style défilés de banderoles. D’ailleurs, on peut lire sur le site Internet de l’antenne berlinoise du mouvement : « Nous ne faisons pas de manifs organisées, nous sommes la circulation ! ». Les participants se réunissent simplement parce qu’ils le veulent.

Ils ne poursuivent aucun but politique, ils ne s’engagent pas pour la défense d’une seule et même cause. Les descentes n’étant pas annoncées, chacun est en devoir de respecter scrupuleusement les règles de circulation. Chacun prend ses responsabilités.

La vélorution à Budapest en 2007

C’est ce principe qui différencie les « vélorutions », comme disent les militants parisiens, des autres rassemblements de cyclistes, comme par exemple les « rallyes de vélo » qu’organise l’Allgemeine Deustche Fahrrad Club Berlin e.V. (ADFC), la Fédération Générale Allemande de cyclisme de Berlin.

Lorsqu’une fois par an, des cyclistes déferlent de partout en direction de la Grande Etoile, la place centrale de la rue du 17 juin à Berlin, l’ADFC de Berlin annonce l’événement comme une « manifestation ». Lors du dernier « Sternfahrt », en français « circuit de l’étoile » en juin 2007, ce sont 250 000 participants qui sont venus de toute l’Europe. En ayant lieu ostentatoirement au même moment que la journée mondiale de l’environnement, cette manifestation de cyclistes est aussi un engagement politique pour la protection du climat. Mais le mouvement présente aussi le vélo comme gage de sécurité et de forme physique.

« Vive la vélorution ! »

En France, quoique beaucoup plus ancrée localement, la « vélorution » s’apparente à la « critical mass ». Dans « l’appel de Paris », les vélorutionnaires réclament l’abolition de la voiture. Selon eux, toute la ville serait taillée autour de la voiture, et cette dernière serait la première source de bruit, de pollution, de stress et d’accidents. Ils accusent la voiture d’une double contamination, visuelle et environnementale. Dans ce même « appel », les activistes font remarquer que, contrairement au vélo, les véhicules conçus pour cinq personnes sont en moyenne remplis par 1,2 personnes.

Les vélorutionnaires revendiquent entre autres la mise en place de « réseaux verts » reliant entre eux les quartiers de la ville : des pistes cyclables généreuses pour les skaters, les cyclistes, les piétons et tous les moyens de transport non-motorisés. Les vélorutionnaires sont politiquement attentifs aux engagements de la ville, et n’hésitent pas à manifester contre des projets de construction concrets.

A Hannovre, la première manif à vélo organisée par les habitants, en mai 2007

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Translated from Radelnde Revolutionäre