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Vélib' & Co : la petite reine européenne

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Société

Alors que la capitale parisienne savoure le succès de l’aventure Vélib’, lancée cet été, le phénomène des bicyclettes urbaines en libre service poursuit sa contagion en Europe.

Une invasion. Un raz-de-marée. Le 15 juillet dernier, plus de 10 000 vélos en libre service, les fameux Vélib's [contraction de vélo et liberté], sont lâchés dans les rues de Paris, suscitant la curiosité puis l’enthousiasme des franciliens. Un mois après son lancement, au coeur de l'été, l’opération fête déjà son millionième utilisateur. Les édiles sont ravis face à ce succès inespéré. Il faut dire que cette petite 'révolution' des transports tient beaucoup au concept (apparemment) novateur de Vélib’ : mise à disposition quasiment gratuite et (l’abonnement, symbolique, est d’un euro par jour, 5 euros pour 7 jours ou 29 euros l’année), disponibilité omniprésente grâce aux 750 stations mises en place.

Débordée par l’enthousiasme des usagers -et dans la perspective des élections à venir-, la municipalité de Paris a depuis pris ses dispositions : elle entend pérenniser le système et mettre en place à terme, près de 20 000 vélos et 1450 stations. Néanmoins, le succès n’a pas empêché quelques couacs : système informatique parfois défaillant ou problème d’encombrements sur certaines stations....

Développés par JC Decaux, dans le cadre de son système ‘Cyclocity’, les Vélib’ collent parfaitement aux aspirations modernes : faire du vélo un transport en commun, propre pour l’environnement et sain pour les citadins. «L’initiative renvoie une image positive, » confie Judith Perker, sur son blog velib.fr, « celle d’une cité idéale dotée de moyens de circulation propres. » Sans oublier l’individualisme communautaire.

Si la médiatisation est récente, l’idée, elle, a plus de trente ans. Les Pays-Bas, tout comme les contrées nordiques, ont été les grands pionniers en matière de cyclomania. Un exemple ? Cela fait des années qu’au sortir de la gare d’Amsterdam, un parking cycliste s’élève sur plusieurs étages et permet aux visiteurs de visiter et découvrir les charmes de la ville à bicyclette.

Gangs urbains

En 1998, c'est le concurrent britannique de JC Decaux, ‘Clear Channel’, qui lance à Rennes 'vélo à la carte’, le premier libre-service de vélos informatisé au monde, une tendance qui a ensuite essaimé dans toute l’Europe. Même si les médias français ont voulu faire de Vélib’ l’invention du siècle, cela fait plusieurs mois, voire des années que les bornes de prêt de vélos existent dans la plupart des grandes villes du continent : ‘Citybike’ à Vienne ou ‘Cyclocity’ à Bruxelles.

Les faibles coûts d’investissement ont même permis à de petites municpalités de s’équiper à l’aune de leur ambition. Ainsi, Gíjon dans les Asturies ou Mulhouse en Alsace peuvent désormais s’enorgueillir de proposer respectivement 64 et 200 vélos, de petits efforts pour de grandes balades citadines.

Deux acteurs se disputent le marché : les deux principaux magnats de la publicité et du mobilier urbain, Clear Channel et JC Decaux . A Paris, la gratuité du dispositif pour la municipalité a tout de même un coût : JC Decaux qui emporté l’appel d’offre finance donc l’installation et l’entretien des Vélib’, en échange d’un monopole garanti pour la location des panneaux d’affichage publicitaires de la ville de Paris.

Ce principe du 'cadeau' s’est d’ailleurs reproduit dans toutes les villes où a été lancé la location en libre service de bicyclettes. « Dommage que les bonnes initiatives ne soient souvent que les conséquences de manœuvres commerciales, » pensent bon nombre des usagers, pourtant conquis par ce nouveau moyen de transport.

Mais le vélo en libre service, qui permet de découvrir la ville dans une démarche écolo, favorise paradoxalement le déploiement de la publicité ‘intra muros’, autre source de pollution, visuelle cette fois.

Vélo, Boulot, Dodo

Si l’essor des bicyclettes dans les villes européennes se poursuit, pourquoi ne pas imaginer que le vélo devienne bientôt le trait d’union géographique de l’Union ? Déjà, les mairies françaises concernées par Vélib' réfléchissent à une uniformisation des systèmes de gestion afin qu’une seule adhésion puisse ouvrir aux cyclotouristes toutes les selles de l’Hexagone. Et il n’est pas insolite d’imaginer qu’un jour, cette idée puisse s’étendre à toute l’Europe.

Peut-être que les utilisateurs en viendront au modèle un peu fou de la ville suisse de Chaux-de-Fonds : la-bas, foin des bornes, abonnements ou cadenas. Des vélos roses sont répartis dans toute la ville et tout un chacun peut utiliser librement la bicyclette qu’il pourrait trouver sur son chemin avant de le laisser à une place visible pour qu’un prochain passant puisse également en profiter.

Le Vélib's en toute liberté...