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Veejaying : les nouveaux DJ de l’image

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Culture

Le Vj-ing est une nouvelle discipline en pleine expansion, consistant à mixer en direct images et matières sonores.

Il y a dix ans, personne ne connaissait encore cette expression artistique. Le ‘VJ-ing' -ou veejaying- a pourtant vu le jour dans les années 1990. Né sur la scène techno, ce mouvement de s’est approprié de nouveaux espaces festifs, valorisant autant l'esthétique que l'acoustique.

Popularisé par la chaîne musicale américaine MTV, le sigle ‘VJ’ [‘vidéo-jockey’] faisait à l’origine référence aux animateurs et présentateurs de clips vidéo. Le terme a évolué et désigne désormais des créateurs d’animations visuelles. Bien ancré dans l’air du temps, le VJ-ing prospère au rythme des avancées technologiques. Il connaît aujourd’hui un succès accru en s’ouvrant à de nombreux styles musicaux : jazz, rock et même classique.

VJ Tintin et VJ Templar sont deux artistes marseillais qui travaillent en partenariat avec l’association lyonnaise Mediatone dans l’évènementiel. Le temps d’un soir, ils rendent hommage à de grands artistes disparus de Kurt Cobain à Serge Gainsbourg. « L'intérêt est de mixer des clips de l'artiste avec des images de caméras et de présenter une partie live de notre propre cru. Une ‘fusion’ se produit ainsi sur les écrans, renforçant la portée de l'hommage », explique VJ Templar.

Stiouf Allright et Le Collagiste, VJ à Toulouse, puisent eux leurs idées dans leur environnement artistique et leur vécu. « Le mouvement humain en 3D et le cinéma SF sont mes principales sources d’inspiration », raconte par exemple le Collagiste.

Bavardage d’images

Créateur d'expériences visuelles, le VJ doit être polyvalent. Artiste mais aussi technicien, il doit être capable d'élaborer le matériel nécessaire au mix vidéo : boucles, sampling, animations, création d'images fixes et manipulation de caméra. « Le VJ est un artiste technicien, qui crée une expérience visuelle comme une peinture vidéo éphémère sur écran géant » explique Le Collagiste. Pour Stiouf, un VJ « n’a pas besoin de mots pour s’exprimer mais est bavard en terme d’image. » Artiste nomade, Stiouf travaille en Amérique du Sud et en Asie, notamment en Thaïlande. En France, il se consacre au ‘street art’ en organisant des projections de ses travaux du haut des toits de Paris, sur les quais ou dans des endroits abandonnés.

Les pionniers du VJ-ing travaillaient avec des projecteurs de diapositives, dont l'installation dans les lieux festifs relevait parfois de la prouesse technique. Cette pratique existe encore et permet de créer des habillages impossibles à réaliser avec les vidéo-projecteurs modernes.

Grâce au magnétoscope, les artistes ont pu recréer de mini-studios de montage en temps réel.

Mais les premiers VJs ont véritablement émergé avec l’avènement du PC et de l’internet. Aujourd’hui, ces bidouilleurs cathodiques utilisent des tables de montage ou de mixage virtuelles. Avec cet usage massif de l'ordinateur, sont apparues d'importantes communautés online, qui proposent de nouvelles réflexions sur la scène VJ et son avenir.

Depuis quelques années, les artistes ont investi les salles de spectacle, les discothèques, les galeries d'art, les salons, les théâtres… bref, tout lieu susceptible d’accueillir prestations éphémères ou projections de clips publicitaires. Les musées d’art contemporain et les festivals de musique (AVIT , Contact-Europe ou Vision’R) présentent désormais des installations de veejaying.

Manque de visibilité

Le Collagiste déplore cependant le peu de visibilité dont souffre encore cet art, notamment en France. «< i>Etant donné le peu de reconnaissance du VJing, il est difficile de se faire une place sur scène et d'obtenir un cachet convenable. » Pour remédier à cette frilosité de la part des institutions nationales, VJ Tintin et VJ Templar ont fondé Vizu Hell, une association qui promeut des artistes émergents et entend les rassembler autour d’une ligne artistique précise. Stiouf participe peu aux festivals et déplore parfois l’aspect commercial du VJing. Le site MySpace demeure à ses yeux une excellente plate-forme promotionnelle.

Stiouf partage l’avis du Collagiste. « Les Français sont très bons mais ne prennent pas assez de recul par rapport à leur travail. Ils se concentrent sur le culte du moi et non sur l’ambiance. Se posent aussi les problèmes de propriété intellectuelle, de la crainte de se faire voler son œuvre au risque de sombrer dans la paranoïa égocentrique. »