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Varsovie, toujours plus haut

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Default profile picture Sophie Ehrsam

SociétéPolitique

2011 : la transformation de Varsovie ne fait plus aucun doute. Les gratte-ciel y fusent à un rythme effréné. Une étudiante allemande fait le voyage spatio-temporel pour cafebabel.com.

C’est en 2005, un an après l’élargissement de l’UE, que je suis allée en Pologne pour la première fois. À l’approche de la capitale, à bord du Berlin-Warszawa-Express, il y avait une tour remarquable qui se dressait comme une fusée dans une mer chaotique de maisons disposées au petit bonheur la chance. J’ai demandé à un voyageur quelle était cette construction. Le Polonais m’a regardée avec étonnement et non sans une pointe de reproche : « C’est le Palais de la culture, a-t-il répondu, le symbole de la ville le plus connu. »

Maintenant, je le sais : beaucoup de Polonais ont une relation paradoxale avec ce « rêve de pâtissier fou ». C’est ainsi qu’ils appellent – non sans méchanceté – le Palais de la culture, à cause de son opulence de pièce montée. Staline (car c’est lui, le « pâtissier fou ») voulait attirer l’attention sur l’amitié entre l’Union soviétique et sa camarade Pologne avec cette bâtisse qui était à l’époque (au début des années 50) la deuxième plus imposante d’Europe.

Aujourd’hui, quand on regarde la ville depuis le 30ème étage du palais sur la plate-forme aménagée à 141 mètres de hauteur, on voit une métropole capitaliste florissante qui pourrait se situer n’importe où en Europe. La silhouette de la ville évoque Francfort, voire New York ou Boston. Les gratte-ciel de verre bleuté scintillant ne concurrencent pas seulement le Palais de la culture par leur hauteur. En termes d’architecture ils ne sont pas moins remarquables que le cadeau de Staline.

Le boom économique, exclusivité de Varsovie

Le toit de verre aux ondulations extravagantes de la « Terrasse Dorée » attire lui aussi l’attention. À grands renforts de panneaux publicitaires géants et de faux marbre, cet espace (un centre commercial) attire une masse d’infatigables consommateurs. De tous les coins du pays on se rend à Varsovie, là où les entreprises étrangères investissent, là où il y a de l’argent et du travail. En effet, comparé au développement spectaculaire de la capitale au look euro-moderne, le reste du pays ne voit guère la couleur du boom économique.

Euh, d'un immeuble pardon.

Même à Varsovie, les façades lisses impeccables font oublier que les loyers, en constante augmentation, et les prix élevés sont difficiles à concilier avec des revenus qui restent bas, comparés au reste de l’Europe (en moyenne 4 500 zł soit environ 1000 euros brut par mois) : souvent, un seul job ne suffit pas.

Lire aussi sur cafebabel.com : « Euro 2012: nouvelle Pologne, nouveau terrain : histoires du stade national de Varsovie »

Tard dans la nuit on voit encore les lumières allumées dans les bureaux. Le style de vie des métropoles de l’ouest s’est plus rapidement imposé que leur niveau de vie : les cafés, brasseries et restaurants sont bien remplis tandis que de nouveaux clubs et de nouvelles galeries ouvrent sans cesse. Tout n’est que construction et rénovation d’un bout à l’autre de la ville, et ça se passe maintenant, juste avant l’Euro 2012 : la ville se modernise avec l’aide de capitaux de l’UE qui se chiffrent en milliards. Le projet inclut une deuxième ligne de métro, de nouvelles rues, de nouveaux hôtels et un nouveau stade. Et il souffle sur les chantiers et les rues embouteillées un vent d’optimisme qui embrasse la modernisation, encore renforcé par le bilan positif : la croissance économique de la Pologne est la seule de l’UE à rester positive malgré la crise de l’euro et de la finance. En 2010, la croissance du Produit intérieur brut de la Pologne (+3,8%) a dépassé celle de l’Allemagne. Les pronostics pour 2012 sont très prometteurs.

Difficile de comparer cette Varsovie 2011 avec la ville que j’ai visitée pour la première fois il y a six ans. On ne reconnaît plus grand-chose, et des lieux qui m’avaient plus parce qu’ils n’étaient pas encore passés au crible de la standardisation européenne, comme la foire de l’Europe, le « marché russe », qui a dû céder la place au chantier du stade pour le Championnat, ont entretemps disparu. Le Palais de la culture domine toujours la ville. Mais chaque fois que je regarde par la fenêtre du Berlin-Warszawa-Express sa silhouette à la fois communiste et futuriste, je m’attends à ce qu’un nouveau gratte-ciel vienne le coiffer au poteau.

Photos : (cc)Daniel Gasienica/flickr

Translated from Wirtschaftswachstum: Warschau kratzt an den Wolken