Usines à culture : objectif recyclage
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Prune AntoineNombre de vieilles usines, témoins de la révolution industrielle, sont reconverties en bouillonnants centres culturels.
C'est au début des années 90 que s'est esquissée une nouvelle tendance architecturale : redonner vie à des espaces de production et de stockage, abandonnés au moment de la désindustrialisation. Résultat : aujourd'hui, un peu partout en Europe fleurissent des projets de réhabilitation de terrains vagues sur lesquels subsistent des installations industrielles à l’abandon.
Majoritairement situés en zone urbaine, près des centres-villes, ces 'friches industrielles' sont déstructurées, souvent contaminées par des produits chimiques ou des polluants divers, ce qui rend leur réhabilitation coûteuse et compliquée. L'agence de protection de l'envrionnement américaine estime que la surface de ces no mans' land représente près de 600 000 hectares sur le Vieux continent,
Cette tendance de la ville à se renouveler sur elle-même plutôt que d’empiéter sur le périurbain, renvoie d'ailleurs au concept désormais hype, de développement durable. Le credo : remettre en état plutôt que de démolir pour reconstruire. Revue de détail de ces usines éphèmères.
Budapest : Szimpla Kert, le four d'acier
Le 'Szimpla Kert' est situé dans le VIIè arrondissement de Budapest et depuis son ouverture il y a 3 ans, il est l'un des centres arty névralgiques de la capitale. L'intérieur a été rénové en faisant preuve de fantaisie et de créativité, conservant néanmoins un esprit 3x8 'ambiance d'usine', comme l'ont souhaité ses propriétaires. Les murs de brique et l'ancien écran de cinéma ont été conservés tout comme des vieux objets industriels. Acquis par quatre jeunes Hongrois qui avait la ferme intention de transformer l'endroit en discothèque, le Szimpla Kert abrite désormais un restaurant, un bar et un cinéma de plein air. Chaque semaine, un concert a lieu : au printemps, le lieu accueille un marché aux puces. En été, on peut profiter de ces mêmes activités en plein air. « Kert », en hongrois signifie « jardin ». Urbain assurèment.
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Essen : dans la mine 'Carl', le charbon se transforme en musique
La 'Zeche Carl' [Mine Carl] se trouve en Allemagne, dans la vieille ville d'Essen, près de Cologne. Cette ancienne usine à charbon est devenue un centre culturel de renom où sont constamment organisés concerts, fêtes et ateliers. L'édifice, datant du 19ème siècle est situé dans la Ruhr, une région qui a longtemps vécu de la production de charbon. De fait, le quartier ne s'est jamais remis du déclin de l'industrie sidérurgique dans les années 70.
En 1973, la dernière mine a été fermée et la 'Carl' aurait dû aussi subir le même sort si les habitants du quartier ne s'y étaient opposés : en 1977, ils fondent l'association 'Initiative Mine Carl” et réussissent à convaincre la municipalité d'Essen de conserver l'établissement. Aujour'dhui la 'Zeche Carl' fait figure de monument emblématique de la ville, véritable mine culturelle.
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Athènes : le Gazi de l'Acropole
Le centre culturel 'Tecnopolis' occupe l'ancienne centrale de gaz d'Athènes, 'Gazi' en grec. Sur 30 000 m2, le lieu héberge désormais un musée de l'Industrie, une discothèque, un bar et un restaurant. Trop vétuste et polluant, l'usine a fermé ses portes en 1983 sous la pression de la municipalité qui s'est empressée de reconvertir les locaux, idéalement situés près de l'Acropole. 'Tecnopolis' a été inauguré en 1999 et grâce à ses nombreux bâtiments du 19ème siècle soigneusement conservés, il ressemble à une véritable usine à culture.
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Londres : la Tate Modern
Le musée d'art contemporain de la Tate Modern, inauguré en 2000, est l'un des plus importants et des plus connus chantiers de reconversion en Europe. La collection permanente de la Tate contient des oeuvres d'artistes classiques comme Turner, Pablo Picasso et Marc Chagall ou plus contemporains comme Martin Creed et Jeff Koons. Dans son énorme salle des machines abritant le générateur de l'usine, les jeunes artistes ont la possibilité d'exposer des oeuvres inédites. Jusqu'au 9 avril, les visiteurs peuvent ainsi tester l'installation de toboggans géants. Le musée faisait anciennement office de centrale électrique la 'Bankside', placée sur la rives sud de la Tamise.
Construite entre 1947 et 1963, l'usine a fermé en 1981. Son impressionnante cheminée de 99m -une hauteur soigenuesment calculée pour ne pas dépasser le dôme de la cathédrale Saint-Paul en face- est son symbole majeur. Et ce sont les architectes Herzog & de Meuron qui se sont chargés du travail de reconversion à partir de 1995.
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Fotos: Szimpla Kert, Rasi57/ Wikimedia Commons (Zeche Carl), Matt Adam (Gazi), Michael Reeve/ Wikimedia Commons (Tate Modern)
Translated from Kulturfabriken: Aus alt mach neu