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Urbanisme : les habits neufs d’Europolis
Published on June 4, 2009
Culture Société Politique
A Bruxelles , le bleu et le jaune ne sont pas seulement les deux couleurs de l’Europe. Elles servent aussi à baliser les dizaines de chantiers en cours dans le quartier où sont établies les institutions communautaires.
Passerelles, déviations, rues barrées, parcours piétonniers provisoires sont quelques-uns des obstacles que les « eurocrates » doivent franchir afin d’aller rejoindre leur poste de travail dans l’un des 60 bâtiments qui constituent le quartier de l’Europe proprement dit.
« Le quartier de l’Europe est un quartier qui a surgi en 1958 dès la naissance du processus d’intégration et qui a connu une croissance peu planifiée », explique Benoit Moritz, membre de l’école d’architecture de La Cambre (les arts décoratifs de Bruxelles). Ces structures furent improvisées à la hâte, nécessitées par un besoin urgent de construire des bureaux et des lieux de réunion à l’intention des nouveaux fonctionnaires de l’Europe qui se mettait en place.
En empruntant au vocabulaire médical un terme utilisé pour désigner l’avancée d’une tumeur cancéreuse, appliqué ici à l’urbanisme, l’architecte qualifie ce développement brouillon de prolifération invasive sur le tissu urbain d’origine. « Cette décision guidée par des choix indépendants ne fut pas accompagnée de projections ni de prévisions, étant donné qu’il n’aurait pas été possible de les faire respecter. Il aurait fallu mener une comparaison des coûts, décision qui était du ressort de l’Union et impliquer dans la conception du projet les habitants qui ne furent jamais consultés. A cela est venue s’ajouter une fièvre de spéculation immobilière qui s’est emparée des édiles municipaux. »
La pire conséquence de cette absence de projet élaboré, c’est le véritable ghetto administratif qui en ressort : un lieu impersonnel peuplé d’hommes en vestes et cravattes et de femmes en tailleur et caddies à portée de main qui ne s’intègrent pratiquement jamais, sinon peu, au reste de la ville.
Dès le vendredi soir, une fois que les eurocrates ont migré vers d’autres cieux, le quartier vidé de sa substance, n’ayant plus à offrir jusqu’au lundi suivant que de grandes artères désertes et des bâtiments inhabités aux autres Bruxellois et aux touristes de passage, dévoile ainsi son aspect le moins fascinant d’un pur point de vue architectural.
Les chantiers qui se mettent en place aujourd’hui témoignent d’une volonté de remodelage des lieux. Le projet d’ouverture du site européen « au ciel et à la ville » a eté confié à Christian de Portzamparc dont le souhait est de réhumaniser l’endroit en réduisant cette impression de « gris et de tristesse » qui le caractérise. Le célèbre architecte français a pour idée de développer les pistes cyclables, de limiter l’intensité de la circulation aux abords de la longue rue de la Loi et de créer plus d’espaces ludiques, culturels, récréatifs et commerciaux. Benoit Moritz se montre cependant sceptique : « C’est un projet ambitieux qu’on entoure pour le moment de beaucoup de communication, mais il va falloir attendre de voir ce que cela donnera vraiment une fois qu’il aura abouti. Il y a des obstacles de nature logistique et spéculative, et une fois de plus, la population n’a pas été consultée. »
Translated from Bruxelles: Il quartiere europeo si veste di nuovo
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