univie, uni-vit-de-quoi ?
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Amélie MarinTrop d'étudiants + trop peu de ressources = chaos
La fac n'est plus ce qu'elle était.
Pensée et construite comme la Mecque du savoir et du débat, comme un refuge pour curieux. Depuis l'école antique des philosophes et des juristes sur l'admission des femmes dans la formation, dominée par la gente masculine jusqu'au point de départ de révolutions dynamiques.
L'université a toujours une place dans la société qui faisait vaillamment et solidement face à l'adversité de l'actualité, qui faisait place à la réflexion et qui était la seconde maison des futurs diplômés - une alma mater.
De la maternité romantique, il ne reste plus grand chose. Elle est encore là, froide et figée, telle un village Potemkine au beau milieu du centre ville viennois. Elle a conservé son imposante apparence et sa réputation élitiste. Pourtant, si l'on regarde par-dessus la pittoresque Arkadenhof et les escaliers de marbre, on voit bien le petit village de bois, détruit.
L'éclat de cours magistraux passionnés, de professeurs engagés et du sentiment d'être le bienvenu, s'est terni depuis longtemps. Les étudiants qui entament leur cursus avec une telle perspective doivent faire un amer constat ; ce n'est pas une pensée ou un point de vue engagé qui leur apportera des crédits ECTS, mais la restitution machinale de connaissances sous forme de travaux, d'examens/combats au KO ou de QCM.
La fac fait école. Celui qui s'attend, après des années d'apprentissage forcé de vocabulaire, à profiter de sa liberté à l'université, sera déçu. Après un cours magistral ou un cours pratique, tu ne dois pas poser les questions bien pensées et formulées avec finesse (il n'y a la plupart du temps de toute façon plus de temps pour cela, la centaine d'étudiants suivants attendent dehors en fin de compte), tu dois juste reproduire sagement un schéma et tu en seras récompensé par des points. Il se peut même, en particulier dans les grands cursus, que ton professeur ne soit même pas présent pour répondre à ces questions - ce sont des assistants, à peine plus âgés que toi, qui s'y collent.
A côté de la résignation qui s'installe après le cinquième collaborateur mal informé, après le troisième plantage d'univis, le serveur informatique de la fac, après le dixième chevauchement de cours, après le combat perdu contre la bureaucratie incompréhensive de l'administration de l'Université de Vienne, après la recherche sans espoir du symbole pour se déconnecter de Moodle, après les nombreuses rencontres sur le sol sale des amphithéâtres bondés... on doit bien avoir quelque chose à opposer à l'aversion pour l'université.
Il est vrai que l'Université de Vienne est la plus grande d'Autriche, avec plus de 90 000 étudiants. Selon le plan de développement (en 2010), le taux d'encadrement est de 1 professeur pour 226 étudiants et le budget par étudiant de 5 086 €. La LMU de Munich, une université comparativement importante, a environ 40 000 étudiants, un taux d'encadrement de 1 professeur pour 58 étudiants et un budget par étudiant de 8 816 €.
Ce serait bien sûr injuste de juste râler. Faire vivre le colosse Université de Vienne est un challenge, c'est évident. Il est facile de s'énerver contre ce qui ne fonctionne pas et d'agiter le drapeau indiquant que l'Université d'Autriche n'occupe que la 182ème place dans le classement du Times, que tout est de toute façon horrible et que c'était bien mieux par le passé.
Il est en revanche difficle de régner sur plus de 90 000 étudiants, 9 000 employés, de dominer leurs besoins, de garantir un bon taux d'encadrement, de distribuer et financer suffisamment de places de professorat, de ne pas perdre de vue l'état le plus récent de la technologie et de la recherche, de ne pas perdre à la comparaison brutale et crainte avec l'international. Pour assurer tout cela, il faut une chose : de l'argent.
L'Université de Vienne a un budget global d'environ 1,3 milliard d'euros, sans financement par des tiers. Bien sûr, les plus gros problèmes financiers se concentrent dans les disciplines les plus remplies comme le droit, la psychologie et le journalisme. On vit certes mieux dans les instituts plus petits, mais il n'est pas non plus garanti d'y obtenir des références de qualité.
Là encore, il est plus facile, en tant que recteur de l'université, de s'emporter contre le manque de celles-ci, de repousser la faute sur la politique, sur les étudiants, sur les circonstances extérieures à l'Autriche. Mais ce n'est pas la faute des jeunes gens qui veulent étudier à Vienne gratuitement ou pour pas cher, mais à l'incapacité du système. Une réaction aux problèmes infrastructurels grandissants ne s'est pas présentée - les professeurs et recteurs veulent des étudiants passionnés et engagés, mais oublient de reconnaître leur responsabilité dans les négociations avec les ministères.
Peut-on alors espérer que la politique prenne bientôt des initiatives ? Une nouvelle entente de rendement entre l'Université et le Ministère des Sciences (ou bien de l'Économie ?) sera développée en 2016. "Nous voulons plus d'argent pour les universités dans le cadre financier", dit le ministre des Sciences Reinhold Mitterlehner dans une interview au Standard.
Les étudiants aussi essaient d'attirer l'attention de chacun sur la situation. Une des dernières manifestations a été celle du mouvement "Uni brennt". Il faut saluer ce sens du devoir étudiant, mais qui peut pourtant gagner quand la fac, pour qui on s'est battu, devient l'ennemi ? Le développement n'est rien de nouveau, il n'est pas venu en une nuit et était prévisible, un processus naturel pour ainsi dire.
Trop d'étudiants + trop peu de ressources = chaos
Un autre sujet à discussion est celui du rappel des frais universitaires. Ce serait là sûrement une possibilité de générer plus d'argent et cela aurait un effet régulateur sur l'affluence des étudiants, voulu ou non. Pour encaisser tout cela, il faut proposer quelque chose pour lequel on peut payer - une substance que l'Université de Vienne n'a plus pour le moment.
Pourquoi les étudiants devraient-ils sauver ce qui n'a pas été détruit par eux ?
Translated from univie, uniwas?