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Une enfance entre la Bosnie et l'Autriche

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Translation by:

Amélie Marin

BerlinBeyond the Curtain

La guerre en Bosnie-Herzégovine a contraint plus de deux millions de personnes à l'exil. Environ 90 000 d'entre eux sont venus en Autriche - beaucoup sont restés. Une jeune Bosnienne, qui est venue comme réfugiée en Autriche et qui fait aujourd'hui ses études à Vienne, raconte ses souvenirs.

Cafébabel : Tu étais encore très jeune lorsque la guerre a éclaté en Bosnie. Quels souvenirs gardes-tu de cette époque ?

De très beaux souvenirs en fait. Nous avons eu de la chance, car il n'y a pas eu vraiment d'attentats ou de faits de ce genre dans la ville de la Republika Sprska, où nous vivions. Bien sûr, il y avait beaucoup de choses que nous ne pouvions pas faire, mais mes parents ont autrefois vraiment bien réussi à faire en sorte que je n'apprenne rien des événements horribles qui avaient lieu dans le pays. Mais je n'avais que quatre ans quand nous avons quitté la Bosnie. Mes souvenirs de la Bosnie d'autrefois sont par conséquent des souvenirs d'enfance tout à fait normaux... J'ai joué dehors avec mes petits voisins et me suis toujours sentie complètement protégée. Ce n'est que des années plus tard que j'ai compris qu'il y avait eu la guerre en Bosnie.

Cafébabel : Comment parle-t-on de cette période dans ta famille ?

On en reparle toujours, qu'il s'agisse d'événements graves ou de belles sensations. Cela fait maintenant partie des conversations quotidiennes en Bosnie - tout a un lien avec la guerre, chacun a un lien avec la guerre. On y revient toujours. À la guerre et à la période d'avant-guerre. Comble de l'ironie, ce fut aussi une belle époque pour mes parents, car mon frère et moi sommes nés. Les premières années des enfants sont toujours quelque chose de particulier pour les parents.

Cafébabel : En tant que Bosniens, vous avez vécu en République serbe. Quelles conséquences a eu la guerre sur votre relation avec les voisins serbes ?

Des conséquences en aucune façon négatives. Nos voisins étaient et sont encore aujourd'hui de très bons amis, et chaque fois que nous sommes là-bas, nous nous rendons visite. Mes parents n'ont jamais toléré que nous les enfants développions une opinion négative envers d'autres groupes ethniques. Ce qui est tout sauf évident. Encore aujourd'hui, beaucoup de Bosniens, de Serbes et de Croates en BiH (Bosnie-Herzégovine, ndlr)  ne veulent rien avoir à faire ensemble.

Cafébabel : Pourquoi êtes-vous restés si longtemps en Bosnie et comment avez-vous finalement réussi à quitter le pays ?

Au début, nous ne voulions pas partir. Mais quand la situation a empiré, rester n'était plus une question de choix. Nous avons dû faire trois tentatives avant de finalement réussir à fuir. L'attente et l'hésitation pour savoir si et comment nous devions quitter le pays, tout cela a duré plus de 4 ans... Une fois, le dernier avion, celui que nous devions prendre, a été annulé. Une autre fois, des soldats serbes ont renvoyé tout le bus où nous nous trouvions. Nous avons finalement réussi à aller en Autriche en passant par la frontière croate.

Cafébabel : Sais-tu comment tes parents ont vécu cette période après votre arrivée en Autriche ?

Eh bien, cela n'a pas été vraiment simple. Ils étaient autrefois très optimistes et je crois qu'ils voulaient vraiment rentrer en Bosnie après la fin de la guerre. Ce fut pour eux très difficile et humiliant de devoir habiter avec nous dans un foyer de demandeurs d'asile et de ne pouvoir refuser aucun boulot, car nous vivions très bien avant la guerre et ils avaient eu des boulots sympa, qu'ils aimaient. Et d'un coup, ils se retrouvaient dans un pays où ils n'avaient plus rien, dont ils ne parlaient pas la langue - sauf quelques connaissances de base, souvenirs d'école - et où ils se sentaient complètement paumés. D'un autre côté, ils étaient évidemment contents parce que nous étions pour un certain temps hors du pays et en sécurité. Et parce que mon père ne pouvait plus être appelé par l'armée.

Cafébabel : Quels souvenirs as-tu de tes premières années d'école en Autriche ?

De beaux souvenirs tout à fait normaux, comme pour tout le monde. Quand je suis arrivée à l'école, cela faisait plus d'un an que nous vivions en Autriche. Mes parents avaient alors déjà trouvé du travail, une maison. Je les admire encore aujourd'hui pour tout cela. En très peu de temps, nous avions retrouvé une vie tout ce qu'il y a de plus normale et mon quotidien était normal, je grandissais comme les enfants autrichiens. Même si au début, ce n'était évidemment pas le grand luxe. L'appartement était petit, mais nous nous portions tout à fait bien. Mes parents travaillaient toujours très dur pour que nous ne manquions de rien.

Cafébabel : Que ressens-tu aujourd'hui en allant en Bosnie ?

J'aime beaucoup aller en Bosnie ! Il ne faut pas très longtemps pour y aller et nous y allions souvent. Ma famille et mes amis d'Autriche ou d'Allemagne ou d'ailleurs, y vont également. Je rencontre toujours plein de gens là-bas et ce sont à chaque fois des moments drôles et beaux. Je ne suis encore jamais sentie en insécurité en Bosnie. En ce que concerne les gens, l'atmosphère, les paysages, les activités et la météo, je préfèrerai toujours la Bosnie à l'Autriche. Aujourd'hui, la Bosnie devient en quelque sorte "plus occidentale" et s'oriente doucement vers l'UE - même si une entrée dans l'UE dans un futur proche est très invraisemblable. Mais en attendant, on y trouve toutes sortes de magasins allemands, comme les DM.

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Il y a vingt-cinq ans, le rideau de fer tombait. Il y a dix ans, huit États post-communistes devenaient membres de l'Union européenne. Mais que savons-nous de nos voisins ? Contactez-nous à berlin[at]cafebabel.com pour rejoindre notre équipe de journalistes.

Translated from Eine Kindheit zwischen Bosnien und Österreich