Une élection européenne, mais qu'est-ce que c'est ?
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Le 25 mai se présente devant nous, mais le 25 mai, qu’est-ce que c’est ? Certes c’est le jour où le Maréchal Pétain inscrivit la Fête des Mères dans le calendrier des Postes et aussi l'anniversaire d'un certain François Bayrou. Mais cette année, c’est bien différent, parce que 25 mai rime avec élections européennes. Alors késako ?
L’origine des élections européennes remonte à longtemps avant Jésus-Christ et plus précisément à une époque où Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt faisaient autre chose que des interventions télé où l'on se dit « Ah tu te souviens, la belle époque ». Puisqu’il s’agissait de cette fameuse belle époque (sauf qu’on la voyait pas comme la belle époque à l’époque) et que ces deux-là étaient donc au pouvoir des deux côtés du Rhin. C’est donc en 1979 que naquirent les élections européennes au suffrage universel. Je vous ai passé les préliminaires de cette naissance difficile. Voilà donc, n’en déplaise à ceux qui se souviennent encore de la couleur du rideau de l’isoloir de l’époque, je clorai ici cette parenthèse historique à classer dans le livre d’Histoire du XXe siècle et passons à la partie didacto-pédagogique de cette élection.
Helmut Schmidt et Valéry Giscard d'Estaing - une amitié masculine bien particulière (ARTE).
Les élections européennes, mais pour quoi faire ? (vous remarquerez que ça change un peu du « qu’est-ce que c’est ? »). Pour venir visiter ton école/ta mairie de quartier par un beau dimanche de mai et du coup te prendre un coup de vieux ? Non, faux. Alors, deuxième essai? Mais oui, mais c’est bien sûr, pour élire le Parlement européen ! Bon, restons sérieux, parce que le Parlement européen, c’est du sérieux (hein, enfin on espère quand même). Donc le petit topo sur le Parlement européen : siégeant à Bruxelles… Et non, pam, raté, nul, recommence. Eh ouais, alors c’est facile de toujours taper sur Bruxelles (voir affiche du parti euro-sceptique allemand l’Alternative Für Deutschland à ce propos), mais en fait non : Strasbourg. Eh ouais, deuxième bonne réponse du mec au premier rang.
Le Parlement européen, c'est toi, c'est moi, c'est nous !
Bon, allez, j’accélère sinon on va jamais y arriver : donc élections européennes pour le Parlement européen qui siège à B… Strasbourg, mais qui en fait souvent travaille à Bruxelles. Le Parlement européen est l’institution réunissant les députés directement élus par le peuple. Il est donc là pour apporter une légitimité démocratique aux processus de décisions de l’Union européenne. Et éviter ainsi de laisser tout le pouvoir entre les mains de la Commission européenne et du Conseil Européen, les deux autres mastodontes du triptyque européen. Enfin, pouvoir, pouvoir. Restons réalistes tout de même, le pouvoir du Parlement européen, même s’il a été revu à la hausse, reste tout de même limité : il a un pouvoir de co-décision dans de nombreux domaines législatifs, mais pas d’initiative législative. Il a également un pouvoir de contrôle sur l’exécutif de l’Union européenne et aussi, attention super important, il vote le budget. Et tenir quelqu’un par la bourse, ça permet quand même de le contrôler un peu, vous ne pourrez pas me dire le contraire. Donc, le Parlement européen, c’est toi, c’est moi, c’est nous quoi ! Pour cela, encore faut-il aller voter. Ouais, parce que les excuses genre « J’ai concours d’origami » ou « Mais, j’ai pas fini ma partie de 2048 » ou « J’ai pas encore regardé le dernier épisode de Game of Thrones », eh ben non. Nada, niet, que dalle, ça compte pas.
Donc, le scrutin aux européennes, qu’est-ce que c’est ? (ah m…, j’avais dit que je la referai plus). Prenons le cas allemand parce que du coup on est en Allemagne. Enfin, moi, là au moment où j’écris, je suis en Allemagne, toi je sais pas vraiment. L’élection se déroule par pays, donc les Européens en Allemagne votent pour les députés allemands. Ah bah oui, parce qu’en tant qu’Européen de l’Union européenne, tu peux voter dans ton pays de résidence. Par exemple, moi, Français en Allemagne. Hein, si c’est pas génial, ça ? Bref, pour les Allemands, il y avait jusqu’alors 99 députés. Mais hop, re-calcul (je vous passe les équations), ce sera désormais 96 députés pour les Allemands. À savoir que lors de la dernière élection il fallait 828 911 Allemands pour un député (en moyenne). Par contre il fallait 82 520 Maltais. Eh ouais, 1 Maltais a dix fois plus de pouvoir électoral le jour du scrutin qu’un Allemand, vous y penserez dans l’isoloir !
Petits camarades au Parlement européen
Bref, le 25 mai, nous aurons droit à un scrutin de liste proportionnel à un tour. Pour les non-politistes, non-juristes, l’explication est simple : on ne vote qu’une fois et pour une liste (et donc pas pour un seul nom) établie le plus souvent par les partis politiques : la liste CDU, la liste SPD, la liste Grünen, la liste Die Linke, etc, etc. Proportionnel signifie donc que les sièges sont ensuite attribués aux différentes listes en fonction de leurs résultats. Ces députés iront ensuite rejoindre leurs petits camarades européens dans les différentes fractions du Parlement. Les rouges avec les rouges, les bleus avec les bleus, etc. Comme quand tu allais jouer au foot quand tu étais petit et que, comme il y avait pas de chasubles, eh ben on faisait les équipes selon la couleur des t-shirts.
Les élections européennes 2014 en chiffres (Euronews).
Et, attention, cette année, grande première en Allemagne : la disparition de la clause des 5% ! La clause des 5%, qu’est-ce que c’est ? Eh bien, c’est simple : pour éviter une trop grande dispersion des voix, il était jusqu’alors établi qu’un parti en Allemagne devait au mois obtenir 5% des voix pour que ses votes soient pris en compte et donc envoyer des députés. Cette année, fini, niet, nada, que dalle, plus de clause, tout le monde, il passe, tout le monde il est élu. Enfin presque. Cela signifie donc une bonne nouvelle pour les petits partis qui obtenaient jusqu’alors entre 1 et 5% des voix. Avant, ils avaient rien. Maintenant, ils peuvent espérer récupérer un ou deux sièges. Parmi les partis concernés, les libéraux du FDP qui naviguaient dangereusement autour de cette zone ou encore les Pirates, mais aussi les partis d’extrême-droite, type Republikaner.
Voilà, maintenant, tout est clair, tout est limpide, yapluka. Et en plus la prochaine fois qu’on vous demandera « Mais les élections européennes, mékeskecdonc ? », vous pourrez briller en société. Merci Cafébabel.
EUROpéennes 2014 sur cafébabel Berlin
Parce que l'Europe, c'est cool, c'est jeune, c'est plein de suspens, mais pas que. En effet, elle a aussi besoin d'institutions et c'est pourquoi le 25 mai est entourée en rouge dans notre calendrier. Qui, que, quoi, où, comment aller voter? Plus d'infos sur le scrutin, les partis et les structures politiques de l'UE sur notre magazine, ainsi que sur nos pages Facebook et Twitter.