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Une « destroy party » à Paris pour faire retomber le Mur de Berlin

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Jane Mery

Culture

Autour du 9 novembre 2009, une avalanche de commémorations viendra célébrer les 20 ans de la chute du Mur de Berlin. A Paris, deux associations d’euro-enthousiastes organisent une « destroy party », le jour J. Le principe : un mur en mousse, quelques pioches et du bon vin.

Pour Benjamin Chassaing, marchand de vin à Montpellier, le 9 novembre 2009 est une journée plutôt chargée : en plus du souvenir de la chute du Mur de Berlin, il commémorera le 121e anniversaire de la naissance de Jean Monnet, l’un des Pères de l’Europe. Créée en 2000, son association, Jean Monnet Spirit, a pour mission d’évoquer le souvenir du premier président de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), faire connaitre ses écrits et sa vie. Une double occasion de faire la fête : avec le Groupe des belles feuilles, il organise une « destroy party » dans un bar parisien, la destruction d’un mur symbolique. Il y a 20 ans, il regardait le vrai Mur de Berlin tomber devant sa télé…

Une « destroy party » pour commémorer la chute du Mur de Berlin, c’est plutôt unir que détruire ?

Oui, pour marquer le coup, il fallait organiser quelque chose de rigolo et de fun. Un événement où les gens pourraient se retrouver pour boire un verre et discuter. Nous avons eu l’idée de construire un faux mur, que nous pourrions détruire au cours de la soirée, comme il y a 20 ans. On dit notre passion de l’Europe en faisant retomber ce mur, brique après brique. Tout un symbole. 

Faut-il penser à mettre son casque de chantier ?

Non car ce mur sera monté grâce à des parpaings en mousse, plutôt ambiance « Inter-villes », à côté du bar que nous réservons à l’occasion. C’était déjà compliqué d’avoir l’autorisation de bloquer la rue pour une soirée... Ce mur aura un côté bleu et un côté rouge pour symboliser les parties Est et Ouest de Berlin. Et un violoncelliste sera même là pour jouer au pied du mur comme en 1989. Nous installerons des photos et des vidéos également, mais nous ne sommes pas des artistes, et il faudrait des gens qui pourraient taguer ce mur comme celui de Berlin, j’espère qu’ils viendront...

Qui attendez-vous pour casser ce mur ?

Si moi je me souviens très bien de ce moment fort et historique, assis devant ma télévision, les jeunes adolescents d’aujourd’hui ne savent pas ce qu’il s’est passé en 1989. Nous souhaitons que l’éventail d’âge le plus large possible puisse se réunir afin que les plus jeunes prennent conscience, peut-être en détruisant un bout du mur, de comment était la vie des gens avant sa chute. Pour le moment, je n’ai pas vraiment l’impression que les jeunes s’intéressent à l'Europe en général : je n’ai que 37 ans, mais quand j’ouvre la bouche pour expliquer que nous vivons en paix depuis 1945, grâce à des hommes comme Jean Monnet et à l’Union européenne, je vois bien que je saoule tout le monde et que je passe pour un ringard. Même en citant des chiffres : avant la fin de la seconde guerre mondiale, l’Europe a connu 26 guerres sur 400 ans. Suivant cette logique, on aurait dû en vivre quatre depuis 1945 ! Mais les adolescents préfèrent jouer à la « play-station » ou bien essayer de s’en sortir dans les quartiers difficiles, plutôt que de penser à cela…

Le côté ludique de l’événement permettra peut-être de les sensibiliser ? 

On verra, je ne sais pas si je dois être optimiste. Aujourd’hui, la construction européenne s’embourbe, se dilue… Les jeunes se détachent et ça clashe souvent avec le discours des grands parents qui ont souffert. Il faut que tout le monde y mette du sien, apporte sa pierre à l’édifice, pour faire avancer la compréhension et la cause d’un continent prospère. Avec la « destroy party », nous avons voulu créer un buzz médiatique autour d’un événement fun, accessible à tous et gratuit : les colloques, les débats sont très biens, mais il ne faut pas s’arrêter là. Nous n’avons pas de grandes prétentions intellectuelles, seulement l’envie de se décoincer un peu et de faire la fête !

La « destroy party » aura lieu le 9 novembre 2009, à partir de 20 h, rue Léopold Bellan, Paris 2e. Entrée libre.

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