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Un Sommet UE-Canada tartiné de sirop d’érable

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Bruxelles

Par Julien Thomas Le mercredi 5 mai 2010 eut lieu le Sommet Union européenne-Canada à Bruxelles. L’objectif principal était d’accorder les violons en vue du sommet du G20 qui aura lieu du 25 au 27 juin. L’occasion pour Stephen Harper de goûter désormais aux affres ou aux joies, selon les goûts, du Traité de Lisbonne.

En effet, le Premier ministre canadien dut faire face à trois interlocuteurs à la fois : la Représentante permanente pour les Affaires étrangères Catherine Ashton, qu’on ne présente plus, et MM. Barroso et Van Rompuy. Une délégation tricéphale que Stephen Harper n’a pas manqué de louer. Diplomatie oblige…

Préparer leG20 et s’accorder sur la réforme du FMI

Le G20 et les relations commerciales en général animèrent principalement les discussions. En témoigne la présence du Commissaire au Commerce Extérieur Karel De Gucht et de son homologue canadien. La rencontre visait à s’assurer de l’approfondissement des accords de libre-échange entre le vieux continent et les Nord-Américains. En effet, depuis les débuts de la crise économique et financières, le protectionnisme redevient pour tous les pays du globe un sport très prisé... Les négotiateurs on également échangé leurs points de vue sur l’éventuelle réforme du FMI, mais sont restés discrets sur l'aboutissement des discussions et l'adoption d'une position commune. On a tout de même entendu José Manuel Barroso affirmer que les négociations ont atteint « la vitesse supérieure » depuis le dernier sommet UE-Canada.

L’affaire des « visas tchèques »

L’autre sujet sensible abordé a été ce qu'on peut appeler « l'Affaire des visas tchèques ». Pour rappel, depuis le 14 juillet 2009, le Canada a imposé unilatéralement l’obligation de visas aux ressortissants tchèques. Les Canadiens, qui accueillent une forte communauté Rom originaire de ce pays, espèrent ainsi contenir son augmentation.

Les Canadiens semblent avoir oublié que les citoyens de la République Tchèque sont membres à part entière de l’espace Schengen et se déplacent de fait librement dans l’UE, et ignorent visiblement que la communauté Roma n'est pas exclusivement originaire de Prague et sa banlieue...

Par son manque de cohésion, l’UE a peiné à persuader Ottawa de réexaminer sa décision. Mercredi, les capitales européennes ont néanmoins insisté et Stephen Harper a promis la levée de la sanction des visas. Interrogé sur la date de la fin du veto canadien, il n’a cependant pas souhaité expliquer quand la mesure serait appliquée.

L’UE évite le sujet sensible de l’Arctique

La grande interrogation reste l'absence totale de discussions au sujet de l'Arctique à la table des négociations, à croire que les Européens ont encore quelques lacunes en politique extérieure...

Les dernières recherches des spécialistes estiment les richesses énergétiques de l’Arctique à 13% du pétrole non découvert au niveau mondial, 30% du gaz naturel et 20% du gaz naturel liquide, soit au total 22% des réserves mondiales non-prouvées en hydrocarbure. Un pactole que convoitent pêle-mêle le Canada, la Russie, l’Islande, la Norvège et les Etats-Unis, mais aussi l’UE à travers le Danemark (Groenland), la Suède et la Finlande…

Or le Canada se montre inflexible sur le futur partage du gâteau : l’UE n’en recevra pas une miette. Le Conseil de l’Arctique paraît le meilleur exemple. Les pays membres de ce Conseil sont la Russie, le Canada, les USA, le Danemark et la Norvège pour les pays riverains, ainsi que la Suède, l'Islande et la Finlande qui ont des régions au-delà du Cercle Polaire. Ils n'émettent pour l’instant que des recommandations, et ont décerné au Japon, à la France et la Pologne le statut de membres observateurs. L’UE qui souhaite obtenir ce statut a jusqu’ici vu porte close…

Les Canadiens : les grands vainqueurs du sommet ?

Ce sommet, entouré selon Barroso d’une entente « excellente », présentait donc une excellente opportunité pour discuter de l’Arctique. Contactée, la Commission européenne reconnaît que la question n’a pas été abordée…

Entre l'Artique et les suppliques des Européens concernant les visas tchèques, c'est à croire que les Européens n'osent pas aborder les sujets qui risquent de fâcher Ottawa...

Le sommet a été consommé à Bruxelles, mais il semble que ce sont les Canadiens qui en ont déterminé des ingrédients. Il nous en reste encore un solide goût de sirop d’érable…