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Un programme Erasmus pour le journalisme européen ?

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Société

A l’approche des élections européennes, le journalisme fait face à un vieux défi : savoir parler des sujets transnationaux pour intéresser l’opinion publique. A Cadiz, la question d’un journalisme à l’échelle continentale a été évoquée lors d’une rencontre de journalistes espagnoles.

« Il manque une culture européenne. Si nous, journalistes, ne sommes pas capables d’offrir un point de vue continental à l’élaboration de l’information, il est impossible de construire une opinion publique européenne. On devrait inventer un Erasmus pour les journalistes. » Voilà ce que déclare Marosa Montañés Duato, présidente de l’association des femmes journalistes de la Méditerranée, à Valence, pour signaler le manque d’intérêt médiatique en Espagne pour l’actualité européenne.

Le 8 novembre dernier à Cadiz a eu lieu la première rencontre de l’Assemblée nationale des femmes journalistes de la FAPE (Fédération des associations de la presse espagnole), et on y sentait un certain pessimisme à l’égard du vieux continent. Marosa Montañés n’était pas la seule à montrer un point de vue assez sceptique vis-à-vis des prochaines élections européennes de 2009 et du rôle que les médias y jouent. Selon Paz Santana, de Canal Sur (la chaîne publique régionale d'Andalousie, en Espagne), seul un sujet venant de Bruxelles pertinent pour la population locale, dans ce cas-ci les Andalous, éveille la curiosité des téléspectateurs. Par exemple, le problème des fuites de fioul des pétroliers britanniques dans le détroit de Gibraltar.

Ce qui touche le citoyen

(Clara Fajardo)« La médecine touche le citoyen, c’est pourquoi aussi bien la direction de Canal Sur que le public privilégient, ou au moins, donnent une plus grande couverture à des thèmes européens qui touchent directement le citoyen moyen, même si ce dernier n’en est pas conscient », ajoute la journaliste. Dans la même lignée, Ana Marín qui travaille pour la même chaîne dans l’agence de Grenade, incrimine les moyens de communication de ne pas être capables de diffuser les informations, les lois, les traités, les mises en application des directives de la Commission et du Parlement européen dans leur région ou leur localité. Ana pense qu’il existe un journalisme européen, mais « très distant et sans aucune fonction pratique », et ajoute que l’on se souvient seulement que « c’est l’Europe qui subventionne » quand il est question d’importants problèmes, tel celui de l’oliveraie dans la partie orientale de l’Andalousie.

Toutes les journalistes interrogées par cafebabel.com reconnaissent l’importance d’une opinion publique européenne, mais soutiennent que la place qu’occupent les moyens de communications est insuffisante. Et cela n’est pas seulement de la faute des journalistes : la responsabilité est en grande partie imputable aux cadres des sociétés de communication. Ces journalistes « supposent » toutes que l’on soulignera l’importance des prochaines élections européennes, mais « pas assez, car on ne se rend pas encore tout à fait compte que Bruxelles est présente jusqu’au dernier village des Alpujarra (région montagneuse de Grenade, traditionnellement isolée de l’extérieur) ».

Le journalisme européen déçoit

Montserrat Minobis i Puntetonet se montre particulièrement déçue par le journalisme européen. Cette journaliste catalane a fait partie du réseau européen de femmes journalistes créé en 1992 (www.mujeresperiodistas.net) et qui avait pour objectif de constituer un réseau de contacts entre professionnels pour aborder des sujets conflictuels d’un point de vue européen. Jusqu’à ce qu’il soit subventionné par l’UE : « Cela a fonctionné, et avec le changement de direction, on a beaucoup perdu. »

Montserrat est également membre de l’Institut européen de la Méditerranée, à Barcelone, qui tente de rapprocher les deux rives de la Méditerranée sur des sujets comme la paix, les conflits, les devoirs et les droits de cultures très différentes. En ce qui concerne les élections de 2009, la journaliste critique durement le fait qu’elles ne soient « pas bien formulées, les listes sont fermées et ne nous permettent pas de connaître nos représentants à l’Union européenne. On ne va malheureusement pas très loin. »

Peut-être est-ce une question de temps et de priorités. Plusieurs sujets ont été abordés lors de la première rencontre de l’Assemblée des femmes journalistes, comme l’image de la femme dans les médias, l’inégalité salariale entre hommes et femmes qui subsiste toujours en Espagne. Une bataille que l’Espagne n’a pas encore remportée : l’Europe est peut-être la prochaine étape.

Translated from Una Erasmus para el periodismo europeo