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Un dernier pour la route

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Bruxelles

(En di­rect du som­met)

Le som­met eu­ro­péen des chefs d’États qui s'ouvre au­jour­d'hui marque la fin d'une ère. C'est en effet le der­nier de la Com­mis­sion Bar­roso. Cela fai­sait dix ans que ce der­nier était à la tête du Ber­lay­mont (siège de la Com­mis­sion).

L'in­ter­ven­tion russe en Cri­mée a bien évi­dem­ment bou­le­versé le pro­gramme ini­tial du som­met. A l'ori­gine, ce­lui-ci était consa­cré aux ques­tions éco­no­miques, à l'éner­gie, au cli­mat et aux re­la­tions avec l'Afrique. A pré­sent, il semble acté que seules la Cri­mée et la Rus­sie se­ront au pro­gramme.

Un ac­cord ca­pi­tal

Un ac­cord de fi­na­li­sa­tion du mé­ca­nisme eu­ro­péen de sta­bi­lité a été trouvé jeudi matin: les re­pré­sen­tants du Conseil et du Par­le­ment eu­ro­péen se sont mis d'ac­cord sur un dis­po­si­tif in­édit de ges­tion des faillites ban­caires. La dis­cus­sion por­tera cet apres midi sur l'eva­sion fis­cale et la trans­pa­rence ban­caire: Il faut convaincre le Luxem­bourg et l'Au­triche de par­ta­ger les in­for­ma­tions. 

Cet ac­cord a rem­pli d'op­ti­misme les di­ri­geants des ins­ti­tu­tions. Ainsi Her­man van Rom­puy s'est qua­li­fié d'"op­ti­miste pru­dent". De l'avis des jour­na­listes vé­té­rans du Conseil, il est rare de voir mes­sieurs Bar­roso et van Rom­puy d'aussi bonne hu­meur. On a même vu José Ma­nuel Bar­roso se per­mettre un échange de plai­san­te­ries avec le re­pré­sen­tant de Bu­si­ness Eu­rope.

Un dur re­tour a la réa­lité

Le dé­ve­lop­pe­ment de la crise ukrai­nienne de­vrait ceci étant leur en­le­ver le sou­rire. En effet l'Eu­rope se trouve prise entre le mar­teau et l'en­clume : com­ment dire non à l'an­nexion de la Cri­mée sans pour au­tant vexer la Rus­sie, par­te­naire pri­mor­dial de nom­breux Etats membres? A ce pro­pos, le pré­sident Bar­roso a af­firmé que la Com­mis­sion ne re­con­nais­sait pas l'an­nexion de la Cri­mée. Reste à voir si les chefs d'Etats par­vien­dront à un com­pro­mis sur la ques­tion qui puisse avoir une chance de faire plier Vla­di­mir Pou­tine.

Si la ques­tion se règle assez ra­pi­de­ment, le Conseil aura peut-être le temps d’évo­quer le pro­blème de la com­pé­ti­ti­vité, de la crois­sance et de l'em­ploi. En effet, nous sommes à la fin du troi­sième se­mestre eu­ro­péen ( cf ar­ticle) et à mi-terme du pro­gramme Eu­rope 2020. Le mo­ment idéal pour faire un bilan, en somme. On peut craindre que, si ce­lui-ci n'est pas fait, les dé­trac­teurs de l'Union s'en don­ne­ront à cœur joie, ac­cu­sant l'Eu­rope de fer­mer les yeux sur ses échecs.

Enfin, il faut rap­pe­ler que les élec­tions eu­ro­péennes au­ront lieu dans deux mois et que même si aucun des par­ti­ci­pants (ex­cepté M.​Schulz) n'est can­di­dat, un homme po­li­tique est tou­jours plus ave­nant et plus mo­tivé quand s'ap­proche une élec­tion. Reste à voir si les ré­sul­tats  de ce som­met se­ront à la hau­teur de leur bonne hu­meur.