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Un an après... L'école grecque en question ?

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Lorelei

Presse à la grecque

Il y a bientôt un an, le jeune Alexis Grigoropoulos était abattu en pleine nuit dans le centre d'Athènes par un policier très spécial qui n'a jamais formulé de regret pour ce geste. Dans le sillage de ce tragique événement, des émeutes ont agité tout le pays pendant une partie du mois de décembre 2008.

Les médias étrangers ont largement diffusé ces images de violence et ont montré la jeunesse grecque dans la rue, hors d'elle. La commémoration de ces événements a lieu aujourd'hui, et les articles qui traitent du sujet reviennent moins sur la mort de ce jeune adolescent que sur les causes de l'explosion sociale qu'elle a engendrée, et en particulier sur la situation des écoles et des universités.

Au niveau des écoles, la ministre de l'Education, Anna Diamantopoulou a entendu les témoignages d'adolescents (comment ont-ils été sélectionnés ? l'article ne le spécifie pas...) venus de 60 écoles de toute la Grèce pour lui expliquer leur quotidien d'élèves et les raisons qui les ont poussés à sortir dans la rue il y a un an. La ministre tire un bilan de cette rencontre en soulignant les remarques, à ses yeux les plus importantes, formulées par les élèves: perte de confiance dans les institutions et dans la république, et surtout dans la police, d'une part. Puis toute une série récriminations contre le fonctionnement de l'école grecque: enseignement pas attractif, des bâtiments moches, les cours privés les après-midis, l'absence de temps libre, les profs qui fument dans les classes (!), et le contrôle vestimentaire exécuté le matin par la direction. On peut saluer le courage de la ministre qui a dû faire face à ces questions très... hétéroclites, et leur a répondu avec fermeté et nuance, d'après les quelques extraits présentés dans l'article. Mais ces témoignages n'apportent pas vraiment de nouvel éclairage sur la situation, même si plusieurs commentateurs dans la presse relevaient l'importance de ce « manque de confiance » exprimé par des ados de 16 ans.

La situation dans les universités arrive aussi en bonne place des articles publiés en cette fin de semaine. On sait que les vagues de violence qui avaient accompagné les manifestations de chagrin et de colère de décembre 2008 avaient fait mieux connaître des activités clandestines hébergées dans certaines universités grecques protégées par l'asile universitaire. Beaucoup de voix s'étaient élevées dans la presse au cours des semaines qui ont suivi les émeutes pour dénoncer le fait que les universités étaient devenues le QG de casseurs encagoulés. Le sujet revient sur le tapis avec la demande formulée par une association d'étudiants (tendance gauche) de laisser l'université de droit d'Athènes ouverte vendredi, samedi et dimanche, en vue des manifestations de commémoration. Mais la direction de la faculté voit d'un mauvais oeil la (très) possible arrivée d'éléments extérieurs à l'université, et les (également très) possibles dommages matériels que le bâtiment subirait à cette occasion. L'autre problème, c'est la méthode utilisée par ces représentations étudiantes pour formuler cette « demande », puisqu'ils ont menacé l'équipe enseignante et de direction de problèmes s'ils refusaient d'approuver leur requête...

Une menace à laquelle répond vertement Paschos Mandravélis dans Kathimerini : « Jusqu'à maintenant, les gauchistes et autres anarcho-autonomistes, pouvaient faire fermer les universités quand ils le voulaient. Une petite assemblée générale – à laquelle manquait la plupart des étudiants – et hop, ils décidaient de l'occupation de la faculté. Et maintenant, ils veulent pouvoir les ouvrir quand ils veulent ! Et n'imaginez pas que c'est parce qu'ils s'inquiètent de la dévalorisation des études... » Et, continue-t-il, ce n'est pas qu'ils « demandent » à laisser ouvertes les universités, ils font du chantage, formulent des menaces ! Et le chroniqueur en vient alors à se demander quel est aujourd'hui le sens de l'asile universitaire, dans un monde libre, où les idées circulent partout librement, dans les universités comme ailleurs.

Aujourd'hui, 10 000 policiers surveillent strictement le déroulement des manifestations d'élèves et d'étudiants prévus ce week-end. Personne ne souhaite revivre le chaos de l'an passé. Mais les interrogations sur l'éducation en Grèce, soulevées à cette occasion, vont-elles être résolues par le nouveau gouvernement, en qui sont placés beaucoup d'espoirs ?

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