Uli Hoeness, banni du Paradis
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Raphaël RoubyDans la vie, trois choses sont sûres : la naissance, la mort... et les impôts. Ces trois vérités font toute la différence entre la vallée de larmes terrestre et les paysages bucoliques du paradis. Même si, sur notre pauvre planète, quelques demi-dieux s'amusent à jouer des tours aux Parques... Immortelle et pourtant bien vivante légende du Bayern Munich, Uli Hoeness était l'un de ceux-là.
Jadis, dieu parmi les dieux du ballon rond, « Uli » régnait avec grandeur sur son peuple de footballeurs en maillot rouge. Il embauchait et débauchait joueurs et entraîneurs avec une finesse de jugement qu'on disait surhumaine. Les mythes grecs nous ont appris comment les divinités s'amusent à nous balader, pauvres mortels, au gré de leurs caprices. Avec l'arrivée d'Uli Hoeness à la tête du club bavarois, les indomptables de l'Allianz Arena n'ont plus jamais perdu un seul match d'importance. Lui portait sur le petit monde du foot un regard amusé. Joueur, il raflait déjà tous les titres. Patron du FC Bayern, il continuait son sans-faute. « Uli » n'aimait pas qu'on lui rappelle sa condition de mortel, qu'il s'évertuait d'ailleurs à faire oublier.
Descente du paradis fiscal
Ces jours-ci, le Bayern vit un véritable « crépuscule des Dieux ». Hoeness quitte ses fonctions de président du club, avec effet immédiat. Il a dissimulé, au bas mot, 120 millions d'euros au fisc allemand.
Cet argent, Uli Hoeness l'avait gagné dans le commerce de la saucisse, puis l'avait investi en bourse, le plus souvent en omettant de le déclarer. Les dividendes furent enfouis sous les vertes prairies du paradis fiscal helvète. La langue allemande parle d'« oasis fiscale », où tout n'est que luxuriance et abondance, luxe, calme et volupté. Nichées au milieu d'infinies étendues de sable, elles font s'évaporer l'argent accumulé, avec l'aide du dieu soleil. Uli Hoeness s'est rendu compte trop tard que son oasis n'était qu'un mirage. La fiscalité allemande et sa législation sur les hauts revenus lui est restée étrangère. Vulgairement parlant, il n'a pas payé ses impôts.
Cette oasis, que les Français ou les Polonais appellent « paradis fiscal », Uli n'aura plus le loisir de la connaître. Le paradis, c'est fini : le voici désormais dans l'ombre, et pas celle d'un dattier. En plus, il n'aura même pas de télé pour suivre les matchs.
Translated from Uli Hoeneß und die Verbannung aus dem Paradies