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Ukraine : la rue réclame l’ingérence de l’Occident

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La corruption et l’autoritarisme de l’ancien régime ukrainien ne sont pas une « diversité culturelle » slave qu’il faut respecter et préserver.

Renverser un régime ? Un jeu d’enfant. L’Ukraine du président sortant Koutchma a été un pays indépendant et corrompu depuis 14 ans et lorsque un régime est corrompu, pas besoin d’armée ou de complot international pour l’abattre : l’enthousiasme de la population et un minimum de réaction internationale sont suffisants.

L'armée occidentale qui a marché sur Kiev

Qui plus est, une armée à Kiev, il y en avait bien une. 12 000 observateurs, coordonnés par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe et un réseau d’ONG, une sorte de force d’interposition entre un peuple dans la rue à la recherche de la démocratie et une classe dirigeante qui avait fait de la violation de la légalité un instrument de pouvoir. Il s’agissait là d’une ingérence externe juste et bonne pour aider la lutte pour la défense d’un droit de l’homme historique, à savoir celui de la démocratie dans la légalité. Parce que la corruption et l’autoritarisme ne sont pas une particularité culturelle slave à respecter et préserver comme le soutient William Dufourcq dans ce dossier.

Même l’Union européenne en a pris acte, elle qui est d’habitude si lente et réticente à ce genre d’ingérences. Pour la première fois depuis la guerre en Irak, elle a travaillé de concert avec les Etats-Unis, démontrant au monde que lorsque le camps occidental est uni dans la promotion de la démocratie, il n’est nullement besoin de recourir aux armes, ni à la diplomatie pour prendre le temps. Il est fort possible que cela ne plaise pas au Président français Chirac et aux autres amis européens de Poutine, comme le Premier ministre italien Silvio Berlusconi, mais lorsque le Secrétaire d’état Colin Powell et le représentant de la politique extérieure de l’Union européenne Javier Solana travaillent de concert, ils travaillent mieux. L’Ukraine en est un exemple merveilleux.

En Ukraine, pas besoin d’une intervention armée

La « révolution orange » a fait école. Tandis que les électeurs ukrainiens couronnaient le chef de l’opposition Viktor Iouchtchenko, le 26 décembre dernier, dans la Biélorussie voisine un mouvement de jeunes commençait à planifier une série d’actions non violentes contre la dictature du tyran Lukatchenko. Mais ce n’est pas tout.

Au siège du mouvement ukrainien PORA, vrai moteur de la révolution guidée par Iouchtchenko, à deux pas du ministère des affaires étrangères ukrainien, des dizaines de jeunes d’Azerbaïdjan, du Kazakhstan et des autres républiques de l’Asie centrale ont afflué. Même le mouvement démocratique des étudiants iraniens, qui lutte contre la dictature théocratique des mollahs, a observé les évènements de Kiev et serait intéressé par un transfert de l’expérience ukrainienne en matière de lutte non violente. Voilà les « complots transnationaux » qui se répandent sous couvert de révolution non violente. Dans les cas comme celui de l’Ukraine, il suffit d’une « révolution douce » comme la révolution orange pour exporter la démocratie : faite de gens, de quelques slogans, d’une poignée de badges pour « journalistes » fait maison pour les observateurs occidentaux, de sites internet et de communication, de manifestes et d’autocollants, de caravanes en marche sur les routes gelées du plus grand pays d’Europe et d’un esprit festif.

Au siège de Pora, on ne se lasse pas de répéter : « Lorsque arrive le moment des idées, nul ne peut les arrêter ».

Ce moment était venu en Ukraine. Les Ukrainiens ont vécu le 26 décembre comme un moment de choix entre les défis relevés par la Pologne voisine avec l’adhésion à l’Union européenne et la « stabilité » du nouveau paternalisme autoritaire mis en place par Poutine. Le monde de l’entreprise a financé les mouvements d’opposition du régime. Les média, à peine libéré de l’emprise du régime ont surfé sur l’onde de nouveauté. Un pays s’est mobilisé. Tout cela, dans l’autonomie.

Mais la partie ne s’est pas terminée le 26 décembre. Si pour la nouvelle Ukraine, le défi consiste à tenir les promesses faites au pays pour lui vendre la révolution et qui attend de vrais changements, pour l’Europe il s’agit de soutenir ce processus et de récompenser l’exception ukrainienne par un statut exceptionnel qui tende à l’ouverture de négociations en vue d’une adhésion à l’Union. Ce serait un bon signe pour relancer la poussée démocratique en Europe de l’est. Pour l’Europe actuelle, le mirage de l’adhésion est le véritable moteur de changement. Et si Kiev a choisi l’Europe, pourquoi l’Europe devrait elle rejeter Kiev ?

Translated from Ucraina: la piazza chiede l’ingerenza dell’Occidente