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UE : le déficit se creuse

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Hausse de l’euro, crise financière mondiale, perte de compétitivité… Les temps sont durs pour l’Europe. Les chiffres publiés récemment par Eurostat le rappellent. Entre déclin et changement d’époque.

Un déficit commercial de 33 milliards d’euros pour le seul mois de mars, c’est 18 % de plus qu’en mars 2007 : du jamais vu ! Mais tout n’est pas si noir pour l’Europe, comme du côté des services et des investissements qui marchent fort.

Consommer ou épargner, pourquoi choisir ?

Première raison du déficit commercial : la Chine. Les Européens l’adorent, ou plutôt, ils adorent ce qu’elle leur vend : premier pays d’importations, l’UE lui a acheté pas moins de 231 milliards de produits en 2007, 19 % de plus qu’en 2006. Mais, en retour, l’Union ne lui vend pas assez pour rester à l’équilibre et les chiffres voient rouge.

Foto, Davic/flickrMalgré tout, l’Europe résiste bien a la crise financière : elle commerce beaucoup avec la Russie (+ 23 %) et de plus en plus avec le Brésil (+ 21 %) et l’Inde (+ 20 %), de quoi faire rentrer beaucoup d’argent. Mais, avec les Etats-Unis, pourtant premier partenaire commercial de l’UE, ce n’est pas aussi rose... (- 3 % en 2007 par rapport à 2006)

Une facture énergétique qui fait mal

L’autre problème de l’UE, c’est qu’elle n’a pas de pétrole et qu’elle doit en importer : 230 milliards d’euros rien qu’en 2007 ! Heureusement, la hausse du prix du pétrole a été en partie masquée par celle de l’Euro. Mais, l’équation magique ne tiendra pas éternellement, et le jour où il faudra payer le baril à prix comptant, cela fera mal.

Mais pas pour tout le monde. Il y a de fortes disparités en Europe qui ressemblent à des injustices : l’Allemagne a fait rentrer 195 milliards quand l’Espagne et le Royaume-Uni en ont fait perdre...229 ! Les industries allemandes, qui font dans le haut de gamme, souffrent peu de l’euro fort et restent les premiers exportateurs mondiaux, alors que tous les autres, sauf les Pays-Bas, sont déficitaires.

Des services qui sauvent la mise

Attention aux simplifications, car le déficit commercial ne regarde que les marchandises, et pas les services ni l’investissement : la finance a rapporte 160 milliards au Royaume-Uni et le tourisme presque autant à la France. En regardant la balance courante, les choses s’inversent : l’Allemagne ne produit pas assez de services quand le Royaume-Uni en a trop ! Pour une économie de services, un déficit commercial n’est pas très grave tant que l’argent rentre par ailleurs.

Et ces derniers temps, avec les « turbulences » financières, les investissements ont traversé l’Atlantique, attirés par les taux élevés de la Banque centrale européenne (BCE) et la meilleure santé de l’économie. L’argent rentre à flot dans l’UE, non pour acheter, mais pour investir, personne ne s’en plaindra. Mais, malheureusement, pas assez. On est loin des dettes abyssales des Etats-Unis, mais dans le rouge quand même.

Déclin industriel ? Nouvelle économie ? Un entre-deux trompeur

La concurrence internationale est cependant de plus en plus rude et l’Union européenne ne cesse de perdre des parts de marchés. Des coûts trop élevés ? Un manque de productivité ? Trop peu de nouvelles technologies ? Les raisons sont multiples, et il y a un peu de tout cela. La stratégie de Lisbonne voulait remédier à ce problème, mais cela n’a pas vraiment marché.

Du coup, l’UE se maintient plutôt qu’elle ne va de l’avant. Car elle n’est plus tout a fait une économie industrielle, et son déficit commercial n’est donc plus aussi important, mais elle n’est pas non plus une économie de services, particulièrement dans les nouvelles technologies ou les Etats-Unis la devancent, et son déficit courant est inquiétant. Mais, les choses vont très vite en finance, et un déficit un jour peut être un excédent le lendemain. Alors l’important, c’est d’être vigilant.