Triste au revoir aux représentations diplomatiques officielles de deux Etats membres de l’Union Européenne
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Pauline PanchoutLe 25 septembre 2014, les citoyens désireux de maintenir les relations diplomatiques et culturelles entre la Hongrie et l’Estonie se sont rassemblés devant l’ambassade estonienne à Budapest ainsi qu’à Tallinn, devant l’ambassade de Hongrie.
Ce rassemblement était un adieu symbolique. En juillet dernier, la Hongrie annonçait sa décision de fermer ses ambassades dans deux autres Etats membres de l’Union Européenne, l’Estonie et Chypre, avant la mi-septembre. Beaucoup ont été choqués et surpris par cette décision imprévisible. Comme on pouvait s’y attendre, l’Estonie, qui s’est sentie offensée par cette décision, a en retour annoncé qu’elle fermerait son ambassade à Budapest.
En réponse, des gens se sont rassemblés devant les ambassades pour adresser un au revoir solennel et prendre conscience de la signification de ces fermetures. En fond sonore on pouvait entendre des chansons en hongrois et en estonien.
La Hongrie et l’Estonie ne sont pourtant pas seulement des membres de l’Union Européenne et de l’OTAN, ils sont aussi tous deux finno-ougriens. Le finnois, l’estonien et le hongrois appartiennent en effet à la même famille linguistique. Ce sont également les seules langues finno-ougriennes ayant des Etats-nations qui leurs correspondent. Ces liens linguistiques sont à l’origine de l’activité et de la dynamique culturelle qui existent entre ces trois pays.
« Beaucoup d’intellectuels, de professeurs d’université, d’universitaires et toute personne concernée par les relations hongro-estoniennes se sont dits profondément touchés par la nouvelle de ces fermetures d’ambassades », a commenté Virág Mária Márkus. L’Institut Estonien en Hongrie, où elle travaille, dispose de deux employés habitués à organiser des événements culturels. Ils risquent aujourd’hui de voir de plus en plus de gens venir chercher de l’assistance auprès d’eux.
Selon Virág Mária Márkus, il revient maintenant aux gens l’honneur et la responsabilité de perpétuer les liens existants entre les deux pays. Continuer à faire vivre ces liens sans aucune représentation diplomatique officielle sera une tâche sans doute difficile mais nécessaire et admirable.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, elle ajoute que les relations entre l’Estonie et la Hongrie se sont multipliées ces dernières années : « C’est le cas par exemple dans des domaines tels que la littérature, l’architecture, le design ou encore la musique. Il y a un véritable va-et-vient entre ces deux pays. Je crois que la fermeture des ambassades a remis en avant cette parenté linguistique et il ne fait aucun doute que ces liens sont aujourd’hui présents dans l’esprit et le cœur des gens. »
Les raisons officiellement données par la Hongrie pour justifier la fermeture sont essentiellement de nature économique. Il ne devrait donc y avoir aucun changement dans les relations avec l’Estonie. Malgré tout, le fait de fermer ses ambassades en Estonie et à Chypre alors que d’autres sont en passe d’être ouvertes en Mongolie et en Equateur (à partir de janvier 2015) constitue un choix politique assez curieux.
Il revient à chacun de mesurer les conséquences d’une telle action entre deux Etats de l’Union Européenne. Dans l’esprit des habitants, les deux pays devraient être amis et alliés sur tous les plans, aussi bien culturel que politique.
Dans la presse estonienne, certains expriment leurs espoirs de voir cette décision être un jour révoquée, mais cela ne semble pas être à l’ordre du jour pour le moment.
Translated from A sad goodbye to official diplomatic representations between two EU member states