Transition verte : occasion manquée en Belgique ?
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Les bénéfices d’intégrer d’avantage d’énergies « vertes » dans le mix énergétique total des pays de l’UE ne cessent d’être vantés par les décideurs européens. Le momentum semble être bien là et les États membres sont attendus au tournant. Et pourtant, la Belgique semble encore un peu à la traîne. Arrêt sur image.
24 millions. C'est le nombre de nouveaux emplois qui seraient créés si la production d'énergies renouvelables doublait mondialement et sur les 15 prochaines années. Selon une étude de l’Agence internationale de l'énergie renouvelable (IRENA) publiée en janvier 2016, doubler la production de ce type d’énergies permettrait aussi d’augmenter le PIB mondial de 0,6 à 1,1 % d’ici 2030. Mais qu’en est-il au niveau belge ? cafébabel vous dit pourquoi la Belgique traîne encore.
Respecter les engagements énergétiques européens pour récolter les bénéfices
Pour satisfaire ses besoins énergétiques, chaque pays utilise dans des proportions différentes les énergies dont il dispose : c’est ce qu’on appelle le mix énergétique. Actuellement en Belgique, les énergies « vertes », comme l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique, représentent environ 7,10 % de sa consommation finale d’énergie. Elles devraient atteindre 13 % en 2020 afin de répondre aux exigences européennes. Mais d’après les prévisions effectuées en 2015 par le Bureau fédéral du Plan belge (BFP), ce taux s’élèverait à 10 % au lieu des 13 % d’énergies renouvelables fixées pour 2020, à politique inchangée.
Pourtant, les bénéfices liés à une plus forte intégration d’énergies renouvelables dans le mix énergétique total de chacun des États membres semblent bien réels : réduction de la facture des importations énergétiques, augmentation du nombre d’emplois dans ce domaine et stabilisation, voire réduction des factures d’électricité pour le consommateur. Des arguments vendeurs au moins d’un point de vue économique, et c’est sans compter les avantages environnementaux évidents que l’on sait pouvoir en tirer.
Moins d’énergies fossiles importées et plus d'efficacité énergétique
Il faut savoir que la Belgique dépend à hauteur de 94 % de ses importations d’énergie, principalement de pays non européens, soit une dépense de près de 18 milliards d’euros par an, ce qui représente par ailleurs environ deux tiers du déficit de la balance commerciale belge. Dans le même temps, des prévisions effectuées par le BFP montrent que selon divers scénarios dans lesquels la part d’énergies renouvelables est considérablement augmentée (entre 39 et 45 % en 2050 selon les scénarios, ndlr), les importations d’énergie baisseraient de plus de 40 %.
Grâce à la diminution des importations d’énergies fossiles, comme le pétrole ou le charbon, 12 milliards d’euros seraient économisés en 2050, réduisant ainsi la balance commerciale belge de plus de moitié. À nous de préciser que même dans un scénario hypothétique de 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050, la Belgique devra toutefois avoir recours à des importations énergétiques, notamment en biomasse et en électricité.
La diminution des importations d’énergie fossile provient aussi de la réduction de la consommation énergétique, ou plutôt d’une meilleure efficacité énergétique, par exemple dans les bâtiments publics. Une utilisation rationnelle de l’énergie passe notamment par la réduction de la consommation des usagers et du système en général, ce qui permet aux énergies renouvelables d’améliorer leur rentabilité et facilite leur intégration technique, notamment au sein du réseau électrique.
Mais une meilleure efficacité énergétique passe aussi par un changement profond dans les habitudes de consommation des Belges, notamment via une plus grande implication dans leur gestion énergétique et leur participation au système dans son ensemble.
Vers une augmentation des emplois dans les énergies renouvelables
En 2011, en Belgique, environ 16 650 personnes travaillaient dans le domaine de l’énergie renouvelable, tous secteurs confondus. Selon les prévisions du BFP, une transition vers 100 % de renouvelable en Belgique d’ici 2050 pourrait générer jusqu’à 60 000 emplois supplémentaires.
Tout cela en n’entrainant que peu de pertes d’emplois puisque les énergies fossiles sont importées de l’étranger et que le secteur du nucléaire emploie, lui, environ 8 000 employés directement. Les emplois indirects dans l’approvisionnement, le réseau et le transport pourront être, eux, conservés et adaptés aux besoins de ces nouvelles sources d’énergie.
De plus, les investissements important nécessaires à l’augmentation de la part des énergies renouvelables, notamment dans la recherche et les grands travaux d’infrastructure et de réorganisation du marché pourront être, eux aussi, créateurs d’emplois avant même l’arrivée proprement dite des énergies vertes sur le marché.
Et la facture dans tout ça ?
La Belgique est l’un des pays européens où la facture d’électricité est la plus salée. Selon la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz (CREG), le prix final de l’électricité en Belgique a augmenté en moyenne de 44 % pour les clients domestiques entre 2007 et fin 2015. Résultat : la Belgique se retrouve avec des prix 9 % supérieurs à la moyenne de ses voisins européens.
Toutefois, on peut espérer une stabilisation à moyen terme des factures pour les ménages : ces prévisions montrent qu’à scénario similaire à celui actuel, et sans mesures spécifiques, le prix de l’électricité pour les ménages continuera de croître et ne se stabilisera qu’autour de 2030 à un peu moins de 200 euros/MWh (Megawatt par heure), taxes incluses. Et contrairement à ce qu'on peut penser, les énergies renouvelables peuvent limiter cette hausse, vu que les investissements qui sont liés à leur déploiement seront amortis.
Il est évident cela dit qu’une telle transition énergétique en Belgique représentera des investissements conséquents : 50 milliards d’euros sur la période 2001-2050, soit l’équivalent des subsides belges pour les énergies fossiles entre 1950 et 2025.
A new deal for energy consumers - European Parliament
Reste à savoir également si les politiques énergétiques belges seront assez ambitieuses pour percevoir les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux à long terme de tels changements, et si ceux-ci seront communiqués aux consommateurs avec pédagogie, afin qu’ils puissent eux aussi participer activement à la transition énergétique et en bénéficier pleinement, à leur échelle.
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Cet article a été rédigé dans le cadre du partenariat de cafébabel avec la Semaine européenne de l'énergie durable.
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