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Traité VS Gordon Brown : référendum ou pas ?

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Politique

Assailli de toutes parts, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, continue de résister à la pression d’organiser un référendum sur le traité constitutionnel européen.

« Ce traité est important, monsieur le Premier ministre, soyez donc hardi et laissez le peuple britannique avoir le dernier mot ». Les mots sont de Margaret Thatcher, inoubliable Dame de Fer britannique dans les années 80, qui a finalement été l’une des dernières personnalités à rejoindre le camp des pro-référendum.

Mais c’est la campagne en faveur d’une consultation populaire, lancée le 6 septembre par des députés de tous bords, qui a mis le feu aux poudres. «Durant les prochains mois, nous allons accroître la pression sur le gouvernement, afin qu’il tienne la promesse de tenir un referendum sur le traité constitutionnel», a déclaré Derek Scott, ancien conseiller économique de Tony Blair et chef de la campagne.

Derrière cet appel à la démocratie, la campagne menée par les parlementaires, à grand renfort de spots publicitaires et de conférences médiatiques, s’oriente davantage vers le refus d’un traité, censé donner plus de pouvoir à Bruxelles et donc amoindrir l’influence britannique.

Les syndicats inquiets

Lors du congrès annuel de la conféderation syndicale Trades Union Congress (TUC) - qui représente 6 millions de travailleurs- à la mi-septembre, les syndicats ont carrèment voté une motion du censure du gouvernement et rejoint les défenseurs du référendum. Mais s’ils refusent le texte, c’est pour une toute autre raison. « Nous sommes inquiets des conséquences de ce traité sur l’Europe sociale », a par exemple déclaré Derak Simpson, secrétaire général de ‘UNITE’, le plus important syndicat du pays.

Dans la ligne de mire des syndicalistes, un protocole spécifique au Royaume-Uni qui interdit au gouvernement d’implanter les directives de la Charte des droits fondamentaux, pourtant signée par le pays il y a 7 ans lors du Sommet de Nice. « Pas question de traiter les Britanniques comme des travailleurs de seconde zone!, s’exclament les syndicats, qui ont déjà mis en garde Gordon Brown. En clair, cette attitude pourrait lui coûter cher lors des prochaines élections...

Les conservateurs anti-européens

« Le prochain gouvernement conservateur amendera la législation, de manière à ce que tout transfert de compétences de la Grande-Bretagne à l’Union européenne soit soumis a un référendum national », a d’ores et déjà prévenu William Hague, le ministre des Affaires étrangères de l’opposition, lors du Congrès des Tories début octobre.

Le support que les conservateurs portent à l’idée d’organiser un référendum relève tout autant de la volonté politique de défaire Gordon Brown que de faire preuve d’hostilité à l’égard d’une union supranationale qui minore le pouvoir du pays.

Avec sur le dos les syndicats, les conservateurs, des députés du parti des libéraux-démocrates, les ‘Lib Dem’, ainsi que du Labour lui-même, les quotidiens nationaux et la majeure partie de la population -deux tiers des Britanniques estiment que le traité européen doit etre soumis à un référendum, selon un sondage de YouGov-, le Premier Ministre britannique s’obstine à préférer la solution parlementaire pour ratifier ce traité. Parmi ses arguments : le fait que la version initiale a été considerablement modifiée.

Dans un Etat qui brille par son euroscepticisme, le ‘non’ probable qui émergerait d’un éventuel référendum mettrait Brown, non seulement en grande difficulté sur le plan politique, mais perturberait aussi un processus d’intégration européenne essoufflé.