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Tous en scène !!

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Bruxelles

Bruxelles by Elisa Longobardi

16h30 : Angela Merkel arrive enfin. Elle s’installe à l’intérieur, devant l’entrée principale, au bout du couloir qui emmènera les Chefs d’états vers la salle réservée au Sommet européen. Près d´un quart d’heure plus tard les premières voitures présidentielles arrivent.

Il y en a peu qui s’arrêtent devant les journalistes coincés les uns contre les autres à la recherche d’une déclaration.

18h00 : Les briefings pour les journalistes, par pays, commencent et finalement on reçoit quelques informations, toujours non officielles, mais quand même un peu plus ciblées.

19h00 : 1ère Conférence de presse. C´est le Président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering qui s´y colle. Les questions posées par les journalistes au Président reflètent les inconnues majeures résultant pourtant de géométries depuis longtemps connues.

poettering.jpgLa Pologne va-t-elle poser son veto, posant le risque de briser l´élan du processus de concertation? Chaque pays sera-il prêt à négocier et, jusqu’à quel point, ses lignes rouges? Sortira-t-on de ce sommet plus uni qu'avant ou, au contraire, risque-t-on de voir réapparaître des lignes de fracture, Royaume-Uni, Pologne, Pays Bas et la République Tchèque campant sur leurs positions? Quel rôle pour la Charte des droits fondamentaux? Mentionnée, insérée en bloc, ou reléguée aux calanques grecques? Selon Pöttering, Sarkozy y serait favorable, mais les autres?

Et les symboles européens? Seront-ils définitivement éliminés du Traité Constitutionnel? Pourquoi? Ils symbolisent un pouvoir supranational, répond le Président du Parlement européen. Même histoire pour les mots 'loi' et 'ministre’: certains Etats membres n’acceptent pas qu’on les utilise dans le texte constitutionnel parce qu’ils restent associés aux pouvoirs propres d’un gouvernement et cela signifierait alors investir l’Europe d’un pouvoir en concurrence avec la souveraineté de ses Etats membres. Pour quelle raison l’identité nationale devrait-elle se sentir menacée par un drapeau? Je m’interroge… Soudain, grâce à ce tout petit détail, j’oublie le bruit des grands discours et des mots compliqués et je comprends pourquoi ce sommet ne sera pas comme les autres, pourquoi la discussion sur le futur Traité constitutionnel est encore en cours.

L'importance historique de cet événement politique, de son déroulement et de ses possibles résultats, dépendra de plusieurs facteurs. L'inquiétude exprimée par certains politiciens ces jours passés quant à un possible échec trahit l´importance des enjeux des discussions de ces deux jours. En jeux, tout d´abord, la crédibilité de la présidence allemande et de ses capacités de médiation avec les eurosceptiques. Angela Merkel souhaiterait évidemment achever son mandat de Présidente du Conseil sur un dernier succès significatif sur le plan diplomatique et politique. Surtout, on risque de sortir de ce sommet moins uni qu'avant; et ça c'est le vrai paradoxe. Les discussions en cours pourraient menacer les fragiles équilibres entre Etats membres. Pourtant, ce sommet est censé être centré sur la recherche d'un accord qui permettra de poursuivre le projet constitutionnel.

Il est désormais 21h30 et les discussions battent leurs pleins. On estime que les premières déclarations seront données vers minuit. Mais il faudra surement attendre demain pour savoir si la Présidence sortante aura su concerter les différentes voix et absorber les majeurs obstacles à la réalisation d'un accord. Et moi, je vais me coucher… les discussions attendront demain !

Elisa Longobardi