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Tous égaux devant la loi, histoires de bavures en uniforme. Le cas Nagem Hatab

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Un cas singulier d'homicide commis par des hommes en uniforme. Cela concerne toujours les Etats-Unis mais le contexte est différent: les faits se déroulent en Irak pendant la guerre contre Saddam. La victime: un irakien, quant aux uniformes il s'agit de ceux de l'armée américaine. 

Le nom de Nagem Hatab est relié de manière indissoluble aux faits qui ont canalisé l'attention du monde entier, à savoir la guerre en Irak contre Saddam Hussein commencée en 2003 par une coalition internationale dirigée par les forces armées des Etats-Unis.

Les faits

Nagem, en effet, était un citoyen irakien de 52 ans qui fut arrêté dans un bazar alors qu'il tentait de vendre un fusil M16 provenant de l'armée américaine.  Le numéro de série présent sur l'arme a révélé qu'elle appartenait au soldat Jessica Lynch, blessée et capturée le 23 Mars 2003 par des forces d'assaut irakiennes et libérée presque 10 jours plus tard. A cause de cela, le corps des Marines retint comme plausible l'éventuelle complicité de Hatab dans l'enlèvement de Jessica Lynch, considérant qu'il était membre du parti Ba'ath dont Saddam Hussein était le chef. Ce fut la raison pour laquelle Nagem fut arrêté et mis sous la surveillance des autorités militaires américaines du centre de détention Camp Whitehorse. Il n'y resta que quelques jours : après avoir été interrogé par un agent des renseignements militaires, on le laissa mourir de faim.

Les tortures et la mort

Les jours qui ont précédé sa mort, Hatab avait été vu dans des conditions de santé précaires, avec beaucoup de difficultés à se tenir debout : il était tombé sur un rouleau de barbelés, s'était relevé visiblement étourdi et avait complètement perdu le contrôle de ses organes intestinaux, ses vêtements étant recouverts d'excréments. Le médecin de la prison constata aussi que Nagem avait fait une petite crise cardiaque, mais il en conclut qu'il avait pu feindre un malaise dans l'espoir de sortir de prison. Cependant, aucune assistance médicale ne fut fournie au prisonnier, au contraire, ses rations de nourriture furent réduites et insuffisantes. De plus, le commandant Clarke Paulus ordonna au caporal Christian Hernandez de conduire Nagem hors de la prison où il était détenu pour le laver. L'officier fit déshabiller Nagem, brula ses vêtements et le laissa dehors, attaché à un poteau, de manière à lui empêcher de salir les vêtements des autres détenus. On l'abandonna là dans le désert, nu et inerte, sous un soleil de plomb et dans des conditions déjà alarmantes.

A minuit les soldats se rendirent compte que son corps gisait sans vie. L'autopsie du corps de Hatab conclut qu'il était mort de la fracture de l'os hyoïde, un petit os logé sous le larynx, qui en avait causé l'asphyxie. En outre, on releva la fracture de six côtes et un traumatisme par contusion au dos de ses jambes. Cet élément fit inévitablement retomber les suspicions sur le caporal Hernandez, puisque le commandant Paulus lui ordonna de trainer le corps de Nagem par le cou. Une enquête fut ouverte pour la mort du prisonnier irakien qui impliqua neuf marines, pour la mort et les violences perpétrées contre Nagem, seulement deux passèrent en cour martiale, le Sergent Pittman et le commandant Clarke Paulus. Le caporal Hernandez, lui, profita de la protection du général James Mattis qui fit tomber toute accusation envers lui.

Le procès

Quand le procès fut ouvert, certains témoignages arrivèrent de la bouche de certains soldats qui avaient étés en service à Camp Whitehorse. L'ancien caporal William Roy, qui fut ensuite dégradé, affirma que le sergent Pittman avait roué de coups de pied (sur la poitrine) Nagem Hatab. Un autre affirma que le commandant Paulus nourrissait un mépris personnel pour le prisonnier, tant et si bien qu'il ne se préoccupait pas le moins du monde de ses conditions de santé visiblement problématiques. «Il s'en moquait, tout simplement, il s'en moquait», témoigna le commandant Leon Francis. «Pour lui, cet homme recevait ce qu'il méritait», en conclut l'officier lors de sa déposition. Entretemps les échantillons de fluides corporels de Nagem, qui avaient été conservés dans des conteneurs de glace pour garder intacte leur valeur, disparurent dans un mystérieux «incident» : ils devaient être envoyés en Allemagne pour être analysés, mais ils furent laissés exposés à la chaleur du soleil pendant des heures sur la piste de la base aérienne de Tallil jusqu'à exploser.

Le verdict

Fin 2004, le verdict tomba pour les deux militaires : il établit une condamnation pour non observation des devoirs, abus et mauvais traitements sur les prisonniers, mais une absolution totale pour ce qui était de l'accusation d'homicide volontaire. Par conséquent, le commandant Paulus a été éloigné du service et le sergent Pittman a été dégradé, se voyant commissionné soixante jours de travaux forcés. Si les deux avaient étés condamnés pour homicide, c'est-à-dire que l'on leur ai reconnu une responsabilité directe dans la mort de Nagem, ils auraient du affronter le congé avec déshonneur et au moins deux ans de réclusion. Mais cela n'est pas arrivé, comme il était facile d'envisager. Concrètement, on ne leur reconnaît que la faute d'avoir maltraité les prisonniers de Camp Whitehorse, dont Nagem Hatab, sans pour autant leur reconnaître la responsabilité de son décès car il n'y avait pas la complète certitude que leur action en ait causé la mort. Un peu comme si un pyromane, après avoir causé le déboisement d'une foret entière par le feu, n'était pas condamné car il pourrait toujours soutenir que c'est de la faute soit à attribuer à la sècheresse des sols, à la température ou au manque de pluie ce jour là. Personne n'hésiterait à considérer ridicule une telle défense, pourtant à ce qu'il paraît, avec un uniforme, tout est possible.

Translated from La legge è uguale per (quasi) tutti, storie di omicidi in divisa. Il caso di Nagem Hatab