Tournoi 2008 ou l’éloge de la patience
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Il y a des défaites qui vous font bouillir de rage, des revers de fortune qui vous ferait renier Dieu et Diable. Lorsque l’attente est importante, que l’enjeu est majeur, et que votre équipe chérie perd sans la manière.
Le Tournoi des 6 Nations 2008, qui vit la France se classer troisième avec deux défaites, ne saurait faire naître en moi cette envie « d’aller à (l’Elysée) la Fédé brûler les vieux ».
Les questions soulevées par ce Tournoi, les frustrations nées de ces cinq rencontres sont pourtant bien réelles : manque de joueurs d’envergure internationale en première ligne, conquête limitée voire meurtrie, alternance trop rare pour déstabiliser les défenses, etc.
Les motifs d’espoir ne manquent pas non plus. Le projet de jeu de l’équipe Lièvremont correspond à la philosophie française du rugby, qui veut du mouvement, des passes, des essais de trois-quarts. Les joueurs adhèrent à ce discours et leur plaisir sur le terrain n’est pas simulé.
De nouveaux talents émergent, avec Ouedraogo qui vient renforcer en troisième ligne un effectif français déjà fourni ; avec Picamoles qui avec plus d’expérience incarnera sans doute l’avenir en numéro 8 ; avec Trinh-Duc qui fera un très bon demi d’ouverture si les petits cochons ne le mangent pas ; avec Floch qui vient remplir un vide à l’arrière ; avec Malzieu qui ajoute son talent à ceux de nos vaillants ailiers ; avec Barcella qui ne s’est pas mal tenu en pilier gauche pour ses débuts internationaux face à Castrogiovanni ; avec Parra qui a étonné en demi de mêlée.
Et l’on se dit finalement que ces jeunes, s’ils n’ont pas éclaboussé de leur talent les matchs auxquels ils ont pris part, ont réalisé des premiers pas sérieux voire prometteurs, et qu’ils ont pris au cours de ce Tournoi ce que leurs dons ne leur ont pas offert au berceau : de l’expérience. Après tout, les premiers pas internationaux de Sella, Benazzi, Califano, et Lamaison ne se sont pas déroulés autrement.
Les victoires à venir se nourrissent de vécu en commun, d’après-midis passés à lutter ensemble, d’échecs partagés. La mêlée redeviendra conquérante lorsque ces nouveaux Bleus qui viennent de prendre la relève auront assez poussé ensemble. Lorsqu’ils auront acquis les techniques – et les vices – des joueurs plus expérimentés.
Ce Tournoi 2008 n’est pas un échec. L’équipe de France est en recomposition, et Lièvremont a fait le meilleur choix en lançant aujourd’hui dans le grand bain les espoirs du vivier rugbystique tricolore. C’est l’unique manière de les voir prendre de l’envergure dans les années à venir. « Il faut laisser du temps au temps ».
Voila, j’ai cité NTM en introduction et Mitterrand en conclusion, il est temps de fermer.