Tiken Jah Fakoly : «La voix du peuple doit être respectée !»
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Visite parisienne du chanteur ivoirien engagé Tiken Jah Fakoly. L’occasion d’annoncer une semaine africaine et solidaire en juin, mois de son concert à Bercy, mais surtout d’évoquer l’écho de la lutte du peuple tunisien sur le reste du continent africain.
Tiken Jah Fakoly est un chanteur de reggae surtout connu par l’engagement politique de ses chansons. Ses prises de position lui ont déjà coûté l’exil de sa Côte d’Ivoire natale, mais il continue sa voie de porte-parole des jeunes africains. Dans son dernier album African Revolution, il bouscule les codes du reggae jamaïcain en ajoutant plus de sonorités africaines et pointe l’importance de l’éducation. Et comme si son engagement musical ne suffisait pas, Tiken Jah Fakoly se consacre également au projet « Un concert, une école » : les recettes de certains de ses concerts en France permettent de construire des écoles en Afrique.
L'appel du 18 juin
Arrivé hier dans la capitale française, à la veille d’une tournée qui le mènera jusqu’à Bercy le 18 juin prochain en clôture de la semaine Africaine et Solidaire à Paris, Tiken Jah Fakoly en profite pour livrer un cours de sciences politiques de l’Afrique contemporaine. « La semaine africaine et solidaire à Paris est une opportunité de parler de l’Afrique et de montrer le coté positif du continent. Si nous, les Africains, nous ne faisons pas ça, personne ne le fera à notre place », explique-t-il, avant d’ajouter qu’il s’agit d’un événement important dans sa carrière. De nombreux artistes monteront avec lui sur la scène de Bercy le 18 juin, entre autre la nigériane Asa et le rappeur Soprano. Autour de son concert, une semaine dédiée à l'Afrique sera organisée en partenariat avec le Musée du Quai Branly, MK2 et France Inter. Une exposition de photos, des projections de films africains et l'installation d'une boutique éphémère et solidaire sont prévus, ainsi que diverses rencontres et débats.
Cher peuple ivoirien
Toujours mobilisé pour la cause africaine, Tiken Jah lance devant le parterre de journalistes qu’« après des siècles d’esclavage et de colonisation, cela fait juste 50 ans que nous sommes indépendants. Mais nous n’avons reçu qu’une photocopie de l’indépendance et aujourd’hui on veut récupérer l’original, être indépendant aussi sur le plan politique et économique. L’indépendance, elle, ne se donne pas, elle s’arrache. » Attaché à l’idée que l’éducation est la base du développement, il reverse régulièrement les recettes de ses concerts aux constructions d’écoles en Afrique : « Seul les gens éduqués peuvent se rendre compte de leurs droits. »
Le chanteur ivoirien, qui vit exilé au Mali depuis 2003 après avoir reçu des menaces de mort, n’a pas manqué l’opportunité de parler de la situation actuelle dans son pays natal. « Pour la première fois en Côte d’Ivoire autour des élections, il y avait un débat télévisé, et les partis politiques ont présenté leurs programmes. Les gens voulaient faire des changements et pour cette raison le taux de participation au premier tour des élections a été très élevé. Malheureusement, la situation a mal tourné. Je veux juste passer le message qu’il faut absolument que la voix du peuple soit respectée. »
Cher peuple tunisien
« En Afrique les gens aiment à dire que Dieu est grand et que ça va aller. Mais moi je dis que Dieu est très occupé et si on veut qu’il nous aide, il faut d’abord qu’on s’aide nous même », dit Tiken Jah avant de conclure : « En Tunisie, le peuple a réussi son combat, mais si l’Afrique veut faire la même chose, il faut dépasser les questions ethniques et religieuses. »
Tiken Jah Fakoly en concert le 18 juin à Paris Bercy. La semaine Africaine et Solidaire aura lieu du 13 au 18 juin dans plusieurs lieux culturels - Musée du quai Branly, MK2, maison de la radio.
Photos : Une + tableau d'école : courtoisie de Tiken Jah Fakoly/tikenjahfakoly.artiste.universalmusic.fr/www/ ; Tiken Jah Fakoly : ©Sladjana Perkovic