Théâtre : le monstre Josef Fritzl sur un plateau
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anne fargeasLe procès du père incestueux originaire d’Amstetten débutera le 16 mars. Avant que le vrai monstre fasse la Une des journaux, un metteur en scène viennois a réussi un coup de maître : mener ce fait de société sur les planches… et faire parler de théâtre pour changer !
Un phénomène incroyable. Le metteur-en-scène Huber « Hubsi » Kramar, seulement connu dans le milieu du théâtre expérimental, n’aurait normalement pas dû faire les gros titres des quotidiens autrichiens. Surtout ceux du Kronen Zeitung, le journal le plus puissant du pays. « La couronne » comme on l’appelle, et ses principes fondamentaux (prix abordable, format pratique et faits divers), mesure quotidiennement l’humeur du pays. Le thème de la société patriarcale et les mécanismes qui font de certains hommes, comme Josef Fritzl, des monstres remplissent actuellement ses colonnes.
Derrière chacun de nous se cache une once de monstruosité à la Fritzl, même bien enfouie au fond de l’âme, affirme l’artiste. Grâce aux scènes improvisées sur le thème de l’inceste et de la violence familiale de sa pièce de théâtre intitulée Pension F., le metteur en scène Hubsi Kramar crée le trouble. Pourtant, les artistes sont souvent la cible des journalistes de la Couronne qui n’apprécient guère les « étudiés », c’est-à-dire les personnes diplômées (on ne sera pas surpris, soit dit en passant, de découvrir qu’une étude de l’OCDE a révélé en 2004 que seulement 20 % des jeunes Autrichiens se lancent dans des études supérieures – contre 32 % en moyenne dans le monde).
Critiques assassines
Pour faire bref : les formes de représentations artistiques en dehors de la culture « reconnue » qui osent proposer des expérimentations et autres improvisations, sont souvent l’objet des critiques acerbes de la presse, couronnée ou non. On pense par exemple au peintre et performeur Hermann Nitsch qui a reçu pour son anniversaire un livre qui liste de manière exhaustive les critiques à son égard ; ou à l’ancienne prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek, l’ancien directeur du théâtre de Vienne Klaus Peymann ou encore l’écrivain Thomas Bernhard, qui ont tous pu se faire descendre par la Couronne.
« Heureux celui qui oublie ce que l’on ne peut pas changer ». Grâce à cette citation tirée de l’opérette de Strauss, la psychologue Erwin Ringl qui est l’auteur du livre L’âme autrichienne décrit ce qu’aurait du être l’hymne national autrichien. Le cas Fritzl, par exemple, a été bombardé à la Une très rapidement après l’annonce du procès. Probablement disparaitra-t-il aussi vite… Comme, d’ailleurs, les expériences théâtrales qui exhortent le public à fuir la médiocrité du paysage médiatique autrichien. Enfin… pour une fois, le petit pays a aussi attiré les caméras du monde entier. Elles reviendront peut être l’année prochaine, cette fois pour célébrer l’année d’Haydn !
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Translated from Mit dem Fall 'Fritzl' schafft es die Alpenrepublik weltweit in die Schlagzeilen