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The Summer Of Sangaïle : la grâce à l'état pur

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CultureCiné Babel

Ce sera un des films de l'été 2015. Prix de la mise en scène au festival de Sundance, ce long-métrage lituanien sort en France le 29 juillet prochain sous le titre Summer. Nous l'avons vu pour vous en avant-première. 

Atlanté Kavaïté, réalisatrice lituanienne expatriée depuis une vingtaine d'années en France, nous livre un film touchant sur son pays d'origine. Elle en dépeint la beauté des paysages de Lituanie en été via une photographie éthérée et une scénographie rurale qui donne envie de réserver le prochain vol pour Vilnius. Elle en décrit l'obsession d'un peuple pour le ciel et l'aviation, tout son imaginaire qui se traduit par un film aérien en tout : des envies d'ascension du personnage principal qui grimpe aux arbres et aux grus, jusqu'aux costumes « flottants » et légers des actrices. 

L'histoire est celle, initiatique, de Sangaïlé, adolescente mal dans sa peau qui passe un été à la campagne avec ses parents et rêve de devenir pilote de l'air. Sur une base aéronautique, elle rencontre Auste, une jeune femme qui va changer sa vie. Il lui faudra alors dépasser ses peurs : celles du sentiment et celle des airs. Car tout ce qui l'attire le plus semble aussi lui causer les plus grandes frayeurs. 

Il faut ensuite souligner le jeu impeccable des actrices. Kavaïté elle-même avoue les avoir choisies, en partie pour leur symétrie corporelle, très visible lors de la première séquence de baignade au lac. Des corps encore adolescents : l'un plus arrondi, l'autre plus sec. Julija Steponaityte - au physique heroin chic et qui incarne Sangaïlé - n'est pas una actrice professionnelle mais fut dénichée via un court-métrage dans lequel elle avait joué. Tout son magnétisme tourne autour de ses changements de regard. Car c'est bien de regard dont il est question : celui que l'adolescente porte sur la vie, et celui de l'autre, qui l'amènera à se transformer de chenille en papillon. Aiste Dirziute prête ses traits et ses faux airs de Romy Schneider, au personnage extraverti et aimant d'Auste. On leur souhaite de devenir les nouvelles gloires du cinéma européen.

Lorsqu'on lui parle de «film LGBT», Kavaïté parle certes des 25 ans de luttes qui l'ont précédé en Lituanie, mais elle ne mentionne pas dans le film l'orientation sexuelle des personnages. Si on devine le mal de vivre du personnage principal, adolescente isolée, rien n'est dévoilé quant à ses causes. Comme dans toute histoire d'amour, les mots  viennent par la suite.