Temps de chien
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Philippe-Alexandre SaulnierLe fidèle toutou n’a qu’à bien se tenir : les expressions européennes lui font la fête.
Le cheval fort rétif au dressage est unanimement considéré comme la plus noble conquête de l’homme. En revanche, le chien campant dans une attitude de soumission trop souvent proche de la servilité, incarne, pour ses détracteurs, le symbole même d’une obéissance aveugle. Quand au dehors rugit un vent à décorner les bœufs (que d’aucuns nomment « un vrai temps de chien » ou un temps « à ne pas mettre un chien dehors »), le maître ému par le regard de « chien battu » que lui renvoie son plus fidèle compagnon, n’aura soudain pas le cœur, comme disent les Polonais, de le chasser de devant la porte (« pogoda taka,źe psa by nie wygonił na zewnątrz »).
Il est connu pour être le meilleur ami de l’homme et a très bonne réputation. Un « bon chien chien », loyal et discipliné. Courageux même, pour les Allemands pour qui, vaincre son « chien porc intérieur » signifie « se dépasser » et fournir les derniers efforts nécessaires pour décrocher une médaille (« inneren Schweinehund »). Toutefois, quand il faudra faire preuve d’un peu plus d’imagination, on lui préfèrera alors la souplesse et l’esprit d’indépendance de son ennemi juré : le chat. Autant dire qu’entre les deux espèces, les points communs sont aussi rares que les sujets de frictions sont fréquents comme le laissent entendre les Polonais quand ils disent : « źyc jak pies z kotem » (« s’entendre comme chiens et chats ! ») Au gré d’un cessez-le-feu provisoire, les deux irréductibles adversaires se contenteront de s’observer mutuellement en « chiens de faïence ».
Molosse ou caniche, une vie de chien n’est donc pas toujours chose facile. Une vraie « dog’s life » pour toutou parfois même prêt à endosser le rôle de bouc émissaire comme nous le rappelle cet adage anglais : « Give a dog a bad name, and hang him ». Faute de corde pour le pendre, son équivalent français choisit l’immersion : « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Devant tant d’ingratitude, il ne reste plus au mal aimé qu’à prendre la fuite et se laisser mourir de faim. La liberté et les épreuves le rendraient-elles encore plus assujetti ? Ne le croyons pas trop vite. Sur ce point, d’ailleurs, les Italiens nous mettent en garde : « Cane affamato non teme bastone ! »« Chien affamé ne craint pas les coups ».
Translated from Auf den Hund gekommen