Témoignage : violence au nom de l’éducation en Grèce
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Sophie JanodUne Grecque nous livre son récit des émeutes. Sur fond de réforme de l’université, la jeunesse semble excédée par des conditions de vie précaires et aucun avenir sur le marché de l’emploi. En direct d’Athènes.
Le centre d’Athènes ressemble à une zone de conflit, du jamais vu depuis le retour de la démocratie en 1974. Des dizaines de magasins, de banques et de voitures sont détruits. La ville tout entière est à la merci des anarchistes. Pourquoi se sont-ils comportés ainsi pendant toutes ces années ? Pourquoi les jeunes se joignent-ils à eux pour faire entendre leurs voix ? La réponse se trouve dans les événements sociaux qui ont secoué le pays ces derniers jours.
Tout commence un samedi soir
6 décembre : un officier de police, de 37 ans, tue par balles Alexis Grigoropoulos, 15 ans, dans les quartiers de l’Exarchia lors de sa patrouille. La zone a souvent été témoin de confrontations entre les anarchistes qu’on surnomme les « connus-inconnus », et la police. Les circonstances autour de la mort de l’adolescent sont encore incertaines. L’un des deux policiers prétend que son véhicule a été attaqué par un groupe de 30 personnes. Il dit avoir donné trois coups de feu avec son arme de service en légitime défense, deux fois en l’air et une fois sur le sol. Sa version est démentie par plusieurs témoins qui disent n’avoir vu qu’un échange verbal entre deux officiers de police et un petit groupe de jeunes, arrêtés immédiatement après l’incident.
7 décembre : de nombreuses personnes (majoritairement des jeunes) manifestent devant le département général de la police d’Athènes à la mémoire de la victime. Les confrontations entre les manifestants et la police ne font qu’empirer. 8 décembre : les événements s’enchaînent et dérapent lors d’une marche et d’un rassemblement du parti communiste grec organisés à la mémoire d’Alexis. 9 décembre : les obsèques ont lieu sur la côte à Paleo Faliro, un quartier résidentiel du sud d'Athènes. Les écoles sont fermées.
Les jeunes Grecs sous les projecteurs européens
La mort de l’adolescent est l’événement déclencheur qui a provoqué la colère de toute une génération de jeunes surdiplômés, appelée la « génération des 700 euros ». Sans espoir, sans avenir, leurs diplômes ne correspondent pas aux besoins du marché de l’emploi. La tension étudiante se cristallise également sur la future réforme de l’éducation, dont les axes principaux sont la reconnaissance des droits professionnels du second cycle et la création d’établissements privés franchisés par des universités étrangères.
Si au sein de l’UE et dans une économie de marché, toutes ces nouvelles lois semblent logiques, en Grèce où un monopole d’Etat s’exerce sur l’éducation supérieure des professeurs d’université et les centres privés, rien ne semble aller de soi. La Grèce est le théâtre de nombreuses manifestations, aujourd’hui violentes. Et toute cette colère qui se transforme en rage est récupérée par les parties politiques et les syndicats. Quel dommage de voir toute l’énergie des jeunes s’envoler car la société ne s’intéresse pas à leur culture et à leur éducation, ne les encourage pas à explorer leurs rêves tout en les préparant à la vie réelle.
L'auteur de cet article est membre de cafebabel.com à Athènes, cliquezicipour lire le blog de l'équipe locale.
Translated from Greece youth: violence in the name of education